Non ce n’est pas ainsi, vraiment pas !

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Kitouni Hosni
In Facebook.

 Ceux qui ont échoué, en conduisant le pays à l’impasse actuelle, ne peuvent prétendre le réformer ni l’engager vers un avenir meilleur. Quoiqu’ils en disent, ils ne le peuvent pas , parce que formés à l’école du parti unique, de la pensée unique et par-dessus tout, ils n’ont aucune confiance en la seule force capable de changer l’état des choses, c’est-à-dire le peuple comme entité politique. La notion de citoyenneté leur étant étrangère en raison d’une culture nourrie d’autoritarisme et d’élitisme, ils ignorent ce qu’est le consensus, la concertation, le débat contradictoire, la critique et l’autocritique. Toutes choses indispensables si on veut mobiliser les gens et les impliquer dans les affaires de la cité.

Or on ne peut gouverner un pays contre sa volonté et aujourd’hui la majorité aspire au changement. Pas simplement un changement d’hommes mais aussi de paradigmes. Le vieux monde né avec l’indépendance, héritier de la colonisation pourrit sur pied, c’est une vieille machine obsolète qui ne peut servir à rein d’autre qu’à reproduire l’échec. Oui nous sommes devant une panne généralisée du système présidentialiste et non démocratique. Or au lieu d’avoir l’intelligence pour regardes les choses en face, en appeler à toutes les énergies créatrices du pays, et il y en a, on préfère jouer à huis clos, entre copains et « vieux de la vieille » .

Faute d’un diagnostic franc et sincère on opte encore une fois pour les solutions du passé. On préfère les postures rigides et populistes, consistant à vouloir faire marcher la société à coups d’oukases, de décrets et de discours moralisateurs. Que dans le plus grand pays d’Afrique, et la troisième puissance militaire du continent, la plus haute autorité de l’État en vienne à s’occuper de l’eau dans les robinets et du débit internet ou encore des feux de forêts alors que les défis auxquels fait face le pays, économiques, technologiques, environnementaux, civilisationnels sont considérables, c’est qu’il y a bugg dans la machine. Car peut faire un ministre en l’absence d’une organisation, de moyens, de personnel, de technicité, et de suivi etc… Or tout cela n’existe plus.

Des années de prédation ont délité les appareils d’État. L’administration a perdu le savoir-faire et les techniques accumulés durant des années. L’image la plus révoltante sans doute, est ce téléphérique de Constantine ( haute technologie) construit à coups de millions de dollars, et qui en moins de cinq ans est livré à la ferraille. Et que dire des milliers de nos cadres compétents aptes encore à servir, mais dont personne n’en veut. Et ces milliers de jeunes qui fuient le pays. Ces exemples peuvent être multipliés par mille. Or si on ne fait pas le bilan exact de cette débâcle comment peut-on prétendre repartir du bon pied.

Il faudrait une cure de désintoxication générale de la rente accompagnée d’une catharsis collective, pour tout se dire franchement et faire le diagnostic de ce que nous avons fait de notre indépendance. Partout désolation, plus personne ne veut travailler pour l’État , et encore moins lui obéir. Il y a une vraie désobéissance civile… Le ministre aura beau sanctionner, hurler, se démener, encore faudrait-il qu’il soit obéi. Tout le monde fait le dos rond, du sommet à la base et vice versa. On ment, on trompe sur la marchandise, les chiffres sont faux, les ordres détournés. C’est dire combien le mal est profond. Ce n’est pas seulement une question de moyens et de leurs mises en œuvre, il s’agit d’une crise morale profonde résultat d’une évolution lente et inexorable d’un système antinational. Les hommes y ont leur part de responsabilité, parce qu’ils savaient où cela devait conduire et ils n’ont pas voulu entendre les rappels à l’ordre.

Quand les gens se mettaient en grève, manifestaient, quand des militants s’alarmaient des risques que courait le pays, quand ils osaient parler, écrire, on les a mis en prison, on les a traités d’agents de l’ennemi.Voilà où nous en sommes ! Au pied du mur et tous les ordres, toutes les bonnes intentions du monde ne suffiront pas pour faire redémarrer la machine. Il en faut plus, il faut redonner confiance aux gens, une vraie confiance , sincère honnête. Comment ! Chacun doit avoir sa solution et il y en a plusieurs, mais l’une me semble la plus importance : prendre acte de l’échec du système et changer de paradigme, en remettant la souveraineté du peuple au cœur de tout projet d’avenir.

