Algérie : Manœuvres insidieuses autour de l’exploitation du gaz de schiste dans le Sahara

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Quand on est convaincu que quelqu’un se trompe, que cette personne refuse de discuter, d’apporter des preuves en alléguant que tout à chacun à le droit de penser comme il veut – on ne peut pas être tolérant. Liberté de pensée ne signifie pas liberté d’errer et de divaguer.

Antonio Gramsci – Intellectuel Italien – (1891–1937)

​Exxon-Mobil, le géant pétrolier américain, s’apprête à investir en Algérie, suscitant des spéculations sur l’exploitation potentielle du gaz de schiste dans la région. Le 23 mai, Exxon-Mobil a signé un protocole d’accord avec la Société nationale des hydrocarbures Sonatrach, visant à identifier des opportunités d’investissement pour le développement du secteur énergétique. Ce partenariat concerne deux bassins situés près d’In Salah, réputés pour leurs réserves de gaz conventionnel et non conventionnel, dont le gaz de schiste.

​Bien que l’accord ne mentionne pas explicitement l’exploitation du gaz de schiste, certains signes laissent penser que c’est une possibilité. Le vice-président exploration & nouvelles opportunités d’Exxon-Mobil a souligné l’expertise de son groupe dans l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels, sans toutefois confirmer leur intention de le faire en Algérie. Lors de la Conférence NAPEC (North Africa Energy & Hydrogen Exhibition and Conference) en novembre 2023, Exxon_Mobil avait déjà montré de l’intérêt pour le gaz de schiste algérien.

​L’exploitation du gaz de schiste est un sujet controversé en Algérie. Bien que les réserves de gaz conventionnel diminuent et que la demande intérieure continue d’augmenter, la société civile s’oppose à cette option. Certains experts estiment cependant que l’exploitation du gaz de schiste est nécessaire pour assurer la sécurité énergétique à long terme du pays. La question reste ouverte : Sonatrach parviendra-t-elle à convaincre les Algériens d’accepter cette idée ?

​​Il est donc clair que dans vaste désert algérien, un jeu de pouvoir subtil et impitoyable se joue. Les ressources naturelles, longtemps considérées comme le trésor national, deviennent l’enjeu central de la légitimité politique. Dans cette quête pour asseoir leur pouvoir, certains leaders politiques se tournent vers des protecteurs internationaux, sacrifiant ainsi l’avenir de leur pays au profit de partenariats douteux.

​L’exploitation du gaz de schiste par des géants tels qu’Exxon-Mobil, l’ogre pétrolier international, incarne ce dilemme. Sous prétexte de développement économique, ces entreprises étrangères s’immiscent dans les richesses naturelles de l’Algérie, laissant derrière elles un sillage de destruction environnementale et sociale.

​Les conséquences de cette quête effrénée de pouvoir et de légitimité politique sont dévastatrices. Les martyrs qui se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie, qui ont sacrifié leur vie pour une nation libre et prospère, sont aujourd’hui insultés par cette trahison de leurs idéaux.

​L’exploitation du gaz de schiste dans le grand désert algérien symbolise cette trahison. Les conséquences de cette activité sont insidieuses et profondes. La pollution des nappes aquifères menace non seulement la santé des populations locales, mais elle compromet également l’équilibre écologique fragile de cette région désertique.

​Pourtant, malgré les avertissements et les protestations de la population, certains dirigeants politiques continuent de brader les ressources naturelles de leur pays au plus offrant. Leur soif de pouvoir les aveugle au point de compromettre l’avenir même de leur nation.

​Face à cette situation, il est impératif que la communauté internationale agisse. Les protecteurs internationaux tant recherchés par ces dirigeants politiques doivent être conscients des conséquences de leurs actions. Ils ne peuvent plus fermer les yeux sur les atteintes à l’environnement et aux droits de l’homme qui accompagnent souvent ces accords économiques.

​Il est également crucial que la population algérienne se mobilise pour défendre ses droits et son environnement. Les martyrs de l’indépendance ne doivent pas avoir sacrifié leur vie en vain. Leur lutte pour une Algérie libre et souveraine doit continuer à inspirer les générations futures à se battre pour un avenir meilleur.

​En final, la quête du pouvoir politique et de légitimité ne doit pas se faire au détriment des ressources naturelles et de l’environnement. L’exploitation irresponsable de ces richesses fragilise non seulement les écosystèmes locaux, mais elle compromet également l’avenir des générations futures. Il est temps que les dirigeants politiques prennent conscience de leur responsabilité envers leur peuple et leur environnement, et qu’ils agissent en conséquence.

