« Un peuple béni par la pluie se dresse face à un régime honni »

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Raouf FARRAH.

La pluie est tombée comme une épaisse couche de grâce sur Alger. Elle est une bénédiction du ciel venue désaltérer la soif d’un peuple en quête de liberté.

Les images du vendredi 39 à Alger, comme celles dans tout le pays, ont montré au monde que le Hirak est d’abord et avant une posture; une attitude exemplaire que le peuple algérien s’est imposé pour montrer l’image d’un pays résilient par le courage, l’unité et la détermination de ses citoyens.

Sur Didouche Mourad, l’image de la chaîne humaine où des femmes et des hommes sont serrés dans des rangs alignés, gorges déployées et cœurs ouverts sous le torrent de grêle, résume à elle seule l’esprit du Hirak.

Les milliers de parapluies au ciel se dressent comme des têtes en suspens. C’est un corps qui forme un tout sur lequel échoie des flocons de grêle, à flot. En quelques minutes, le peuple algérien s’enivre et les voix s’élèvent vers le ciel pour chanter l’amour d’un drapeau trempé d’espoir et de vœux.

La victoire du peuple contre le régime honni est celle de l’endurance. Une endurance physique. Psychologique, aussi. Surtout. Une victoire qui prend sa force et ses racines dans les tréfonds de la société et dans l’expérience d’un mouvement populaire qui cumule presque 9 mois de vie.

La ténacité du peuple algérien est époustouflante. Ni les chaleurs torrides de l’été, ni le jeune du mois de Ramadhan, ni la période estivale n’ont eu raison de la mobilisation. Et à moins d’un mois d’une échéance électorale encore hypothétique, le mouvement populaire paraît plus fort que jamais.

Le vendredi 39, les Algériens ont gagné la bataille du « signifié » élections; celle de la représentation du concept. Et même s’ils risquent de ne pas remporter la lutte du «signifiant » – l’objet ou l’aspect matériel du signe « élections », ceci n’est qu’une affaire de temps.

Le régime, qui croit toujours être en mesure d’organiser des élections en date du 12 décembre, a subi un autre revers cette semaine. Des jeunes d’Annaba ont réussi à bloquer une marche pro-élections organisée par l’UGTA au centre-ville (Cours de la Révolution). Le syndicat a transporté en autobus payés par l’argent des Algériens de simples travailleurs en les menaçant de perdre leur emploi s’ils n’assistaient pas à la marche. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtés, puis relâchés alors que certains ont été agressés physiquement.

Bras d’honneur face au régime, les jeunes sont revenus sur le Cours de la Révolution tard en soirée pour affirmer qu’ils n’ont pas peur du régime et qu’ils réitéreront leur action à chaque fois que cela serait nécessaire.

Si le peuple algérien a réussi à faire échouer deux élections de suite en l’espace de 7 mois, il est proche d’annuler une troisième de suite, ce qui marquerait la « mort » politique du régime.

Les manifestations du vendredi 39 ont concerné plus de 44 villes. Elles nous donnent déjà le ton du prochain mois. Le message au régime est très clair : plus vous vous entêtez à forcer l’organisation d’une élection illégitime, plus nous nous mobiliserons pour faire échouer votre plan. C’est une « question d’honneur » et d’amour pour la patrie.

Raouf Farrah –
vendredi 15 novembre 2019

Crédit photo: Mohamed Kamoun

1 COMMENTAIRE

  1. Au bout du bout l’espoir est du côté du peuple insurgé avec ses collectifs sans chefs ni zaim passeront à la désobéissance civile sans violence pour nuir surtout aux intérêts des prédateurs du système. C’est le peuple qui donnera le coup fatal à un régime fissuré.

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