Les gens ne croient plus dans les sauveurs suprêmes, ils veulent être sauvés par eux-mêmes, être au cœur de l’histoire et de leur temps. Un rêve ? Que les Drareni ne soient plus mis en prison, mais écoutés parce qu’en écoutant une pensée différente on en sort grandi et meilleur. Un autre rêve, que l’amalgame entre Politique, Religion et Histoire ne soit plus le fond de commerce de l’exécutif comme cela semble être le cas, pour ce 1er novembre. Sinon c’est à la nation et ses fondements qui risquent de prendre un coup.

1 COMMENTAIRE

  1. Monsieur Kitouni Hosni auteur de l’article, je suis d’accord avec vous pour dire qu’il faut que « l’amalgame entre Politique, Religion et Histoire ne soit plus le fond de commerce de quiconque ». Mais pour cela vous ne dîtes pas comment s’y prendre d’une manière claire.

    A mon avis pour arriver à cela, il faut mettre fin au fonctionnement des institutions politiques et de l’Etat sur la base de l’idéologie arabo-islamique du type FLN de 62 ! Si on n’est même pas capable entre nous de s’entendre au sein du Hirak pour la construction d’un vrai Etat de droit, fondé sur les libertés collectives et individuelles, sur des principes démocratiques universels, sur la séparation du politique et du religieux, sur l’égalité des droits entre la femme et l’homme, vaut mieux laisser le pouvoir actuel en place tel quel avec son FLN de 62 et ses pratiques.

    Dans un pays de vraies libertés, dans une vraie république démocratique et libre, il ne faut pas être « clerc » pour comprendre et admettre que l’islam n’est pas en danger, l’arabe n’est pas en danger, Tamazight n’est pas en danger, et que la mémoire et l’histoire du pays ne sont pas en danger aussi, bien au contraire.

    Il est navrant que pour certaines personnalités poltiique au sein du hirak (et qui deviennent de plus en plus actifs et importants en interdisant au Hirak de débattre de la future république qu’on souhaite et au motif que cela diviserait le Hirak) ce qui les intéressent c’est seulement voir partir ce pouvoir, de le mettre à genou pour le remplacer par le biais de l’urne, du vote, mais sans rien changer dans le fonctionnement des institutions et donc en s’accommodant de l’idéologie sectaire du FLN de 62 !

    PS : attention, si çà continue comme çà divisé au sein du Hirak, il n’est impossible que se soient les extrêmes (les fondamentalistes islamistes partisans de l’article 2 et les séparatistes qui veulent l’indépendance de la Kabylie) qui vont reprendre du poil de la bête !

    Par exemple, je rencontre de plus en plus de personnes en Kabylie qui disent que puisque personne ne souhaite un vrai changement, une vraie république libre et démocratique fondé sur les principes de libertés, le plurilinguisme, le pluri culturalisme, il vaut mieux rejoindre Ferhat Mehenni pour choisir finalement la meilleure voix pour la Kabylie. Faut faire très attention car en tergiversant et en laissant le Hirak se faire manipuler entre les mains des extrémistes de tout bord, on peut vite aller à la dérive. Il faut qu’on arrive à un bon consensus intelligent entre nous pour choisir vite la bonne voix de l’union, bénéfique à tous où les libertés deviennent une réalité tangible) et qui nous permettra de former un bloc unique d’opposition face au pouvoir et ce jusqu’à la victoire finale pour une ALGERIE ALGERIENNE, une ALGERIE DEMOCRATIQUE, une ALGERIE VERITABLEMENT LIBRE. Une fois l’Algérie libérée de prédateurs et des dictateurs, chacun pourra reprendre ses luttes partisans pour s’engager dans des joutes électorale, mais tout en respectant les règles de droit démocratique, les libertés pour TOUS LES CITOYENS quelqu’ils soient, par le parti politique qui arriverait au pouvoir par les urnes. Dieu n’a jamais délégué quelqu’un ni un parti politique pour imposer la religion a tous, ou une même façon de vivre à tous !

    Vive le Hirak du 22 février 2019.

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