En visite en Algérie, une députée française livre un témoignage accablant sur l’ampleur de la répression

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Politique

Par: Riyad Hamadi 02 Oct. 2019 à 09:41
TSA

En visite en Algérie, la députée française Mathilde Panot de la France Insoumise, le parti de Jean Luc Mélenchon, a livré lundi un témoignage accablant sur l’ampleur de la répression contre les manifestants.

« Je suis en Algérie depuis hier (lundi, NDLR). En tant que militante de la révolution citoyenne, je suis venue avec mon suppléant Mourad Tagzout, rencontrer les acteurs et actrices du mouvement populaire pour comprendre, apprendre et exprimer notre solidarité à cette révolution du sourire », écrit d’emblée la députée sur sa page Facebook.

« Il y a aujourd’hui près d’une centaine de personnes en prison avec des chefs d’inculpation aussi farfelus que, « participation à manifestation », « atteinte au moral de l’armée » ou encore pour « atteinte à la sûreté de l’État » », explique-t-elle.

Et de préciser : « Leur grande majorité sont de très jeunes gens que le gouvernement militaire traîne en justice simplement pour participation aux grandes marches, pour avoir porté l’emblème amazigh (berbère) ».

Pour elle, « cette hausse des arrestations traduit une répression et une volonté d’effrayer le peuple pour arrêter un mouvement révolutionnaire historique et pacifique. »

La députée affirme que « les droits fondamentaux sont foulés au pied, des jeunes femmes et hommes sont en prison pour n’avoir rien fait. »


« Les militants craignent que ces méthodes d’arrestation en voiture banalisée tournent en « disparition » », rapporte Mme Panot, qui a participé lundi matin à un rassemblement de soutien aux détenus du Hirak, devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. Hier mardi, Mathilde Panot a été interpellée à Bejaia alors qu’elle participait à la marche des étudiants, avant d’être relâchée.

« Au côté du réseau de lutte contre la répression, pour les libertés démocratiques et la liberté des détenus d’opinion, nous demandons la relaxe de ces hommes et femmes et dénonçons les exactions contre les droits humains », réclame-t-elle, en estimant que « le pouvoir de fait ne peut ainsi maintenir sans raison des personnes en prison, tels des otages ».

Pour elle, le président français « Emmanuel Macron et l’Union Européenne ne peuvent se taire sans être complices. »

La députée ne se contente pas de raconter le côté sombre de la révolution pacifique algérienne. Elle évoque l’autre face et se dit impressionnée par le « moment historique » que vit l’Algérie.

« Depuis le 22 février 2019, des millions d’Algériens sont dans les rues. Et la répression n’entame ni la mobilisation ni la détermination du peuple algérien (…) Toutes les tentatives du pouvoir d’arrêter ce mouvement ont été déjouées par le peuple. Tout le monde parle ici de « génie populaire » », raconte Mme Panot.

La députée assure que le peuple algérien « mobilisé refuse les divisions » : « Quand le pouvoir tente d’instaurer un fossé entre berbérophones et arabophones, quand il tente d’imposer de force une élection présidentielle le 12 décembre, le mouvement populaire exige, uni, de décider soi-même ».

Le peuple algérien se constitue « en acteur politique contre la caste au pouvoir, contre le vol en bande organisée des richesses du pays par les multinationales dont Total, contre la confiscation de l’avenir », analyse-t-elle.

La députée estime que « la solution reste et sera toujours le peuple ! » et ajoute que « plus que jamais, nous devons exprimer notre solidarité avec le peuple algérien. »

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