LA BÊTISE.

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Hacene Loucif

 Débile est la tentative de la junte militaire de récupérer la date du 22 février, de lui enlever tout ce qu’elle représente et de lui tailler l’uniforme qui sied aux portes-galons.

Cette sale besogne porte la signature du désigné d’El Mouradia, Abdelmadjid Tebboune.

En quelques lignes d’un « communiqué de la présidence », ce dernier semble avoir cédé à l’illusion de décréter la date anniversaire de La Silmiya « journée nationale de cohésion et de fraternité entre le peuple et l’armée ».

QUELQUES RAPPELS…

La cohésion, c’est au sein de l’armée qu’elle est mise à rude épreuve. La menace lui vient de la lutte des clans à laquelle se livrent les généraux de l’État-major.

La constitution clanique du régime a mis en échec le projet d’institutionalisation du pouvoir porté par le Congrès de La Soummam. Elle a donné lieu à un système de l’exercice du pouvoir politiquement non identifié. Un système qui a fini par mettre l’Algérie dans l’anti-histoire, c’est-à-dire sur la voie de sa disparition.

Il a fallu que le peuple renoue avec le sens de son combat libérateur pour que l’Algérie prenne conscience de la possibilité qu’elle a de vivre une nouvelle naissance.

En décidant d’agir à cette échelle, le peuple a temporairement pu stopper de grosses manœuvres de déstabilisation, intérieures et extérieures.

Au niveau interne, La Silmiya a pu dessiner une ligne de démarcation entre la crise du régime qui n’arrive pas à se renouveler et la crise de l’Algérie qui est dans une impasse historique.

Ainsi, elle a permis au peuple de se mobiliser massivement et pacifiquement, de préserver le caractère autonome de sa mobilisation, malgré les tentatives du régime de la subordonner à sa propre crise.

En choisissant la voie pacifique du combat, le peuple à, jusqu’à présent fait preuve d’une admirable patience et d’une lucidité des plus pointues.

Sur le plan externe, le rayonnement de La Silmiya est tel qu’il arrive à contourner l’omerta médiatique et à forcer l’admiration des esprits alertes, des justes et des peuples dans le monde.

La Silmiya a mis en échec les manœuvres des puissances néocolonialistes et de leurs bras régionaux qui n’ont pas cessé, les uns voulant la détruire, à l’ exemple de l’axe Le Caire-Abou Dhabi-Ryad, et les autres visant à la récupérer, à l’instar de Doha et Ankara.

Pour ce qui est de la fraternité, elle est au cœur de chaque élan de solidarité qui traverse le pays à chaque fois qu’une région est particulièrement ciblée par les campagnes de diabolisation et la répression du régime.

Cette fraternité a pu préserver l’unité du peuple face aux tentatives du régime de le diviser. Ainsi, elle a pu éviter au pays le risque d’un conflit fratricide.

Par ailleurs, Abdelmadjid Tebboune pousse l’imposture jusqu’à vouloir montrer que les manifestations populaires prévues pour le 22 février ne sont pas si hostiles qu’elles ont en l’air, à l’égard du régime.

Le « communiqué présidentiel » ne le dit pas expressément. Mais, l’idée, c’est de montrer que le régime est entrain de changer de l’intérieur, qu’une révolution, aussi pacifique soit-elle, n’est pas nécessaire et qu’il suffit de quelques réformettes pour que tout rentre dans l’ordre.

D’ailleurs, c’est ce que Tebboune a sous-entendu- dans un entretient accordé au Figaro, en déclarant que les choses commençaient à s’apaiser.

Puisque les choses « s’apaisent », pourquoi les enseignants du primaire ont-ils été réprimés à Alger tout récemment ?

Pourquoi les routes menant à Alger sont-elles coupées pour empêcher les Algériens de célébrer le premier anniversaire de La Silmiya dans leur capitale ?

Pourquoi des manifestants pacifiques arrêtés ont-ils été devant le juge, hier (19 fervirer) à Médéa ?

Pourquoi des détenus d’opinion sont-ils toujours en prison ?

Pourquoi un forum sur la révolution en cours n’a-t-il pas été autorisé ?

Ces questions qui fâchent, le régime n’aime pas qu’on les lui pose.

Syndrome colonial oblige, le régime a le réflexe pavlovien de chercher à rassurer ses protecteurs de l’extérieur, à commencer par l’ancien occupant colonial, à chaque fois qu’il est en crise.

Quant au peuple, il est perçu comme un ennemi à chaque fois qu’il se mobilise pour changer les choses.

En tout cas, il est clair que la bêtise du régime est infinie.

UNE NOUVELLE PAGE S’OUVRE.

L’an I de La Silmiya a vu le monde pris par la puissance subversive du Sourire de cette révolution populaire. Elle a vu l’Algérien briser le mur de la peur et du silence, se réapproprier la parole et l’espace publics. En somme, elle a pu permettre l’émergence d’un nouveau rêve algérien.

Les mémoires collectives ont été revivifiées et enrichies. De nouveaux référents historiques sont entrain de se mettre en place.

L’an II, c’est celui de la réhabilitation de la pensée politique dans ses différentes dimensions et de l’initiative citoyenne pour se réapproprier l’acte politique.

La loi du nombre à montré l »immensité du pouvoir du peuple. La raison politique émergente est à même de permettre de mettre les jalons du « Projet Algérie ».

Un nouveau projet national doit faire l’objet de travaux pluridisciplinaires et de plusieurs rencontres. En ces conditions, il peut offrir de réelles possibilités de constituer un pôle politique de médiation, de rendre réelle l’ouverture d’une transition démocratique porteuse de perspectives à même d’offrir à l’Algérie les moyens de produire sa propre histoire.

Ce qui se passe en Algérie n’est pas une simple contestation populaire. Nous vivons un processus de métamorphose du sens de la révolution que le peuple a appelé « La Silmiya ».
Hacène LOUCIF.

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