La forte reprise du hirak résout tous les quiproquos

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Ait Benali Boubekeur

 Les fabuleuses mobilisations du 22 et du 26 février 2021 impressionnent sur tous les plans. À un moment où des doutes subsistaient sur la capacité du hirak à rassembler autant de monde dans les rues algériennes, les citoyens déjouent toutes les prévisions. C’est tant mieux, car, sur le plan comptable, tout reste à faire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les objectifs essentiels ne sont pas encore atteints. Bien que le discours officiel claironne que le hirak a chassé la issaba du pouvoir en 2019, il n’en reste pas moins que, pour la majorité du peuple algérien, le régime n’a changé que quelques visages.

Les pratiques, les mensonges et la propagande sont toujours maintenus. D’ailleurs, s’il y avait un seul regret à émettre après deux ans de hirak, ce serait le refus obstiné du régime d’accompagner ce formidable élan populaire. En fait, contrairement aux contestations précédentes, la révolution du sourire devrait logiquement être écoutée. Car, elle ne survient pas d’un caprice du peuple voulant, sur un coup de tête, changer les institutions en place. Que l’on soit d’accord ou pas avec cette dynamique, force est d’admettre que le hirak est avant tout une réaction au coup de force du régime obtus voulant reconduire un homme cliniquement mort à la tête de l’État. Sans l’éveil du peuple algérien, Abdelmadjid Tebboune n’aurait été au mieux qu’un ministre subalterne au service des Bouteflika. Donc, tous ceux qui bombent le torse aujourd’hui auraient été de simples larbins si le peuple algérien n’avait pas donné naissance à la révolution du sourire.

Malheureusement, le clan vainqueur se retourne contre le hirak dès la prise de ses fonctions. Ainsi, les cas d’emprisonnement sous Tebboune dépassent indubitablement le nombre de prisonniers politiques sous Bouteflika. Sur ce point, ils ont raison de parler de leur nouvelle Algérie. Car, ils ont innové en emprisonnant des citoyens pour des simples publications sur les réseaux sociaux. C’est uniquement à cela que leur slogan de l’Algérie nouvelle s’applique malheureusement.

En fin de compte, malgré les lacunes organisationnelles du hirak –on parle de manque de projet à porter, de son incapacité à choisir ses représentants, alors que certains activistes s’arrogent ce droit –, force est de reconnaitre que cette dualité a mis à nu le régime. À travers ses réponses sécuritaires aux revendications politiques, le régime est définitivement discrédité. Le pouvoir apparent et le pouvoir occulte peuvent développer le discours qu’ils veulent, la grande majorité du peuple n’attend que leur départ. D’ailleurs, quand le peuple se mobilise de cette façon, il est indécent que les dirigeants s’accrochent à une fausse légitimité. Le reste n’est qu’une perte de temps pour le pays.

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