UNE CONSTITUTION ILLÉGITIME QUI INQUIÈTE LES ALGÉRIENS

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Abbes Hamadene

  En boycottant massivement le référendum constitutionnel, le peuple a exprimé de façon nette son rejet définitif du système militaro-policier en place depuis 1962.Le peuple ne veut pas un changement factice dans lequel un clan mafieux remplace un autre. Il ne veut plus de ce système qui s’occupe à enrichir une nomenklatura constituée de généraux et de leurs relais dans la société au détriment de la quasi-totalité du peuple algérien plongé dans une misère matérielle et morale.

Il ne veut plus voir des dizaines de milliers de cadres fuir leur pays pour subir les affres et les humiliations de l’exil. Il ne veut plus voir ces milliers de jeunes harragas pour lesquels, risquer sa vie sur une barque de fortune constitue le seul horizon.

CHANGER LA CONSTITUTION POUR NE PAS CHANGER LE SYSTÈME

Depuis 1962, le pouvoir utilise les référendums comme moyen tactique pour masquer une irréversible volonté de reproduire le système en utilisant la même devise : on change de constitution pour ne pas changer de système.Depuis toujours, le pouvoir débite la même ritournelle sur le respect de la constitution, alors qu’il est le premier à la piétiner jour après jour et au gré de ses besoins et de ses desideratas.

Bien sûr que dans la nouvelle mouture de la constitution, on trouve des changements concernant les prérogatives du président, de la justice, du parlement, mais qui ne seraient que de la poudre aux yeux. Ils ont même introduit le principe du « fait majoritaire » qui est un mécanisme utilisé dans les pays à tradition démocratique. Selon ce mécanisme, si les législatives donnent une majorité présidentielle, le premier ministre gardera ce titre en laissant l’essentiel des prérogatives au chef de l’état. Mais si les législatives donnent une majorité autre que présidentielle, le président nomme, non pas un premier ministre, mais « un chef du gouvernement » issu de « la majorité ».Le pouvoir veut laisser croire qu’on peut avoir une cohabitation comme dans les pays réputés démocratiques. Une telle perspective n’a aucun sens dans un pays où le dernier mot revient toujours au commandement militaire.

L’ARMÉE PEUT SE DEPLOYER À L’EXTÉRIEUR DES FRONTIÈRES

La modification la plus importante introduite par la révision illégitime de la constitution est la possibilité offerte à l’armée de se déployer à l’extérieur du territoire national, « dans le cadre du respect des principes et des objectifs des Nations unies, de l’Union africaine et de la Ligue arabe (Art 31).L’article 91 confère expressément au président le pouvoir d’expédier des unités de l’armée à l’étranger, cette décision est soumise à « l’approbation » des deux tiers de chaque chambre du parlement. Mais lorsque l’on sait que depuis l’indépendance le parlement a toujours été réduit à une chambre d’enregistrement des désirs du pouvoir, cette condition devient une simple formalité.

C’est cette nouvelle disposition qui inquiète le plus les Algériennes et Algériens, une inquiétude amplifiée par la situation sécuritaire dangereusement instable qui prévaut dans les pays frontaliers (Lybie, Mali, Niger…).Le 15 octobre, le Ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian s’est rendu à Alger durant 2 jours, c’est sa troisième visite en moins d’un an. De nombreux observateurs pensent que ses visites masquent un agenda diplomatique et militaire.

Dans sa dernière édition du 26 octobre 2020, le très informé hebdomadaire « Le Canard enchaîné » en évoquant la dernière visite de Le Drian à Alger révèle : « Mandaté par Macron, il (Le Drian) voulait évaluer jusqu’à quel point les militaires et les dirigeants du pays étaient prêts à s’engager au Mali ». Curieusement et contrairement à ses habitudes, le gouvernement algérien n’a apporté aucun démenti officiel à cette révélation compromettante !Rejeté par la majorité écrasante du peuple, comme viennent de le montrer les résultats du dernier référendum, le pouvoir va continuer à mendier le soutien de l’étranger. Faut-il rappeler qu’en novembre 2019 mis en difficulté par le Hirak, le pouvoir s’est jeté dans les bras des grandes puissances en adoptant la loi sur les hydrocarbures dictée par les lobbys et firmes de l’industrie pétrolière ? Nous gardons également comme un douloureux souvenir, ces images pitoyables de Ben Salah se prosternant devant Poutine.

Le peuple algérien ne pourra jamais accepter de voir son armée jouer le rôle d’armée supplétive des grandes puissances et encore moins de voir nos Djounouds, ces enfants du peule, mourir pour les intérêts de forces impérialistes et néocolonialistes.

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