Khaled Boulaziz

3 Commentaires

  1. Des études crédibles ont montré que cette ressource n’est rentable qu’aux Etats-Unis

    Le prestigieux cabinet conseil Wood Mac-kenzie, dans son rapport de juillet 2014, juste au moment de l’amorce de la chute des prix du baril avait publié un article sous le titre « Algeria’s Shale : big ressource, big challenges » (le schiste algérien : importante ressource, grands défis). Ressource sans « s » mais les défis, sont nombreux. Cet article démontre que dans les conditions actuelles économiques et technologiques, il n’y a que les Etats-Unis et dans une moindre mesure le Canada qui pourra dans la décennie qui suit produire le gaz de schiste qu’elle désigne par le terme « commercial » (02). D’autres études menées par Bloomberg New Energy Finance (BNEF) démontrent que le modèle américain n’est extrapolable nulle part ailleurs, et ce, pour plusieurs raisons. La théorie du « first mover advantage » donne un avantage compétitif aux acteurs économiques arrivés en premier sur le marché, donc aux entreprises américaines. Les réserves de gaz de schiste hors des Etats-Unis sont très difficiles à évaluer. Même les estimations des organismes gouvernementaux américains, qui font référence, manquent de crédibilité. La structure de coûts soutiennent ces études que l’exploitation de gaz de schiste aux Etats-Unis n’est pas transposable à d’autres pays, du moins à court terme, puisque certaines infrastructures comme le réseau routier ne sont pas nécessairement adaptées. La différence de taille entre les Etats-Unis et l’Algérie implique également des différences dans les économies d’échelle au désavantage de l’Algérie bien entendu. La seule similitude serait dans la faible densité de population dans les Etats américains producteurs de gaz de schiste, comme le Texas et donne moins d’échos aux problématiques de mitage du paysage et de contamination des eaux. C’est du moins ce que pensent certains experts algériens à commencer par le président de la République actuel pour les gisements situés au Sahara algérien. Peut-être aussi la qualité et la quantité du gaz de schiste dans les gisements si l’on croit l’US Energy Information Administration qui prévoit dans les gisements algériens un TOC (3) moyen de 6%, soit situé dans la tranche de l’excellence.

    3- L’Algérie a pris deux très bonnes décisions en conséquence.

    Il faut dire par ailleurs si l’EIA par sa cartographie de 2013 a chauffé pas mal de pays pour placer leurs activités et vendre l’expertise américaine dans l’exploitation du gaz de schiste. Les impacts du gaz de schiste sur le quotidien du citoyen américain est biaisé car une enquête menée par des milliers de chercheurs et scientifique de l’EPA en 2008 ont révélé que des centaines d’entre eux affirment avoir été l’objet de pressions politiques pour modifier les conclusions de leurs analyses ou pour tripoter les données de leurs recherches (04). L’Algérie cartographiée comme 3e réserve du monde en gaz de schiste après les Etats-Unis et l’Argentine n’a pas foncé comme ce dernier pays mais elle a opté pour évaluer son potentiel à travers des puits pilotes. Ensuite en 2020, après un débat houleux, le gouvernement Djerrad 1 devait surseoir à l’exploitation de cette ressource non conventionnelle en instruisant les responsables du secteur de :

    1- Poursuivre l’évaluation du potentiel
    2- Préparer une étude rentabilité économique
    3- Préparer une étude environnementale
    4- Présenter les impacts sur les nappes phréatiques
    Aujourd’hui, on sait que le 5e appel d’offres qui devait être soumis aux investisseurs a été reporté, mais on parle du côté d’Alnaft que des discussions sont en cours avec des géants américains sur deux grands projets que de nombreux observateurs « disent » schisteux. Ce qui est sûr, la stratégie de Sonatrach est réorientée vers les gisements matures en déclin pour améliorer leur productivité et cet axe donne des résultats excellents. Maintenant, si les investisseurs, très avantagés par la loi 19-13 avec une baisse de 20% de la fiscalité au détriment du Trésor public concrétisent leur Mémorandum of Understanding (MOU) pour prendre le risque avec Sonatrach dans les zones vierges, peu importe la nature de la ressource, tant mieux. Maintenant, s’ils persistent dans leur intention de camper Near Field, ce n’est pas rentable pour l’Algérie. Depuis la promulgation de la loi 86-14 instaurant le régime du partage de production, 80% des 10 milliards de dollars investis par les étrangers dans le cadre de cette loi, sont dans cette situation qui a donné des résultats appréciables. Sonatrach, par contre, en a investi le double pour un bilan décevant durant la même période parce qu’on lui laisse les zones difficiles en supportant seule le risque. Est-ce normal ?

    *Economiste pétrolier Renvois

  2. Correction

    Erreur de transmission; monsieur Reghis Rabah* est l’auteur et propriétaire de l’article

     »Le gaz de schiste n’est ni une bénédiction ni une malédiction
    par Reghis Rabah* »

  3. Toujours les mêmes arguments fallacieux pour inciter le peuple Algerien à accepter l’idee de l’exploitation du gaz de schiste,comme quoi les reserves du gaz naturel diminuent par le fait de la conso. interne.L’idee pernicieuse est de pousser les algeriens à exploiter le haz de schiste pour deyruire les reserves d’eau souterraines du sahara.D’où future dependance,etc etc…

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