L’agression féodale et le Hirak.

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par Ghazi Hidouci.
20/10/2020.

« le radin rouvre ses anciens registres, quand il fait faillite ».La situation des droits humains va se dégrader, surtout en raison de l’agression de l’ouest et sa peur d’une contagion des « printemps arabes » dans la région ; L’enrichissement considérable de la féodalité militaire au pouvoir, du fait des ressources gazières et pétrolières du pays, accompagné d’un accroissement vertigineux des inégalités, d’une rhétorique nationaliste et revancharde de la propagande, et d’un achat massif d’armements, sans compter la volonté de l’OTAN d’impliquer l’armée à l’étranger, et les manouvres communautaristes internes entrainent une situation de déstabilisation de la souveraineté dangereuse.

La baisse des prix du pétrole, la dégradation de la situation économique et sociale ; les menaces sur les citoyen.nes de Kabylie vont provoquer une accentuation du discours nationaliste et sécuritaire. Voila également que les gouvernements étrangers ne cachent plus leur implication directe et centrale dans la production de groupes terroristes et leur utilisation contre les peuples. Nous ne pouvons plus nous laisser tromper par la réthorique religieuse du renseignement secret et faire semblant de l’ignorer comme en Syrie et chez nous pendant la décennie noire. Des combattants djihadistes sont à nos frontières et très probablement à l’intérieur et attendent pour développer la guerre civile. Les groupes terroristes sont connus, tracés, identifiés. Ils viennent d’Etats qui opèrent dans la région. De nombreux contingents se préparent. Une ligne rouge dans les formes guerrières d’agression est franchie et elle est inacceptable dans notre ligne politique de souveraineté. C’est la responsabilité des citoyen.nes de demander des explications sur ce caractère inacceptable et de préparer la résistance politique. 

L’arrivée des groupes terroristes présente un danger grave pour l’ensemble de la région. C’est une question de responsabilité directe des Etats voisins. La résistance efficace est politique, populaire, d’unité. Le Hirak a accordé une légitimité que l’Etat a perdue dans la région et dans le monde arabe. Seuls les USA, l’Arabie saoudite font semblant de l’ignorer. La crise des recettes pétrolières fait tragiquement l’actualité. Ils sont hostiles à la démarche politique de masse pour réformer en profondeur le système politique et économique du pays ; ils craignent l’affaiblissement de leur influence et l’éloignement des recettes du FMI dont le rôle politique est d’aggraver la situation si elles venaient à être appliquées.

Or, La crise économique et de souveraineté est le produit de échecs de la gestion étatique par l’Etat Major tant conjoncturels que structurels. Les services publics ont été partagés entre divers clans oligarchiques qui mettent le pays en coupe réglée. La crise bancaire, qui conduit à une situation de forte inflation, témoigne avant tout de la capacité de l’oligarchie à se partager la rente et à la mettre à l’abri en cas de besoin. Les réformes proposées par les institutions internationales pourraient en réalité détériorer encore plus la situation. Ces réformes, soutenues bruyamment par l’Occident, ne font qu’entériner la spéculation et l’abandon de fait d’une large partie des services publics. Pourtant, le pays a des avantages économiques incontestables, qui tiennent tout autant à sa géographie qu’a une sphère économique qui reste malgré tout extrêmement vivace.

L’agression économique :

Si la logique du FMI était mise en place, celui-ci prétendrait imposer des réformes visant à assainir le système bancaire, la banque centrale, les services publics. Mais compte tenu de la structuration de la scène politique citoyenne, ces réformes seront détournées de leur sens, par la spéculation sur les services publics profitant essentiellement à l’oligarchie des Issabas. On transférerait ainsi une propriété de fait, liée au clientélisme, à une propriété de droit, qui consoliderait encore plus le pouvoir de ladite oligarchie. Ces difficultés économiques sont le fruit amer d’une crise du système politique. Ce système doit disparaitre, conformément au droit international et aux traités pertinents. Si le système s’effondre et le pouvoir citoyen émerge, le champ est très large, notamment pour l’économie, la dette et la monnaie.

Le passé au présent et l’actualité du passé.

