VISITE DE MACRON : RÉVÉLATRICE D’UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE ALGÉRIENNE AU SEUL SERVICE DU POUVOIR

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Abbes Hamadene

Dans le monde d’aujourd’hui, personne ne doit s’étonner de voir que la France, Les USA, la Chine, la Russie et les autres puissances soutiennent le régime dictatorial et corrompu en Algérie et dans les autres régimes autoritaristes.

La visite de Macron en Algérie vient de nous le rappeler. Après avoir qualifié le pouvoir politique algérien de « système politico-militaire », « fatigué » et « fragilisé » par le Hirak, Macron débarque en Algérie pour « bâtir l’avenir » avec de très vieux dirigeants. Macron vient cautionner, une fois de plus, un pouvoir corrompu et despotique qui mène une politique extrêmement répressive contre tout un peuple avec son lot de graves violations des droits de l’homme et de toutes les libertés publiques et individuelles.

Cela vient nous rappeler aussi l’absence de toute vision stratégique de notre politique étrangère.

ALGERIE-FRANCE : RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL

Dans les relations entre l’Algérie et la France, l’équation reste toujours la même : la France vient faire des affaires qui lui apportent des fortunes colossales et en contrepartie elle apporte un soutien actif au pouvoir militaire, notamment au niveau européen et facilite la mise en place de réseaux de corruption et de blanchiment d’argent au profit des clans qui dirigent l’Algérie.

En effet, des dizaines de hauts responsables algériens, militaires et civils ont acquis des résidences luxueuses, de villas et autres biens immobiliers de façon douteuse. Les autorités françaises n’ont jamais cherché à enquêter sur l’origine des dizaines de millions d’euros comme l’exigent les lois françaises.

De Paris, la relation avec l’Algérie est vue sous l’angle des affaires et ses intérêts géostratégiques. D’Alger, la politique avec la France est décidée en fonction des intérêts particuliers de ses dirigeants qui ignorent totalement l’intérêt public et les intérêts des Algériens.

L’exploitation de l’émotion mémorielle par le pouvoir algérien et son discours prétendument anti-français est un leurre destiné à la consommation interne. Les dirigeants algériens et leurs familles résident, étudient, voyagent, font leurs emplettes, se soignent en France. Tous les ans, ces dirigeants (généraux, ministres, diplomates, hauts cadres…) se livrent à une véritable guerre pour inscrire leurs enfants dans le lycée français Alexandre Dumas d’Alger.

A leurs enfants l’école française et les universités occidentales, aux enfants du peuple l’école sinistrée, objet de manipulations bassement politiciennes.

LE POUVOIR ALGERIEN PRIVE LE PAYS D’UNE VISION STRATEGIQUE DE NOTRE POLITIQUE ETRANGERE

L’organisation de notre monde d’aujourd’hui se fait autour de grandes puissances en compétition « Balance of Power » ou « l’équilibre des forces » qui montre qu’il n’existe aucun Etat suffisamment fort pour réguler l’ensemble des relations internationales.

De nouvelles puissances ont émergé ces dernières années (Chine, Inde, Brésil), et d’autres moins importantes arrivent (Turquie, Mexique, Indonésie, Afrique du Sud…). Tous ces pays n’auraient jamais atteint un tel niveau de développement sans une véritable politique étrangère et une diplomatie stratégique avec des objectifs et des priorités dictés par leurs intérêts nationaux.

Une politique étrangère est en effet, subordonnée à la politique générale de l’Etat. Ce dernier définit et détermine l’intérêt national et les objectifs stratégiques à faire valoir vis-à-vis des autres Etats par la voie du travail diplomatique.

La politique étrangère doit ambitionner la réalisation d’objectifs bien définis avec comme priorité : souveraineté politique et économique, acquisition et transfert technologique, gains économiques, prestige et image du pays…

Aux antipodes d’une politique étrangère stratégique au service des intérêts du pays, la politique étrangère menée par le régime algérien ne repose sur aucune doctrine lisible, elle est à la fois archaïque, anachronique, erratique et visant simplement la recherche d’appui extérieur pour conserver le pouvoir et faire des affaires au profit des clans mafieux.

LE PROCESSUS D’ACQUISITION TECHNOLOGIQUE : UN ENJEU STRATEGIQUE DE LA POLITIQUE ETRANGERE

Il a fallu attendre 1 000 ans pour que le papier, inventé en Chine, arrive jusqu’en Europe. Aujourd’hui, dans un monde globalisé, les innovations technologiques se diffusent avec une foudroyante rapidité pour les pays qui arrivent à se donner les moyens adéquats pour tirer profit du stock mondial de connaissances.

