ALGÉRIE : QUI A PEUR DU PEUPLE?

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« La nation algérienne renaîtra de ses cendres, quand l’autorité qui s’est exercée contre elle s’exercera pour elle. Une de cœur, faite au profit de tous les algériens ; elle peut alors changer le destin de notre pays et le faire entrer dans le cycle des temps présents. »

Ferhat Abbas – Homme d’État Algérien (1899 – 1985)

Au bout d’une terrible guerre de libération, l’Algérie ambitionnait de reconstruire sa puissance et consolider son indépendance. Éminemment, la puissance a toujours évolué concomitamment avec l’indépendance.

En un demi-siècle seulement, ce qui est peu dans l’histoire des nations, cette terre se voit divisée, affaiblie et soumise à des forces dévastatrices à la fois internes et externes, aux confins d’une effroyable guerre civile qui testa les limites de la cohésion sociale millénaire du peuple algérien.

A l’évidence, les tensions historiques n’ont cessé de jeter de tout leur poids sur la situation actuelle de notre pays. Les réseaux de pouvoir occultes endogènes liées à des puissances économico-politiques n’ont cessé de vouloir arrimer le pays à leur sillage.

Heureusement, et malgré toutes les injections du désordre social, régional, économique, dans le corps du pays, cette âme algérienne, d’essence musulmane encaisse, résiste, refuse, répond. Sa réponse à la violence oligarchique par des corps qui se sont constitués sous une pression du capital prédateur grandissante est plus que jamais réelle.

Car elle s’inscrit dans la conviction ultime que le bien, le bien pour tous ne peut qu’inéluctablement triomphé.

Sociologiquement, et historiquement la nation algérienne fut toujours réfractaire à l’emprise oligarchique. Même sous le joug de plusieurs empires coloniaux et l’exil intellectuel de son élite, les habitants de cette terre eurent le dessus sur les hordes envahissantes.

A l’heure actuelle, et sous les coups buttoirs incessants, la nation algérienne subit une répression physique et médiatique du pouvoir visible, mais en même temps, elle esquisse une résistance au nouvel ordre qui veut se mettre en place et de ses maîtres d’outre-mers, ceux qui brandissent l’illusion démocratique.

Sachant cela, l’ensemble des algériens sont lucides, ce qui constitue déjà une sacrée avancée dans l’imaginaire de la nation. Mais que faire ?

D’abord, comprendre que nous sommes en guerre, et que nous sommes attaqués. Et cela depuis longtemps.

Au source de cette violence il y a d’abord un type de discours construit sur les manigances, les ruses et la duplicité. Ce discours est érigé en un véritable art du mensonge.

Ensuite, comprendre que l’ennemi est parmi nous, il se voile, il apparaît chaque jour dans les médias, il se dissimule, il entre dans la tête des gens, il les parasite.

Extirper cet ennemi endogène demande de la lucidité, de l’information, de la catégorisation, de la logique, c’est pourquoi la guerre de l’information est capitale et décidera de l’issue de ce combat politique.

C’est aussi pourquoi le pouvoir visible (de plus en plus décrié), sur injonction du pouvoir invisible (de plus en plus visible), devient de plus en plus brutal avec ceux qui sortent de la ligne de pensée officielle.

La vision la plus lucide de la situation, et de son évolution d’hier à aujourd’hui, pour tous les gens intelligents, reste que le salut ne peut être que dans le ressourcement de l’Appel du 1er Novembre, le point de convergence absolue de l’âme algérienne.

Sans haine, mais avec intelligence et discernement cette même âme doit conséquemment juger le présent par le passé, et ne pas trop se fier aujourd’hui à cette France ringarde, sous influence, devenue puissance de troisième ordre.

La nation algérienne dans sa grande diversité et richesse a la capacité politique de se gouverner à travers une élite qu’elle enfantera elle-même de ses entrailles ; pour le triomphe et le bien de tous.

Ceux qui en doutent freinent l’essor de cette nation et musellent une jeunesse aux immenses potentialités qui piaffe de construire son destin, le destin de l’Algérie de demain.

Penser l’Algérie est d’abord un débat qui ne doit avancer que dans l’apaisement. Il doit être l’emblème de la pluralité des sens de l’histoire, des bifurcations possibles d’une société plurielle.

Cette démarche doit être cultivée dans la conscience des jeunes Algériens d’aujourd’hui, tout comme cet éveil national a intérêt à se réapproprier toute la richesse intérieure de ce peuple à travers les courants divers du nationalisme algérien.

L’Algérie se cherche, fouille dans les plis de sa mémoire les commencements d’une tragédie, d’une guerre, et décide de n’être pas prisonnière des antagonismes qui se déchirent.
Personne ne doit donc être accusé de traîtrise.

Car, à l’intersection des points de vue, ceux qui veulent se réapproprier une terre qui est la leur à l’origine, et ceux qui considèrent que cette terre leur appartient désormais, le seul point de convergence doit être dans l’implication passionnée, l’engagement sincère, et la lucidité sans faille afin de défaire les nostalgiques d’un ordre révolu.

Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à nous, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené.

Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit être porter par le peuple, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison.

Ceux qui professent le contraire, se sont ceux qui ont peur du peuple.

Khaled Boulaziz

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