Ce geste de retour à 90 n’érige pas un monument ni ne commémore ou célèbre ; c’est un acte d’engagement. Sa temporalité n’est pas celle d’un passé révolu, mais d’un passé plein d’à présent. Le Chemin est ce souvenir qui nous sauve : de l’impuissance et du renoncement face aux haines qui rôdent et aux peurs qui ruinent …Chacun de ces commentaires fait penser, à contre-courant des politiques étatiques, le choix d’exiger la liberté, les chaines de solidarité qui se sont constituées. Au temps du désastre, la force politique nous interpelle toujours, la conclusion d’une patiente lucidité, la nécessité de brosser l’histoire à rebrousse-poil , le pire janvierisme toujours possible, la barbarie, produit et visage de la civilisation elle-même », sans oublier La Révolution entendue comme une interruption de la course à l’abîme et ce chemin que nous créons en marchant. Les nouveaux rapports de force ouverts par le Hirak ouvrent la résistance autour de cette mémoire collective de 1954 refoulée et toujours vivante. Cette mémoire est un héritage de miséricorde, remède à la violence féodale et coloniale qui a envahi l’Etat en 1962.

La volonté du courant politique massif populaire de retourner l’échiquier politique national sonne comme la fin de partie de ce qui a été initié en 1962. Cette fin de partie, entrevue en 1991 et que la terreur de la décennie noire a éliminée en fabriquant la terreur spirituelle des innocents et la division des citoyen.nes. Les Janviéristes, encore au devant de la scène n’ont apporté ni prospérité, ni justice ni vérité, mais de plus en plus de catastrophes. Il est impossible de tourner cette page noire sans que le régime ne demande pardon, il est impossible de pardonner avec ce nouveau brouillon de constitution, indigne de ses auteurs. Le mal, refoulé par une conscience spirituelle exceptionnelle des gens, miracle de notre société n’empêche pas malheureusement la réapparition de démons prêts à ressurgir à tout moment. Les joutes sont structurées autour des libertés individuelles et collectives de l’unité nationale et de la paix unanimement et massivement affichés. Le régime tente de diviser, en utilisant systématiquement le communautarisme et l’islamisme violent fabriqué que personne ne voit.

La haine des nouvelles générations :

Les jeunes, qui nient ce mensonge, pensent le réel sans assumer le passé, sont enfermés et éliminés parce que jeunes, ce sont de mauvais témoins : la vérité sur l’histoire consensuelle et incontestable est interdite. A sa place se met en place la délation, l’hypocrisie et la torture, les manipulations faisant passer la culture féodale coloniale et réactionnaire locale pour l’esprit de la Révolution de novembre. L’objectif, fatal pour les galonnés, est la mort du Hirak des jeunes et la renaissance des Janviéristes, officiers entièrement ancrés dans la féodalité coloniale et réactionnaire locale. Marge de manœuvre de plus en plus réduite pour les partis. L’émergence de la vérité est un sale temps pour l’opposition idéologique qui impose l’antagonisme « droite-gauche » reproduit de l’Europe et mal assimilé.

Il est entré de plein pied dans le soutien et l’intermédiation des Janviéristes. La vérité imposée par la capacité politique massive citoyenne empêche cette opposition bidon de prospérer des règlements de compte du régime, sciemment provoquées, les laissant maintenant en marge des résistances politiques nationales importantes. Leur marché de trafics est fermé et ils ne savent pas faire autre chose. En pleine déprime, ils appellent à grand cri et toute honte bue, le retour des Janviéristes glorieux de 1992, Toufik et Nezzar. Ils supplient pour une nouvelle décennie noire !Ce cauchemar durera jusqu’à ce que nous décidions comme société que ces comportements sont intolérables ; nous aurons sans doute à faire face à de nombreuses propagandes mensongères mettant en lumière les déficiences de la spiritualité, font les mêmes recommandations de haine et de division, suscitent la même préoccupation de courte durée et sont ensuite laissés à l’abandon. Il leur reste une formule, peut-être la plus accessible ; la promesse qu’ils peuvent continuer à vivre et à être payés et aussi, être protégés : temps difficile ! Quel danger islamiste pour en arriver làL’action des Janviéristes sous couvert de lutte antiterroriste programmée refuse perfidement de reconnaitre la liberté de l’espace spirituel séparé de l’État.

La cible est évidemment le citoyen et sa foi, mais comme on ne peut légiférer contre l’Islam dans un pays totalement musulman, on s’attaque aux signes «religieux » en général, tout en pensant que les coups n’atteindront que la majorité des citoyen.nes. Le nombre fait que tous seront atteints. Cette lutte, totalement importée culturellement, aux sinistres relents coloniaux, est un échec permanent pour deux raisons :On met derrière l’étiquette islamiste des comportements, des groupes ou des déclarations parfaitement hétéroclites. Or mélange des choses très différentes. Salafi, djihadistes tablighis, Frères musulmans, mamans voilées, trafiquants de drogue, bandes de jeunes des quartiers difficiles et adeptes de Black Lives Matter, joindraient leurs forces pour imposer la norme islamique qui chasse l’État.

