LA CONSPIRATION CONTINUE

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      Abdellah CHEBBAH                                Mai, 2020

Combien de constitutions doit-on encore rédiger ou amender pour finalement tomber sur la bonne? Aucune. Avant toute chose, ne mettons pas la charrette avant les bœufs. Il y a un préalable. Il faudrait d’abord définir les grandes lignes d’un projet de société ou tout citoyen pourrait se reconnaître suivant des normes à respecter. Ensuite, la constitution en définira les modalités d’application de celles-ci.

Depuis l’indépendance, chaque président parachuté s’est attelé à en écrire une sur mesure, suivant ces désirs, ses intérêts et ses ventriloques fantômes, sans consulter la base profonde qui est le peuple pour laquelle elle est adressée.

Tant et aussi longtemps que les personnes désignées par les gardiens du temple et leurs troufions rédigent et décident de ce qui est bon pour le peuple, aucune constitution ne plaira aux eux comme aux autres.

Il s’agit là de récolter des avis au sein du peuple et non d’en dicter ni d’en imposer par des technocrates adoubés au système. Pour faire court, la constitution réelle, simple, concise et voulue par le peuple a été écrite dans la rue par celui-ci, un certain 22 février 2019 :

  1. TROUHOU GA3.
  2. DAWLA MADANIA MACHI  3ASKARIA.
  3. SYSTÈME DÉGAGE. 
  4. SOUVERAINETÉ AU PEUPLE.

Le reste n’est que mensonges auxquels ce peuple n’y croit plus. En 58 ans, aucun président n’a pu accoucher d’une véritable constitution qui reflète les désirs et les aspirations des Algériens. Comment ces derniers vont-ils croire en celle proposée dernièrement en mouture?

Une constitution ne se rédige pas en un mois par des adoubés au système. Les amendements proposés à la précédente ne tiennent pas la route. Les temps et les générations ont changé. Elle s’écrit par un peuple qui subit les vicissitudes du quotidien et l’angoisse de l’avenir. Perchés sur des strapontins éjectables à tout moment, sans en être imputables, ne fera que pérenniser les erreurs, les maladresses, l’ignorance de la réalité, le système en lui-même et le mépris infligé au peuple. Ça, le peuple le sait maintenant. Ce système de recyclage de personnes et de politiques déjà vues et entendues est obsolète. Il doit changer. Place à l’innovation.

Le peuple Algérien a atteint une maturité inégalée. Il sait aujourd’hui qu’il pourra se prendre en charge sans aide ni moyens de ses gouvernants. Encore une fois, à titre d’exemple, il a démontré à travers ses médecins, ses universitaires, sa diaspora à l’étranger et ses jeunes génies comment gérer une situation de crise sanitaire dont le pouvoir ne s’inquiète même pas, bien au contraire. Des fonds, du matériel médical, des vivres, du bénévolat affluent de toutes parts pour venir en aide à leurs frères et sœurs démunis et malades.

Sérieusement, comment prétendre déclarer un avant-projet de constitution le 8 mai 2020 date commémorative qu’on voudrait instituer comme journée de la mémoire, alors que ce pouvoir emprisonne encore des jeunes pour des amendements qu’il préconise?

Billah 3likoum, comment voudrait-on constitutionnaliser le Hirak comme mouvement révolutionnaire en se l’accaparant, alors que des prisonniers d’opinion de ce Hirak croupissent dans les geôles?…

Comment voudrait-on assurer l’exercice des libertés de réunion, de rassemblements publics, de presse indépendante et de justice lorsque toute la société civile est soumise à autorisation ?…

Comment venir à bout de l’allégeance corrompue de toutes les institutions de l’état et de ses cadres quand la compétence n’est pas reconnue?

Comment faire admettre à l’armée que sa place est dans les casernes quand les ordres sont dictés par la hiérarchie de celle-ci ? N’est-ce pas un signal d’attitude de force et de maintien de l’institution dans la politique civile?….

Comment redresser l’économie tributaire des seuls revenus des hydrocarbures à 98% quand le taux de chômage avoisine les 30% et qu’aucune facilité bancaire ou autre n’est attribuée aux investisseurs locaux ou étrangers, sauf à la clientèle reconnue ‘’import-import’’ pour services rendus?…

Comment réévaluer notre dinar devenu une monnaie de singe transportée dans des sacs à poubelle au vu et au su de tout le monde y compris l’état et que le marché informel de la devise étrangère se voit côté sur la place publique ‘’Wall street‘’?

