Celui qui définit le calendrier politique détient forcément le pouvoir

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Ait Benali Boubekeur

Ce n’est pas un hasard si le peuple clame depuis le début du hirak : « ou c’est vous ou c’est nous. » Du coup, s’il y a une affirmation trompeuse qui revient avec acuité dans les discours politiques du général Gaid Salah, c’est quand il dit que « l’armée » n’a pas une ambition politique.

Par l’armée, il faut bien sûr comprendre le haut commandement militaire. Car, l’armée, au sens large, est composée des fils du peuple. Par curiosité, est-ce que les fils des généraux-major rejoignent les troupes qui veillent sur la sécurité du pays ? Ceci est un autre débat. Pour revenir à notre sujet, est-ce que l’allégation selon laquelle l’état-major ne fait pas de politique est conforme à la réalité ? En partie oui.

Car, celui qui a une ambition politique est avant tout celui qui essaie de conquérir le pouvoir. Dans le cas de Gaid Salah, il n’a pas demandé à personne l’autorisation pour exercer le pouvoir. Par conséquent, il peut le dire sans gêne qu’il ne cherche pas le pouvoir, et ce, à partir du moment où c’est lui qui contrôle les rênes du pouvoir. A la limite, cette assertion aurait plus de sens s’il disait qu’il ne voulait pas garder le pouvoir. Dans ce cas, le problème ne se pose de la même manière. En plus, est-ce vraiment un secret quand on dit que l’état-major de l’armée n’a jamais cédé le pouvoir qu’il a conquis en 1962 ? Jusqu’à nos jours, le cap politique est fixé unilatéralement par le haut commandement militaire. Cela se vérifie à tout moment de notre histoire postindépendance.

Bien que le contexte ait changé, notamment après le refus de la population d’accepter cette autorité de fait, le haut commandement militaire ne compte pas desserrer l’étau sur la société. En témoigne le coup de force du chef des armées visant à imposer un président fantoche, et ce, malgré le refus de la majorité du corps électoral de participer à une élection ni propre ni honnête. Pour tromper l’opinion avec des discours à mille lieues de la réalité, le chef des armées cherche à lier ce mouvement populaire de contestation aux luttes internes du régime. Afin d’imposer sa feuille de route consistant à garantir au régime corrompu de poursuivre sa politique suicidaire, il scinde la société en deux camps : ceux qui le soutiennent et ceux qui s’opposent à l’Algérie.

Les premiers sont les dignes fils de l’Algérie, alors que la majeure partie a soutenu sans vergogne tous les mandats de Bouteflika. Les seconds sont des antinationaux, manipulés par son clan rival, composé de Saïd Bouteflika, Mohamed Mediene et Athmane Tartag. Dans la réalité, les règlements de compte entre les clans ne concernent que le régime. Le peuple algérien rejette, avec la même force, ces deux clans. Car, que ce soit l’un ou que ce soit l’autre, leur mépris envers le peuple est identique. D’ailleurs, depuis 1962, ils gouvernent ensemble. Leur seul désaccord, après le refus de l’humiliante tentative de reconduire Bouteflika pour un cinquième mandat, c’est qui va être en première ligne.

En d’autres termes, qui va être le bourreau en chef du peuple algérien. Ce différend a été tranché fin mars 2019 entre les deux clans se disputant le pouvoir. Le rapport de force a désigné Gaid Salah comme le nouveau «dirigeant » de l’Algérie. Bien évidemment, le chef des armées pensait, à tort bien sûr, que cette épreuve était la plus dure. Il a oublié que le peuple algérien, en déclenchant la révolution du sourire, voulait aussi dire son mot à propos de ses affaires.

En plus de tout ça, il y a désormais une idée qui est assez répandue dans la société : tous les malheurs de l’Algérie et de son peuple viennent de la gestion catastrophique depuis l’indépendance. C’est pourquoi Gaid Salah se trompe quand il considère que le refus de participer au jeu du régime est personnel. Le peuple rejette tout le personnel qui a participé à la gestion des affaires du pays. Cette fois-ci il veut designer lui-même ses représentants. Et surtout se libérer de toute tutelle et de tout carcan. Ce jour-là, on dira que le peuple a son destin en main.

N’est-ce pas cela l’esprit de novembre 1954 ?

1 COMMENTAIRE

  1. Les militaires vont organiser les élections présidentielles contre vent et marrée.

    Quelque soit le candidat élu, bon mauvais, légitime ou pas, les militaires veulent passer la patate chaude à un civile, bien élu ou pas, peu importe qu’il soit légitime, impopulaire, jeune, vieux, idéalement un 1/16 président, faible, sans aucun soutien populaire et surtout sans ambition de détrôner les militaire ou changer de système de gouvernance

    Les militaires veulent encore une fois prouver au peuple que les civiles sans incompétents, corrompus, incapables, ils veulent passer le pouvoir à un président qui a le plus de chance d’échouer.

    Le système politique Algérien tel qu’il fonctionne, l’économie rentière tel qu’elle a toujours été, fait de l’Algérie un pays fragile qui risque de basculer vers le chaos très vite et les militaires ne veulent pas être en première ligne, ils veulent être les pompiers pour renforcer leur emprise sur la politique et l’économie algérienne.

    Trouver des canassons est organiser une course, c’est un art que les militaires maîtrisent parfaitement cela dure depuis l’indépendance.

    Les militaires ne quitterons jamais le pouvoir aussi longtemps le gaz et le pétrole coulent à flot, les militaires sont et le resteront des prédateurs, désormais , les ressources, pétrole, gaz, or pierres précieuses, ont été le malheur des habitants du territoire Algérie depuis des siècles et ce siècle ne fait pas exception.

    Exemple qui est ce militaire qui a la concession Nissan, qui fournis les véhicules À la police, la gendarmerie etc…ce sont des contrats de milliards.

    Et combien de militaires qui contrôlent une grande partie de l’économie de l’Algérie .

    L’enjeu est énorme pour un peuple qui peine à obtenir sa liberté et son indépendance.

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