Dans le sillage des grandes manifestations du monde libre, la conscience de l’humanité s’ébroue peu à peu de son sommeil engourdi. Aux quatre coins de la Terre, les bastions du savoir et de la dissidence reprennent le flambeau.
En effet, un geste de défi et de solidarité s’est élevé alors que des étudiants ont barricadé vendredi dernier les portes de la prestigieuse institution qu’est Sciences Po à Paris. Leur acte était une manifestation de protestation contre les horreurs se déroulant à Gaza, exigeant de l’université une condamnation ferme des actions israéliennes. Ce geste résonne en écho avec les manifestations observées sur les campus américains.
Les étudiants ont crié des slogans en soutien aux Palestiniens, arborant fièrement des drapeaux tricolores aux fenêtres et au-dessus de l’entrée du bâtiment. Nombre d’entre eux portaient le keffieh noir et blanc, emblème de solidarité avec Gaza.
Alors que les affrontements ont repris jeudi dernier dans les universités américaines entre les forces de l’ordre et les étudiants opposés à la guerre israélienne contre Gaza, des questions se posent sur les méthodes violentes utilisées pour réprimer les manifestations, en particulier depuis les arrestations massives survenues à l’université de Columbia la semaine précédente.
À l’université de Pennsylvanie, les manifestations contre la guerre israélienne contre Gaza se poursuivent depuis plus de six mois. Jeudi, des étudiants ont commencé à dresser des tentes sur le campus, rejoignant ainsi le mouvement de manifestations étudiantes observé dans plusieurs universités américaines. Une vingtaine de tentes avaient été dressées jeudi soir, et jusqu’à vendredi après-midi, aucune arrestation n’avait été signalée. Ce campement faisait suite à une marche à Philadelphie, organisée en réponse à une grève des enseignants en Pennsylvanie.
La guerre qui fait rage dans la bande de Gaza a fait plus de 112 000 victimes et blessés, principalement parmi les enfants et les femmes, sans compter les destructions massives et la famine qui ont emporté des vies, jeunes et âgées, selon les chiffres officiels des Nations unies.
Israël persiste dans ses crimes malgré l’adoption d’une résolution de cessez-le-feu immédiate par le Conseil de sécurité et sa convocation devant la Cour internationale de Justice pour des accusations de génocide.
L’Europe de Bruxelles ait été le théâtre d’une série d’annulations et de répressions à l’encontre de manifestants pacifiques, d’universitaires et de tout individu exprimant sa solidarité avec les droits humains des Palestiniens ou critiquant l’État d’Israël.
L’attaque sans précédent du Mouvement de résistance sur le sol israélien le 7 octobre 2023 et la réplique écrasante de l’État hébreu contre la bande de Gaza ont intensifié le débat sur le conflit au Moyen-Orient, creusant les divergences entre deux camps dont les perspectives restent diamétralement opposées.
En riposte, Israël s’est engagé à éradiquer la résistance, détentrice du pouvoir à Gaza depuis 2007 et désignée comme organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a causé la mort de 34 356 personnes, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé palestinien. Dans cette atmosphère tendue, les voix favorables à la cause palestinienne sont souvent accusées de complaisance envers la résistance d’antisémitisme.
Aux États-Unis, le débat fait rage alors que des centaines d’étudiants ont été appréhendés sur les campus universitaires pour avoir organisé un sit-in afin de protester contre le soutien militaire américain à Israël et la crise humanitaire à Gaza.
En Europe, au moins 12 pays ont pris des mesures jugées disproportionnées, notamment l’interdiction des manifestations au nom d’un prétendu risque pour la sécurité publique et la sûreté, selon un rapport du Forum civique européen basé à Bruxelles.
Cette répression de la solidarité avec les Palestiniens découle du soutien massif apporté à Israël par les gouvernements européens, en lien avec l’Holocauste juif, d’après le Forum civique européen.
En France, pays comptant la plus grande communauté juive et musulmane d’Europe, et craignant les répercussions de la guerre sur son sol, les autorités ont intensifié leurs mesures, interdisant les manifestations pro-palestiniennes, annulant des conférences et convoquant deux figures politiques de la gauche radicale sous prétexte d’apologie du terrorisme. En Allemagne, la visite de l’ancien ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a été interdite mi-avril pour prévenir toute propagande antisémite et anti-israélienne, selon les autorités allemandes. La police a interrompu les activités de la Conférence palestinienne, à laquelle il devait participer, une heure seulement après son commencement.
Le ministre grec ainsi que l’écrivaine française Annie Ernault, prix Nobel, sont sous le feu des projecteurs du Parlement autrichien, qui exige le retrait de leur invitation aux Semaines festives de Vienne. La direction artistique du festival refuse cette demande, considérant qu’il est tout aussi absurde de qualifier l’écrivaine d’antisémite que de la qualifier d’anti-française du fait de ses critiques envers le gouvernement de son pays.
L’argument fallacieux de la lutte contre l’antisémitisme pour réprimer les voix critiques envers le gouvernement israélien perd toute crédibilité, d’autant plus que certains de ces critiques sont juifs, à l’instar de l’écrivain Norman Gary Finkelstein.
Pendant que l’Allemagne se défendait devant la Cour internationale de Justice contre les accusations portées par le Nicaragua pour son rôle présumé dans le génocide à Gaza, l’opposition allemande critiquait vivement la censure et la violence entourant la conférence annulée à Berlin. Elle rappelle que la solidarité inconditionnelle avec Israël est une exigence des plus hautes sphères de l’État allemand.
Entre octobre 2022 et octobre 2023, le Centre européen de soutien juridique aux Pays-Bas a enregistré 310 actes répressifs à l’encontre de manifestations ou de personnalités pro-palestiniennes, allant de mesures judiciaires au harcèlement en passant par l’annulation d’événements. De début octobre au mois de mars, ce nombre a plus que doublé pour atteindre 836 incidents.
En France, les autorités ont mis en place un dispositif administratif judiciaire ciblant les individus exprimant leur soutien aux Palestiniens, sans étendre ce dispositif à ceux qui soutiennent Israël.
Mais, rien ne sera plus comme avant. L’humanité, prisonnière des lobbies financiers et médiatiques, réalise désormais comment une élite des ténèbres cherche à la soumettre. Ce réveil, entamé il y a 200 jours, continue de s’exprimer d’une voix unie, tout cela grâce au vaillant combat du peuple palestinien.
Khaled Boulaziz