Présidentielles françaises, moments choisis vus d’Algérie.

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Salim METREF

Ne pas mettre ses œufs dans le même panier. Jamais adage n’a été aussi pertinent quant au rapport de l’Algérie à l’élection présidentielle française.

Avant d’esquisser quelques moments choisis d’une échéance électorale, il serait peut-être opportun de noter que le soutien de l’Algérie à la demande politique récente de personnalités politiques françaises en fin de mandat serait difficilement envisageable voire quasiment impossible et perçu comme tel notamment par ces nombreux pays africains qui veulent en finir une fois pour toutes avec l’interventionnisme militaire français en Afrique et qui considèrent par exemple l’interdiction signifiée par l’Algérie au survol de son territoire par des avions militaires en provenance de l’hexagone comme un marqueur de souveraineté dont il ne faudra jamais et sous aucun prétexte se démarquer.

Bien que de nombreux candidats issus de la droite française  promettent, une fois au pouvoir, de muscler la politique étrangère de leur pays, un soutien même timide à l’actuel locataire de l’Elysée qui rappelons-le osait il y a quelques semaines de cela piétiner, pour des raisons purement  politiciennes, l’histoire de l’Algérie apparaitrait comme un parti pris pour un candidat parmi tant d’autres. 

La cartographie politique actuelle de l’hexagone pourrait se résumer ainsi en cette veille électorale. Une gauche encore une fois désunie, victime de l’inexorable dérive du centre de gravité politique de l’hexagone vers la droite et qui sera encore une fois absente du second tour de l’élection présidentielle. Un bloc national divisé en deux et dont les deux figures emblématiques commencent à s’essouffler, l’une  victime sans doute de l’usure d’une dynastie et de ses échecs récurrents, l’autre parti trop tôt et trop vite et qui finira sans doute mal cette impitoyable course d’endurance. Un président encore en exercice qui finira bien lui aussi par ôter son habit de chef de l’état pour revêtir celui de président sortant et de candidat auréolé de ses succès mais aussi de ses échecs et qui ne sera peut-être pas parmi ceux qu’il affectionne particulièrement, les premières de cordée. Enfin, une femme qui fera dans doute lever une autre alternative portée par un projet rassembleur. Cette dernière vient de faire grâce à sa compétence une puissante irruption dans l’actualité politico-médiatique française, jusque-là plutôt squattée par un Eric Zemmour soutenu par une partie du complexe médiatique parisien. La présidente de la région Ile-de-France semble réussir à faire trembler les états-majors politiques, ébranler les certitudes et exploser les pronostics pour le second tour de cette élection. Ainsi entre ce que cette femme politique qualifie d’immobilisme des uns et de démagogie des autres semble s’insinuer une autre voie qu’incarnerait pour la première fois une femme.

Cette probable  perspective que nous avions prédit dans l’un de nos anciens écrits (1) aura certainement des conséquences  pour ce que sera le second tour de cette élection.

Le polémiste d’extrême droite a bien bénéficié pendant de nombreuses années de tribunes bienveillantes et autres plateaux de télévision qui ont été généreusement mis à sa disposition pour faire la promotion de ses idées extrémistes et de sa haine de l’Islam. Face à des animateurs sous hypnose, il a pu creuser son sillon. Qui se souvient de la guadeloupéenne Christelle Kelly restée muette et en extase pendant que le polémiste dissertait sans gêne sur les Blacks ou de la franco-tunisienne Sonia Mabrouk sans véritable réaction face à une Elisabeth Levy, fan d’Eric Zemmour, lui assenant en direct un vous avez une tête d’arabe.

Le candidat Zemmour qui essaye désespérément de relancer une dynamique qui semble s’essouffler pourrait se voir signifié à court terme le clap de fin d’une incarnation qualifiée par certains de ses adversaires politiques  de celle de l’idiot utile de l’extrême droite française. N’a –t-on pas entendu un intellectuel  reconnu comme Alain Minc lui reprocher d’incarner sans le savoir le rôle du juif utilisé par certains pour cogner sur les arabes ?

Bien qu’elle ne soit pas trop connue des français, l’émergence de la candidature de la présidente de la région Ile-de-France inquièterait au plus haut niveau car elle dispose d’une marge de progression importante. Et l’actuel locataire de l’Elysée qui temporise lui aussi avant d’annoncer sa candidature semble pleinement exploiter  à son profit l’exposition médiatique que lui procure sa fonction de président de la République.

Vue de ce côté-ci de la Méditerranée, la présidentielle française n’est au final qu’une histoire franco-française. L’Algérie se doit de prendre acte de tous les scénarii possibles qui pourraient se déployer à l’issue de cette élection notamment l’arrivée aux manettes de forces politiques qui se croiraient obligées d’adopter une ligne politique franchement hostile à son égard. Ce choix sera bien entendu contre-productif et sans plus-value pour tous ceux qui veulent éviter que ne soit définitivement acté le déclassement international de la France. Il serait plus sage que ces forces politiques se résolvent à concevoir et à accepter une fois pour toutes que des deux côtés de la Méditerranée existent deux entités distinctes et souveraines et que seul le respect mutuel pourrait permettre d’imaginer un futur à une relation dont la dimension humaine notamment par la présence d’une importante diaspora en France constitue un élément significatif. 

L’Algérie doit aussi impérativement  préserver son indépendance portée par un socle  d’institutions extrêmement solides au service d’un état qui ne pourra s’émanciper de l’inexorable convergence vers l’état de droit. Le Président Algérien a pertinemment suggéré l’impératif d’oublier  définitivement la séquence de la colonisation de l’Algérie. Ce dernier pays ayant après une longue guerre de libération nationale libérer le chemin de l’accomplissement de la nation algérienne millénaire jusque-là obstrué par des étrangers venus armés conquérir une terre d’Islam, riche et hospitalière, sans que personne les y ai jamais un jour invités !

  • Présidentielles françaises, les couteaux sont-ils déjà tirés ?

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