Algérie, l’inextricable dilemme

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Salim METREF
 
Comment sortir de l’œil du cyclone et éviter le pire. Comme faire partager équitablement le poids de l’austérité qu’impose une situation économique qui frôle le désastre et avant que le front social ne s’embrase lui aussi et nous entraîne vers l’inconnu.
Comment éviter la faillite et continuer de payer les retraites et toutes les personnes actives.
La corde sensible qui pourrait ainsi se rompre et faire basculer tout l’édifice ne sera pas celle des libertés suspendues, ni celle du confinement par la peur et la répression de la société civile et encore moins celle des attentes ardentes d’une jeunesse désormais prête à en découdre. Mais plutôt le développement massif de la pauvreté, de la précarité et leur pendant l’expression par la violence et la destruction de la colère et du désespoir.
Les subventions sociales sont une réalité incontestable et ont toujours profité à tous et sans distinction de revenus. Les supprimer où les réduire constituerait une sérieuse entorse à cette république sociale proclamée pourtant dans la déclaration du congrès de la Soummam.  Il faudra surement pour espérer endiguer les déficits et rétablir les finances publiques imaginer et faire autre chose.
Note économie est malade et pire nécrosée. La création saine de richesses est laminée par l’effet conjugué d’une bureaucratie qui tue toute initiative et une corruption endémique qui décourage l’investissement citoyen.
L’Algérie est malade. De son peuple qui n’hésite pas à salir son environnement, ses forêts, ses eaux et ses rivières et de nombreux de ses responsables qui la pillent à satiété et lui confèrent une piètre image sur le plan international.
Alors que faire pour sortir de cet inextricable dilemme ? Pour en sortir surtout indemnes et vaincre cette douloureuse épreuve qui risque de ressembler à une longue traversée du désert. Il n’y a pas de recette miracle. Seuls le travail et l’effort méritent récompense et cette vérité profondément enracinée dans nos traditions ancestrales et notre appartenance religieuse, l’Islam pour être précis, doit être érigée en ligne directrice dans l’effort de redressement national qui risque d’être fastidieux.
Si créer de la richesse, de l’emploi  et s’enrichir soi-même par le travail, l’effort et l’initiative ne doit plus être un tabou et doit même être encouragé, le faire et le devenir au détriment de la loi, de l’éthique et pire des intérêts de la nation doit être considéré comme un crime et puni.
Au moment où nous regardons tous les fruits du chaos dont nous avons déjà semé les graines au cours de ce douloureux été 62, nous en mesurons en ce suffocant été 2017 les terribles conséquences. L’Algérie est livrée aux quatre vents, privée de ses élites et de ses meilleures compétences, agonisant sous les blessures que lui infligent ces milliers d’incompétents qui en piètres responsables ont squatté la république et l’ont rabaissée dans le concert des nations et offerte enfin aux appétits féroces d’une bourgeoisie compradore qui n’a jusqu’à présent pas démontré sa disponibilité à partagé le poids des sacrifices qu’il faudra consentir pour espérer revoir un jour la prospérité et la lumière.
Mais ce moment est également une aubaine. Pour les autres. Il est même l’opportunité tant espérée. Du moins du point de vue des plans machiavéliques qui lui sont déjà concoctés. Et de leurs concepteurs. Tout est passé au crible de l’analyse prédictive, de la prospective et de nombreux scénarios sont déjà sur la table des décideurs occidentaux. La maladie du Président, la question de la succession, dynastique, démocratique par les élections, les scénarios envisageables, sont des éléments qui sont observés à la loupe. La question des méthodes répressives qui seront utilisées en cas de mouvements populaires est également observée afin que l’argumentaire juridique soit déjà prêt pour être soumis aux instances internationales sans oublier le droit d’ingérence humanitaire qui sera certainement et lui aussi invoqué. Sont aussi observés les effets de la crise économique qui se font de plus en plus sentir, la difficulté de mettre en place un modèle économique alternatif qui puisse tirer la croissance de ce pays continent et de l’extraire définitivement de la dépendance aux hydrocarbures sont également des éléments qui sont pris en compte. La pression des flux migratoires qu’il faut encourager quitte à recruter des passeurs professionnels, les turbulences qu’il faut créer s’il le faut de toutes pièces sur un tracé frontalier extrêmement long et dont l’étanchéité totale n’est pas évidente sont également des leviers qui sont déjà articulés. Certaines chancelleries planchent déjà sur le risque potentiel Algérie et des capitales disent se préparer à recevoir où subir l’afflux de millions de réfugiés. Certains précisent que ces flux seront triés et seule l’élite sera reçue. Oui on achève bien les chevaux. La toile d’araignée se tisse et profite bien de notre bêtise. Mais n’oublions pas juste une chose. L’agonie n’est pas la mort. Et le souffle de la vie, têtu et obstiné, n’a jamais cessé de se faire entendre dans ce pays. Malgré toutes les trahisons et depuis des millénaires !
 

7 Commentaires

  1. Merci monsieur METREF de nous rappeler encore une fois le sort qui nous attend. Soyez le bienvenu parmi nous, les pleureuses. On constate et on pleure. Cela nous soulage. Mais combien de fois doit-on encore pleurer? J’ai juré de ne plus pleurer monsieur car tout ce qui nous arrive est de notre faute. Nous avons tous été complices de cette grande mascarade. Même aujourd’hui nous continuons par nos petits gestes malsains à salir, à détruire, à voler, à lécher les bottes, à transgresser les lois universelles, à corrompre, à s’ignorer, à s’invectiver, à s’insulter, à manquer de respect, à nous hair. Quel genre de peuple sommes-nous? Nous entrons dans l’ère de la bestialité. Nous avons dépassé celui de la fierté, de l’orgueil, de la folie et de la démence. C’est une nouvelle race d’Algériens qui broutent à tous les pâturages. On a joué au jeu de: tu manges, je manges. A ce jeu, où les plus futés ont établis les règles aussi stupides et ignares soient-elles. Nous méritons notre sort monsieur. Continuons à applaudir car le jeu continue.