D’une part, l’État n’a jamais été chassé dans le passé et c’est un tord dans la politique parlementariste du FIS ; il est lourdement et spectaculairement présent dans les zaouias, y compris dans les gènes du président de la République. On se permet des rires gras sur la virginité des innocentes. La virginité n’est pas une valeur de la République ? Fort bien, mais quid de ceux pour qui elle est une valeur ? Faudrait-il interdire toute « incitation à la virginité » ? N’est ce pas là l’exercice d’une liberté élémentaire ? Sanctionner les « prêches de haine » ? Excellente idée, mais l’on dispose de tout un arsenal de mesures qui ont considérablement étendu le champ de la « haine » depuis soixante ans. Qu’est-ce qu’on pourrait criminaliser de plus ? Ah si : la condamnation des « infidèles ». Est-ce le prix du paradis pour tous, la communion pour tous ? Supprimer les appels au meurtre dans les textes sacrés ? Ce n’est pas musulman spécifiquement : (« Ô Babylone…heureux qui saisira tes enfants pour les briser contre le roc »), dira la bible.

L’État devra alors interdire l’usage des lieux de culte qui sont à tord propriété publique aux religions qui refusent la résistance. On pourra enfin transformer les mosquées en musées. On considère dans le fond que le simple fait de placer Dieu au-dessus des hommes est une déclaration politiquement interdite au nom d’une laïcité hégémonique totalitaire de négation de la pratique religieuse. Déclarer que la loi de Dieu est supérieure à la loi de l’homme serait de l’islamisme ? Le croyant en tant que citoyen obéit bien sûr à la loi des hommes, encore que… L’objection de conscience existe dans le droit, et l’on a connu des circonstances où il a bien fallu rejeter la loi des hommes. Car pour le croyant en tant que croyant, Dieu est bien au-dessus des hommes. Criminaliser la croyance en une transcendance (ce qu’ont fait les zaouïas et les Imams de la colonisation, ) revient en fait à interdire toute expression du religieux dans l’espace public. Alors on n’est plus dans la religion : la religion n’est pas seulement de la culture (et pour certains c’est même tout sauf de la culture).

Or la liberté de pratiquer sa religion (et pas seulement de croire) est bien inscrite dans la Constitution. On va donc vers une série d’insultes contre les citoyen.nes, superfétatoires, sans point d’imputation précis, grossières. Au mieux elles ne servent à rien, au pire elles contribueront à la restriction de la liberté religieuse en général. Bref de la rhétorique… Et ça ne ramènera pas l’État dans les « zones interdites » car pour ça il faudrait faire de la vraie politique, reconnaitre et libérer les partis, et s’en donner les moyens. Malheureusement, le régime, dans la constitution, ne reconnaît pas les partis politiques. Les citoyen.nes sont exclus et on leur demande d’être patriotes, soit sujets soldats. le régime découvre que la « société civile » est une bonne source de manipulation, alors elle est désignée dans la révision constitutionnelle pour servir de relais dans la gestion des affaires publiques, tout en demeurant ennemi de l’exercice politique. l’exercice politique n’est pas reconnu pour les partis politiques : le régime impose une majorité parlementaire et une majorité présidentielle arbitrés par le chef de l’Etat, puissance supérieure pour désigner l’exécutif totalement. Finalement, le système des élections n’existe pas. Les chefs de partis, traités de harkis devenant obsolètes et étant en prison, on introduit dans la même logique la société civile désignée.

La société civile désignée et payée ne fait pas un travail pour la société mais pour la dictature. C’est un réseau de milices. C’est la nouvelle carte politique partisane. Le nœud du problème c’est que la constitution ne reconnaît pas de partis politiques, ne reconnaît pas les élections comme instrument de la politique. Ce qui veut dire finalement que rien de nouveau n’apparait, que les intermédiaires demeureront des Harkis, rejetés par la masse des gens. Alors à quoi bon voter ou débattre avec le régime : ce n’est pas possible ; chacun conserve sa place, en s’ignorant et les gens font de la politique, car c’est vital, entre eux. Il faut être libre de choisir ses représentants, qu’ils aient le pouvoir confisqué par l’Etat Major, pour parler ensuite d’élections crédibles, de partis politiques autonomes, de sanctions et de pouvoir. Depuis 1962 ce sont les mêmes chefs de troupes qui gouvernent l’Algérie, et ce, après une dizaine d’élections et dix présidents de la République.