Autant de questions auxquelles il faudrait d’abord y répondre pour apaiser les esprits et gagner la confiance du peuple. La relation entre gouvernants et gouvernés est démunie de toute confiance, de toute sincérité, de tout bon sens. Certains essayent de s’en sortir et d’autres de maintenir la politique du trou, du clou et du marteau.

Le problème crucial de l’Algérie se résume en trois points fondamentaux:

                        –  La crédibilité et l’honnêteté des dirigeants.

                        –  l’implication de l’armée dans les décisions politiques.

                        –  La perte de confiance de toutes les institutions de l’état.

                                                     On ne peut plus duper quiconque.

Ce système de gouvernance doit radicalement partir. Il est vieillissant et éructant, par conséquent dégoûtant. La colère exacerbée du peuple, dont la patience a atteint ses limites, risque de s’emballer et d’utiliser un autre langage plus direct, très significatif.

Il faut partir avant que les institutions de l’état lâchent prises sur les directives mensongères dont elles ont été constamment abreuvées.

Laissez la refonte de ce pays se reconstruire sur des bases solides par les nouvelles générations ouvertes sur le monde, qui ont d’autres visions plus sincères et plus honnêtes.

58 ans de gâchis, ‘’Barakat’’. Des ignares, des incultes, des vendus ont ruiné un pays, physiquement et moralement. Le temps de la relève a sonné.

Ce système de gouvernance axé sur la répression, la rapine et les mensonges politiques aventuriers ont fait trop de dégâts pour que le peuple Algérien pardonne. Le passif est trop lourd pour oublier d’un revers de main et pour croire encore à des balivernes. 

L’avant-projet de la constitution proposé pour amendements est nul et non avenu. Il sera encore une fois bafoué comme tous les autres car les serments n’ont jamais été tenus.

Le peuple Algérien veut un changement radical de toute la classe politique aux commandes par une passation de pouvoir de transition garantie. Il ne veut plus entendre parler d’antécédents de personnes, de partis, de politiques qui rappellent une tragédie.

Partir est la seule issue raisonnable. 

2 Commentaires

  1. Cher Monsieur Sebbah

    Le systeme ne cherche plus a duper les algeriens . Il sait que la rupture est totale .

    Par contre il dit :
    * AHNA Y’MOUT DJHA. Ne ne rendrons jamais le pouvoir et DEZZOU MAAHOUM !
    Ce nouvelle constitution n’a qu’un seul but : LA PERENITE DU SYSTEME ! Ne plus vivre des periodes de transition cahotiques.
    Le president s’en va , son vice-president le remplace au pied . Pas de reglements de comptes , pas de bagarre entre clans.

    Quant au peuple , croyez moi ; ils s’en foutent totalement !

  2. c est au peuple de montrer s il est assez conscient pour proteger son pays et ses enfants des predateurs ! l histoire de ce formidable pays a montré que la plus grande menace de ce pays n est autre que ses dirigeants qui n ont jamais pensé a proteger « les institutions de ce pays  »
    Boumedienne allah yerahmou en etait conscient n’a t il pas declaré avant sa mort que la plus grande oeuvre qui l attend est de construire un eddifice institutionnel qui produira des institutions en mesure de survivre aux hommes? Sommes nous vraiment capable de construire des institutions qui rendra les institutions « sacrées » qui rejettent les lois scelerates qui ne protegent pas le pays et surtout qui rendent les decideurs a tous les niveaux responsables et comptables des decisions qu ils prennent ! nous sommes devenus un pays completement « hors normes » n ‘ a t ont pas vu en direct un ancien ministre des finances declarer le plus normalement du monde A LA QUESTION DE SAVOIR POURQUOI IL N A PAS EXPLOITE le rapport de la banque d algerie sur l affaire khalifa qu il etait bete! la justice de cette epoque a pris cette reponse comme un argument et a cloturé le dossier ! n est-ce pas une forfaiture! et SIDHOUM SAID qui a declaré le plus normalement en direct a la tele « qu il assume » c est a dire qu il defie la justice et le peuple puisqu il s etait rendu coupable de detournement des finances des caisses de retraites et des assurances banques opgi…pour son ami khalifa!? Pourquoi il n y a pas de loi qui proteges les entreprises et les institutions et qui les rendent les uniques responsables des actes de gestion de leurs organisations?

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