  2. Bon, pour l’instant : « les enfants vont à l’école, les salaires arrivent à temps(*), donc pourquoi s’inquièter? »(**).
    (*) Tout au moins dans le public. C’est moins clair dans le privé qui pourtant affiche qu’il est créateur d’emploi, mais souvent (peut être pas toujours), sur les fonds publics. Donc, où est la différence si ce n’est qu’on critique le « public » pour mettre en avant le « privé » qui en réalité a les mêmes problèmes…sauf qu’il se cache derrière son qualificatif de « privé » pour ne pas assumer les inconvénients du « public ». C’est le problème de « l’oeuf et de la poule » comme on a eu l’occasion de le constater durant le feuilleton de l’été. Les choses ont semble t-il été recadrées pour éviter le scénario « pessimiste » de cet article. Peut-être qu’il doit exister (à nous de le définir) un scénario plus « optimiste »?
    (**) Cette phrase est celle d’une vieille Dame lors d’émeutes d’une minorité d' »intellectuels » dans la plus vieille « dictature » d’Europe, le Bielarus, dans les années 2010.
    Signé: Tonton X.
    N.B. Je souhaiterais faire référence à la contribution dans ce même quotidien d’un universitaire (ou intellectuel appelez le comme vous voulez!) sur les « avantages » et les « dangers » de l’interprétation des statistiques (et des nombres en « Général »). Grossièrement parlant, le problème (que tout le monde connait intellectuel ou pas) est de « décider » est-ce qu’une bouteille est « à moitié pleine » ou « à moitié vide »?
    http://www.lequotidien-oran.com/img/header.jpg

  3. Vous avez bien résumé les faits. Votre phrase « Certaines chancelleries planchent déjà sur le risque potentiel Algérie » n’est pas en accord avec la théorie d’un autre auteur qui a prédit le chaos lorsque les prix du pétrole étaient à 150 $/bbl. Pour lui, ce qui va nous arriver s’inscrit en drote ligne des plans des chancelleries et on est le suivant après la Lybie. Cela s’appelle le printemps algérien.
    http://www.lematindz.net/news/14110-le-complot-de-sid-kaci-06-avril-2014.html
    Pour lui, la crise financière est une aubaine car elle est en train de révéler le complot qui consiste à nous terrasser avec la baisse des exportations après 2020. La crise financière est donc notre baraka puisqu’elle va nous éclairer sur les ennemis de l’Algérie.
    Hélas, cet auteur considère que le peuple et ses institutions sont décédés puisqu’ils n’ont pas réagi à la nomination d’un français condamné pour trahison à la tête de Sonatrach.
    Ne soyons pas défaitistes… réveillons-nous

  4. L’Algérie est un pays jeune qui risque de mourir de vieillesse.C’est un pays « riche » qui risque de mourir de pauvreté.L’Algérie qui a raté son « indépendance » à l’instar de la majorité des pays africains décolonisés est sur la voie de la faillite.Devant l’absence d’alternative démocratique crédible au système en place, plus proche de la Corée du Nord que de l’Afrique du Sud ou de la Tunisie,c’est un saut dans l’inconnu qui nous attend.Face au désert politique créée par ce régime archaïque et despotique d’un autre âge,c’est l’islamisme radical,aux aguets, qui va encore une fois rafler la mise.L’histoire se répète car qui sème le vent…

  5. Nos Chers Journalistes du Quotidien d’algerie Bonjour
    SAHRAOUI BOUALEM : Le travailleur qui a vaincu l’UGTA
    On vient d’apprendre que M. Sahraoui Boualem , un météorologue exerçant à l’aéroport de DAR-El-Beida a obtenu gain de cause dans sa longue bataille judiciaire contre l’UGTA.
    En effet, le Météorologue Sahraoui Boualem vient d’obtenir gain de cause au tribunal de Dar-EL-Beida face à l’union Locale UGTA de cette Daira, cette dernière (U.L) a été mis en cause pour son cautionnement à une fraude électorale lors des élections de représentants syndicaux qui se sont déroulés au sein de l’office national de la Météo.
    Des élections rentrant dans le cadre du renouvellement de la section syndicale du centre de météorologie de Dar-EL-Beida. Ayant constaté que son nom ne figurait pas, pour des raisons inconnues sur la liste établie par une commission (sous contrôle de l’Union locale), M. Sahraoui Boualem esta en justice l’Union locale. S’appuyant sur ses compétences dans le domaine du syndicalisme, il défendra sa cause tout seul face aux avocats de ses adversaires et a réussi a faire annuler ces élections syndicales qui se sont déroulées le 17 juillet 2017 au sein de la Météo de Dar-EL-Beida et par voie de conséquence, l’activité syndicale de cette section nouvellement élue devait être également gelée jusqu’à l’organisation de nouvelles élections prévues en ce début de 2018 avec obligation de porter le nom “Sahraoui Boualem” sur la liste.
    Cette affaire scandaleuse est similaire à celle qui a impliqué la meme union locale UGTA de Dar-EL-Beida dans le cautionnement de la fraude électorale syndicale qui a sévi lors des élections syndicales au sein de la compagnie Air Algérie en 2005 commentée a l’époque par le journal du soir d’Algérie .
    Cordialement
    Belakhdar N

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