Pour Khaled Drareni, la liberté et l’avenir

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Blog / 30 Mars, 2020
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Nadjib Belhimer

Khaled Drareni, un journaliste libre – Ph Ghada Hamrouche

Il y a trois ans de cela, le projet de montage automobile en Algérie s’est transformé en farce après la diffusion d’images sur Facebook de voitures sans roues destinées à “l’usine” de montage Hyundaï de Mahieddine Tahkout. Tahkout a démenti et a invité un journaliste à son “usine” pour prouver aux Algériens que ce qui a été publié sur Facebook était de la foutaise et que ce qui se déroule à Tiaret était bien un transfert de technologie et la naissance d’une industrie qui va nous libérer de la dépendance aux hydrocarbures. 

La presse, dans sa majorité, a choisi de se mettre du côté de Tahkout, lequel participait au financement des campagnes électorales de Bouteflika et s’est approprié Numidia TV pour en faire, ce que sont ses autres sœurs, un outil au service du pouvoir. Quelques jours plus tard,  le gouvernement – Abdelmalek Sellal en était le Premier ministre – a envoyé une commission d’enquête qui a conclu que l’usine Hyundai était conforme à ce qui est prévu dans le cahier des charges.

Deux ans après ces faits, la révolution pacifique s’est enclenchée, elle a fait échouer le cinquième mandat et a dévoilé la vérité du journaliste complice avec Tahkout. Les médias solidaires avec le propriétaire de l’usine et avec le gouvernement se sont mis à rapporter la chronique des procès de Sellal, Tahkout et autres et ils ont consacré des heures pleines à évoquer les milliards pillés sous le chapitre “montage automobile”. 

Ces médias nous informent aujourd’hui que le pouvoir a toujours raison, qu’il vende l’illusion d’une industrie automobile en Algérie ou qu’il désigne un ministre de l’industrie avec pour mission de  démanteler ce projet fictif. 

Cette presse-là est aujourd’hui encore du côté du pouvoir, elle justifie les arrestations, la répression et l’échec de sa gestion. En dépit des leçons dures qui lui sont données sur les réseaux sociaux, cette presse persiste à faire fausse route en prenant un pouvoir failli et corrompu comme guide. 

Cette presse-là ne se solidarise pas avec Khaled Drareni qui a passé la nuit à la prison d’El Harrach car il a choisi une autre voie que la leur; elle ne veut pas rappeler aux gens une voix que le pouvoir a tenu à faire taire en recourant à l’injustice et à l’arbitraire. Bien au contraire, on lira dans cette presse-là des propos spécieux sur la nécessité de laisser la justice dire son mot, exactement comme nous avons attendu six mois pour entendre un verdict d’acquittement pour d’autres détenus qu’on a décidé de mettre hors-circuit sous l’accusation d’atteinte à l’unité nationale; la même charge pour laquelle Khaled Drareni est poursuivi aujourd’hui, celle que tous ceux qui ont suivi les procès savent qu’elle est vide de sens.

L’emprisonnement de Khaled Drareni résume la tentative absurde du régime d’entraver le mouvement de l’histoire. Les images sur Facebook ont fait tomber, même un peu plus tard, Tahkout, le gouvernement et la presse qui est à leur service; exactement comme les pages de Khaled Drareni sur Facebook et Twitter ont dénudé, en rapportant la réalité telle qu’elle est, les mensonges du pouvoir et de ses trompettes médiatiques durant une année de Silmiya. 

La détention de Khaled, et de tous les autres détenus, sera une charge lourde pour le régime et ses soutiens. Elle sera un jour un héritage honteux qui contraindra ceux qui l’ont perpétré à se cacher dans l’Algérie de l’avenir… L’Algérie des libertés.

Traduit par la rédaction – article original

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