C’est un trafic politique mafieux qui fait honte à la société. Le régime ne reconnait pas la justice indépendante mais la justice soumise. En dépit du formalisme de la loi, la police politique, avec des règles secrètes arbitraires, soumet les juges à ses ordres. Or la constitution n’interdit pas la police politique et son existence secrète. Les arcanes des juridictions fonctionnent comme l’horrible inquisition. La justice n’a pas de place dans le système judiciaire tant que dure la police politique et que la Constitution l’autorise. L’avocat n’est qu’un faire-valoir inutile qui ruine les innocents. La répression est le leitmotiv du fonctionnement de la justice pour mettre au pas la société et éteindre les voix discordantes qui ne glorifient pas les pratiques d’un système rejeté par le peuple, un système obsolète, moribond et désuet. La lutte pour les libertés individuelles et collectives ainsi que pour les droits fondamentaux du citoyen imposent l’indépendance de la justice : c’est une affaire qui concerne tous les citoyen.nes épris d’équité et de justice. Un procès équitable exige le respect de tous les droits du prévenu dès l’ouverture de l’information judiciaire au niveau d’une police publique contrôlée et non politique secrète, jusqu’à la tenue du procès.

Je pense afin de vérifier pour cette pratique de 1990, au bout de trente ans, dicte ma mémoire, derrière les barbelés de la décennie noire, le chômage de masse, les hordes de milices et les assassinats des opposant·es politiques. Et, cette fois-là, les janviéristes avaient remporté la victoire, le refus de distinction entre collabos janviéristes et islamistes, livrés sans recours à la bureaucratie et à la psychose de guerre. La nation s’est écroulée, et le citoyen, coupé de liberté, se putréfiait dans la corruption monétaire du pétrole, de l’économie du marché noir. Le monde s’était rétréci, recroquevillé à l’intérieur du camp des Issabas et finissait à la déchèterie. Derrière commençait l’inconnu, la république d’Etat Major, l’interdiction de soupirer, l’apathie ou l’agressivité des nouvelles générations. Alors émerge février 2019, lieu politique qui permet de sortir de la nasse et de s’enfuir vers de possibles libertés, les retrouvailles avec nous mêmes, la nation entière s’est donné rendez-vous dans la rue. La ville était bondée de citoyen.nes ordinaires, incarnant l’espoir de se libérer du piège du désespoir des généraux. L’effort dans le cas présent est de tirer les leçons des erreurs de la guerre, des Janviéristes, du centralisme partisan du FIS, à ne pas répéter, cesser de reproduire la dictature. Cela devient la bouée de sauvetage une pensée politique nouvelle d’une limpidité de cristal, une force intérieure de masse populaire indomptable, loin des ordres et directives. Quel bonheur : ici, l’acquisition d’une existence de dignité, sans peur panique, sans rafles de police ou de gendarmerie, au nom de la Nation avant l’Etat, sans enfermements et camps, sans fausse monnaie fermée, la mort au bout ou sur le chemin. Le passé au présent et l’actualité du passé.

Pourquoi ce partage d’expérience ? Parce que le pouvoir en place, reniant un à un tous les idéaux nationaux patriotiques, étend pour juguler le Hirak ses doctrines liberticides. Le Droit de grève est obstrué, le Droit de manifester insécurisé, difficile d’accès au prétexte de lutte contre la pandémie savamment manipulée. Nous voici à la phase suivante de l’entrave à la liberté d’exister : impressionner, faire peur dans la nouvelle Constitution. Terrible constat. Terrible de parvenir à l’expérience d’une différence effacée entre l’état de dictature et l’état de droit libéral. La dictature militaire tue ouvertement, ses gouvernants affairistes obstruent et effrayent. Maigre différence qui tend à se réduire. Mais le peuple ne se soumet jamais, simple question de temps, seule la forme de sa révolte, son organisation, va s’en trouver modifiée. On ne matte pas un peuple, on le radicalise. Le peuple appelle à une résistance non violente, demandant réflexion et formation.