L’un des principaux nouveaux défis pour de nombreux pays du tiers-monde dans le contexte de la globalisation concerne la question vitale du rattrapage technologique. Parmi ces pays, certains ont réussi à accéder au statut de puissances émergentes grâce à la mise en place d’une stratégie et des modalités nécessaires pour atteindre un haut niveau de développent technologique en l’espace 15 à 20 ans. Pour atteindre cet objectif, chacun de ces pays a mobilisé tous les atouts et toutes les ressources en fonction de ses réalités.

La Chine, Le Brésil, L’Inde et même la Turquie, l’Afrique du Sud, le Vietnam ont emprunté des voies différentes pour gagner la bataille de l’acquisition technologique. Mais, ils ont tous accordé une place prioritaire à l’enseignement et à la recherche scientifique en matière de crédits financiers, de statut social important aux chercheurs et scientifiques.

Pour mener à terme ces politiques de recherche et innovations scientifiques et technologiques, ces pays s’appuient sur une politique étrangère pragmatique et ambitieuse.

Que dire de notre pays avec son école sinistrée, prise en otage par des considérations idéologiques et politiciennes, une université au rabais sans moyens didactiques et la recherche scientifique qui vivote avec l’un des budgets les plus bas en Afrique (0,28 % du PIB national), alors que l’Algérie possède le plus gros budget militaire en Afrique loin devant tous les autres pays.

LA DIASPORA UN ATOUT OU UNE MENACE ?

L’acquisition de savoirs technologiques est une ressource clé pour le développement économique, elle est passée de la périphérie au cœur de tout modèle économique sérieux. Elle repose sur un processus complexe qui fait intervenir en interaction des acteurs différents : universités, centres de recherches scientifiques, entreprises, Ministères.

Des arrangements et accords internationaux sont indispensables pour leur concrétisation et cela repose sur une politique étrangère efficace et une véritable stratégie diplomatique.

Les canaux d’acquisition technologique sont divers et variés et nécessairement complémentaires.

L’Inde nous montre que les diasporas peuvent constituer un puissant vecteur de transfert de technologie et d’aide au développement du pays. Après avoir longtemps négligé ses diasporas dispersées dans le monde, l’Inde a commencé à changer d’attitude à partir de 1986 en prenant en considération l’apport que les Indiens de l’étranger peuvent apporter à leur pays.

Cet intérêt allait atteindre son apogée avec la création en août 2000 d’un Haut Conseil de la diaspora. Parmi les objectifs fixés : « transformer les membres de la diaspora en ambassadeurs de l’Inde » et l’octroi de la double nationalité à tous les descendants des Indiens vivants dans 61 pays pour les encourager à renouer le lien avec le pays d’origine.

En 2003, une journée nationale de la diaspora est instituée, sa date est fixée au 9 janvier, qui correspond à la commémoration du retour définitif de Gandhi d’Afrique du Sud en Inde en 1915.

Même le cinéma Bollywood est mis à contribution à travers la production de films retraçant la réussite scolaire et sociale des Indiens de la diaspora. Le résultat de cette politique est aujourd’hui particulièrement perceptible : Les 25 millions d’Indiens dispersés à travers le monde sont à l’origine de 10 % des investissements directs étrangers en Inde !!! Cela représente des dizaines milliards de dollars.

Loin de la politique menée par le pouvoir algérien vis-à-vis de sa diaspora. Une politique faite de mépris, d’humiliations, de mesures de pression et de répression, de surveillance policière et de toutes sortes de brimades.

La diaspora algérienne avec ses centaines de milliers d’ingénieurs, de chercheurs, d’universitaires, de médecins, de scientifiques confirmés, de techniciens, de gestionnaires, de sportifs, d’artistes d’artisans hautement qualifiés, constitue une ressource inestimable pour le développement de notre pays.

Dans leur majorité écrasante, les Algériens de la diaspora se montreront prêts à se mettre au service de leur pays. Cela ne peut pas s’envisager dans le cadre d’un régime militaire corrompu et défaillant. Une Algérie libre et démocratique pourra assurément compter sur sa diaspora.

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Abbas,
    J’endosse sans réserve aucune l’entièreté de cette analyse.je rajouterai peut être que l’Inde,cette puissance atomique a pour ministre de la défense une femme ( civile).

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