Le lien à l’Etat Major, qui remplace les menottes, est une torture, douloureux et entaillant la peau. Il sera légalement justifié par le passage au Tribunal, devant le juge de l’Etat Major de l’Armée. Ces moments sont pour les Hirakistes interpellés, déstabilisants. Ils sont usuels et scénarisés pour les officiers, c’est leur métier. Pour le meilleur et pour le pire. Nous voici sur une scène dont l’enjeu est la domination, rien d’autre. Notre peur ou notre colère sont recherchées pour nous déstabiliser, nous faire craquer et parvenir à nous faire dire des choses qui nous seront défavorables. Heureusement l’intelligence politique des gens fait s’écrouler ce jeu sordide. Précieuse liberté non prévue par la constitution, s à défendre avec conscience et détermination ! Tout le fonctionnement policier de l’Etat Major est organisé par tronçon. Chacun sa mission et chaque caporal n’a pas nécessairement conscience de l’ensemble. Au commencement, sur la voie publique, l’ordre est donné par le commandement central de la police secrète, ordre où ne se mélangent pas police secrète gouvernement et politiques. L’ordre est donné, sans eux, soumis, invités à applaudir et se taire. Ont-ils besoin de constitution ? Non, c’est l’invisibilité. Les citoyen.nes n’ont pas le droit d’exprimer leurs désaccords, on ne peut être fier de voter, et ça se voit.

La pièce du vote de la constitution, n’a qu’un but : l’illusion du respect des formes hypocrites du droit international ; c’est utile en cas de tribunal international contre les généraux, sans plus. Le résultat du vote se fait à la préfecture, devant un policier de la police secrète. Les gradés connaissent leur mission, et l’acceptent bien. C’est simplement une mise en condition. Il est tout de même possible de refuser ces plaisanteries, refuser de répondre. Exprimer clairement que les deux champs politiques, celui de la dignité et de la liberté et celui de la tyrannie barbare sont séparés ; et quel meilleur moment que cette mise en scène hypocrite des élections ! Restons à la maison, sourions aux polices parallèles, marquons le silence, ignorons l’existence des autorités ! Historiquement nous avions vécu les mêmes scènes à l’époque de la grève des huit jours, pendant la guerre coloniale. Important de se préparer psychologiquement afin que la domination ne fonctionne pas. Pour cela, résister à la peur, aux amendes, ne pas oublier que les tortionnaires sont les mêmes ! Ils ne se priveront pas de charger la mule, tant pour les amendes que pour la rhétorique politique, patriotique, communautaire, d’emploi.

Tout cela n’a aucune valeur si le mouvement est massif. Vient alors l’étape sourire, comme dans les discours du chef d’Etat Major lors de la trouille de février: si nous sommes bien sages, promesse de sortie rapide. Fausses menaces suivies de fausses promesses. Tout cela n’engage à rien. Surtout ne jamais perdre de vue que l’objectif est de vous faire dire des choses qui serviront à vous inculper. Accepter de débattre de la constitution revient à offrir à la police politique la situation dominante. Refuser est notre solution : faites votre cinéma, élisez vos députés, nous sommes absents. L’argument suprême de l’Officier, sera celui des coups de bottin non prohibés au petit nombre qui ne peut filer. Il leur faut accepter avec sérénité l’éventualité d’être un temps enfermé, ce n’est pas un passage si dramatique lorsque nous avons la conscience d’agir pour la liberté de contester. Nous sommes en garde à vue, pas en prison, la menace de l’Etat Major est destinée à faire pression sur nous, nous rendre plus dociles. En fait, rien d’autre à faire que d’être hors du régime, physiquement.

Voilà, le rythme de croisière étant trouvé, ils ne peuvent plus grand chose. A notre tour de décortiquer le fonctionnement, d’élaborer des résistances pour nous mais également politiques car ceux qui sont missionnés peuvent potentiellement prendre conscience de ce qu’ils font. Nous résistons mieux et plus surement si nous sommes organisés, localement, entre gens qui vivent ensemble, pour résister à la justice d’abattage sur les seuls mots de la Police… Dans ce genre de situation n’oublions pas que nous sortons la tête haute, dignement, et que c’est à la Justice que le pouvoir fait baisser la tête. Affronter ces situations ne peut qu’être un choix personnel, organisé localement. Chaque groupe accomplit ses expériences. Il n’y a pas besoin de directives qui viennent d’en haut. Chaque groupe, sans s’exposer, est capable d’affronter la séparation électorale avec le régime. Il nous reste surtout à saluer ces jeunes qui ont ouvert la voie d’une intelligence politique par leur détermination et rassuré sur l’avenir de notre société. Cela fait réfléchir sur le mot liberté. Voilà leur crime. Suprême punition pour cette police politique, les Tribunaux, les geôles.

La Justice déraille et les jeunes apprennent les chants révolutionnaires. Vous le voyez l’avenir ?Les jeunes dans la rue, massivement, refusent toute réconciliation avec l’Etat d’usurpation, estimant que les galonnés finiront toutefois par trahir les citoyen.nes. Le dialogue et le compromis proposés sur ordre par le faux président ne sont que des ruses de mafieux avec des mots politiques. Nous devons penser nous-mêmes, avec nos moyens et notre solidarité renforcer notre économie, en sachant que nos ennemis ne veulent et ne peuvent absolument pas nous aider à assurer notre progrès économique. La nation ne sera pas vaincue tant qu’elle n’abandonne pas sa résistance. La mobilisation sauve la vie des innocents.La mobilisation populaire pacifique a largement montré sa capacité de changement radical et la volonté de vaincre politiquement ses ennemis qui ont opté pour une guerre économique et psychologique contre les gens. Le vrai visage du régime des galonnés est celui de la prison, la soumission et la pauvreté et rien ne peut le sauver de l’isolement et se présenter comme une puissance politique. La partie qui se joue ne peut modifier les équations en sa faveur lors de la confrontation qu’il prépare quotidiennement.

Le grand mal de la constitution

On nous rejoue pour la cinquième fois, sans humour ni décence, la même tragédie sinistre : 1962. 1964. 1976 ; 1989, 1999. Avouons l’écoeurement des gens face à ces oiseaux de mauvaise augure qui travaillent à écrire la constitution alors qu’ils ignorent la réalité de la citoyenneté. Le pire est qu’au lieu de changer les règles du pouvoir, ils ne proposent jamais que la restauration que refuse le Mouvement populaire en masse dans la rue ; le gouvernement, unique souci des partis, est aveugle, sourd, muet et dans le pétrin. Et pourtant la pensée politique des gens progresse, en apprend ce qu’il y a de pire sur l’histoire et le présent de l’illusion constitutionnelle, sur l’efficacité de la solution dans la durée, que l’artificiel débat orchestré par le gouvernement qui est chargé par l’Etat Major de ce sale boulot.

Positivement les gens finissent par comprendre que le salut est dans les mains de chacun d’entre nous, sans consensus populaire il n’y a pas d’issus. Les moyens sont dérisoires mais sont efficaces si chaque individu les applique. Le choc est rude pour le boulot du gouvernement, mais il faudra accepter cette idée simple, la constitution n’est pas un enjeu de la lutte politique! Au lieu de se moquer adroitement et savamment au sujet de ce mauvais boulot « vivre avec l’Etat Major », essayons plutôt d’en tirer les conséquences autour d’une simple question: qui doit payer les pots cassés? Le point qui reste est la terrible angoisse :il nous faut vivre avec la trouillela menace de la répression.

Ce n’est pas facile, et on connait l’antidote: ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent. Ce n’est pas évident, cela ne marche pas toujours, les échecs sont nombreux, mais petit à petit, on y arrive. Les surprises ne sont pas un trait de l’intelligence politique des civils au service de l’Etat Major. Dynastie veule politique et gérontocratie: le dégagisme n’est pas à l’ordre du jour. Ainsi en a décidé le clan des généraux de l’actuelle promotion dont le turn over est rapide… La succession dans l’ordre de remplacement sanguin est moins un signe de maturité de la démocratie que celui d’un sérieux déficit de leadership provoqué par la gaffe de la trouille de février 2019. On tente, sans compétence, à la va comme je te pousse, de réparer, en ramenant Toufik. La « cuisine » politique en vase clos pour est de dire qu’on a un nouvel habit différent de l’ancien, appelé constitution, adoubé plus tard par un parlement, dont les quottas sont déjà fixés : n’ayant pas de parti présentable, on crée le mouvement large des chefs d’associations non gouvernementales ; ceci évite de répéter les anciennes conneries de création de RCD, Travailleurs, Islamistes bureaucrates, qui, faute de prébendes, brossent un tableau des plus critiques de la situation qui prévaut dans le pays sur tous les plans. Ce tour de passe-passe des « mokhs » janviéristes va maintenant tuer à la naissance l’idée pourtant bonne d’ONG indépendantes !

La démarche de création de plus de 6000 associations pour les Assemblées élues accroit l’explosion de la corruption politique. Elle va générer la division artificielle et une nouvelle couche parasitaire, une nouvelle clientèle. L’objectif des pouvoirs publics est de casser la dynamique populaire et aussi la «caporalisation» et tenir en «camisole» la société. Ce processus de création artificielle d’un champ politique est symptomatique de l’enlisement du processus démocratique dans la logique du système militaire ; le seul champ maitrisé est celui de la caserne. L’Archipel des turbulences du populisme et des déchirures sociales du régime des Janviéristes, toujours en place, grâce aux promotions automatiques de rang, connaît un travers structurel, le glissement du FLN de la position de parti dominant à celle de coalition de partis contrôlés, affaiblissant les contre-pouvoirs, esquivant les responsabilités et favorisant les collusions. Au pouvoir depuis 1962 avec une traversée du désert (1989-1991), l’Etat Major compte toujours sur la police politique pour garantir la stabilité politique aux yeux des étrangers. Une stabilité qui traduit une résignation et explique la distance des citoyen.nes.

L’incompétence dont a fait preuve l’Etat Major et sa police politique en février 2019 en écartant le changement a été une cuisante défaite pour la pensée politique. Depuis, l’opposition aux ordres, désunie et atomisée, envahie par les scandales de la corruption, est hors-jeu. Le système électoral a perdu son âme. A l’effondrement des partis s’est ajoutée la mise au pas de la haute administration au fil de nominations en fonction d’allégeances plus que de compétences afin de renforcer la verticalité des décisions. Quant à la presse, sujette à des pressions, elle a rentré la tête. La seule issue est la soumission atavique au pouvoir du Hirak, responsable de la rupture. Toute son histoire indique le contraire. Scandé de révoltes, il est marqué de réel de conflits sociaux violents et de mouvements de masse contre le pouvoir militaire d’Etat d’une rare clarté. Il est allergique à la rhétorique politique et ne vote pas, estimant que le poids de sa voix est nul, or il est la masse. Les pauvres et travailleurs précaires (dont les deux tiers sont des femmes), comme les enfants des classes peu aisées, ont peu d’attentes et plus d’exigences d’un nouvel Etat. lls se dérobent, cherchant un Etat Civil, avant de se prononcer.

Les écarts de niveau de vie se sont creusés et une bonne partie de la population vit pauvrement. Une situation aggravée aujourd’hui par les pertes d’emploi (sans filet social pour les précaires) dues à la pandémie. Bien que les réseaux sociaux soient perturbés par la division et la corruption, l’incivilité restant rare, le mécontentement et la violence verbale cherchent leur lieu politique, urbain et rural. Heureusement la criminalité reste relativement faible et la violence de rue inexistante, témoignant d’une cohésion sociale et spirituelle peu entamée. La multitude de groupes de Hirak agissant au niveau local, est symptomatique d’un activisme citoyen d’hommes et femmes qui ne désarment pas. Des mouvements plus larges se forment puis entrent en clandestinité. Cette dynamique citoyenne témoigne d’une volonté de changement que les politiques, enlisés dans leurs tractations de coulisses et isolés des réalités quotidiennes, dans le recul des libertés, l’enracinement de la crise économique et politique, de la crise sociale, l’encouragement de l’informel, une gestion expéditive des procès liés à la corruption et un projet de Constitution infirme, tardent à voir et entendre.

L’Etat Major n’a plus qu’une police politique en mission commandée. Le pouvoir veut déstabiliser le Hirak ; tout est bon, la prison, le chantage patriotique, et maintenant la division amazigh. Ce sont de graves dérapages atteignant un degré de décomposition inimaginable. Aucun citoyen ne comprend où est la question lancinante de l’identité amazigh et où se trouverait le conflit. La nation est de nouveau présentée comme «terre d’islam, partie intégrante du Grand Maghreb, pays arabe et amazigh», caractère toujours «minoré» de tamazight. La division communautariste hétéroclite est de nouveau déclenchée avec les conséquences qui peuvent en découdre. Poser le problème imaginaire du Tamazigh, problème qui n’existe que dans la logique du régime, signifie le retour de la France coloniale et son orientalisme. L’insistance de la provocation constitutionnelle vient de l’obstination de la police politique pour que les citoyens soient divisés. C’est le comble de l’insolence, vu que ces néo nationaux se comportent comme guides de la pensée nationale en adoptant la rhétorique coloniale sur la culture et l’identité nationale. C’est une « trahison collective » des gens. Cette démarche vise la « guerre civile », pour continuer de s’enliser avec un gouvernement de Issabas et de police politique. Les gens n’ont rompu aucun engagement culturel et moral vis-à-vis de la communauté nationale. Au contraire, ils condamnent vivement le communautarisme dont la source religieuse et politique est bien connue. C’est l’Etat Major qui viole son engagement d’unité nationale.

C’est lui qui est contradictoire en évoquant la différence des communautés, mais sans que celles-ci n’aient aucun rôle dans la nomination de leurs représentants. Le Hirak invite le monde à se remémorer la triste scène des évènements de Kabylie il y a trente ans, car elle parle le langage des martyrs … il invite à saisir aujourd’hui d’où viennent les groupes terroristes, qui les finance, et pour qui et contre qui ils agissent. Quiconque ne comprend pas la langue de l’armée et des forces de sécurité, dans ces moments critiques, ne peut pas comprendre la langue de sa réalité et de sa Nation. Le terrorisme est un instrument développé par les régimes prédateurs, dictatoriaux, aux abois, qui ont besoin de l’illégalité pour survivre. La rhétorique guerrière qui fait croire au terrorisme individuel divise en deux factions les citoyen.nes.

Le régime, de nouveau, s’égare car il n’a pas de chemin pour exister. Il n’y a rien de bon dans la plus grande partie de leurs manouvres secrètes contre les gens. Les gens ont appris à se séparer dignement avec ces hypocrites diviseurs. Ils ne veulent pas leur ressembler. Un vieux proverbe arabe dit : « le radin rouvre ses anciens registres, quand il fait faillite ».Ce proverbe n’est pas sans rapport avec la conjoncture actuelle où le système normalise son costume constitutionnel, se restaure, sans comprendre dans quel piège il se laisse tomber.

Les colonialistes attendent et sont impatients de le voir entrer dans ce piège de division. Ils sont parfaitement dans le cadre traditionnel d’agression. Les gens ne laissent pas diviser, fracturer la société et plus particulièrement les classes populaires par une nouvelle campagne de stigmatisation communautariste ou terroriste. Personne n’est dupe : ce sont nos concitoyennes et concitoyens qui sont visés. Le projet du gouvernement vise à désigner un « ennemi intérieur ». Si l’on en croit les propos des partis religieux hypocrites, il s’agit de contrôler l’expression du dogme, sous couvert de « badissisme-patriotisme ». Si des expressions religieuses contreviennent au droit, l’État dispose déjà du dispositif législatif pour agir mais il n’a pas à se mêler du dogme d’aucune religion. Hérité du racisme colonial, ce projet est une nouvelle expression d’un débat public saturé de fantasmes xénophobes, exigences qui outrepassent les obligations légales et mettent en cause des droits reconnus par le principe de liberté de conscience. L’Etat a pour objectif principal de garantir les libertés et l’égalité.

L’État se doit d’être neutre, c’est justement pour permettre à la citoyenne ou le citoyen de pouvoir être libre d’exprimer ses idées et de ne pas se faire agresser religieusement : là est le badissisme ! L’exercice réel de la liberté d’opinion, d’expression et de conscience, impose d’investir massivement dans des services publics au lieu de manipuler la morale. Nous appelons toute la population à refuser ces divisions, à se battre ensemble contre tous les gens qui religieusement se sont nourris de janviérisme. Chaque jour des militants, des journalistes, vont être interpellés et déférés devant la justice pour un conflit inventé. Il n’y a jamais de hasard en politique. Chaque jour, du nord au sud, le peuple souffre des caprices criminels des procureurs de justice, au garde à vous des ordres de la police politique, les jeunes entrent et sortent de cellules et les mères se ruinent chez les avocats. Les gens ne rêvent que du boycott de l’ensemble des activités judiciaires et ne croit dans aucun acte de justice. Personne ne croit dans ce que font les juges, même quand il s’agit de voleurs politiques et militaires patents.

Les emprisonnements et condamnations de militants jeunes se poursuivent pour intelligence avec l’ennemi (étranger), divulgation de secrets patriotiques, outrage à magistrat, policier, militaire, chant, vidéo, atteinte à la sécurité nationale, complot contre l’Etat….Aucun jeune n’a traversé de frontière et aucun secret n’est divulgué. Les outrages uniques sont ceux transmis par les procureurs et les politiques du régime. En réalité, le délit des jeunes est de marcher en masse. Ceci, sans diffamation, dit l’organisation de la politique du régime militaire, son impact profond et à peine ce qu’il faut imaginer pour répondre à la gestion sociale dans un champ national à inventer. L’environnement citoyen est soumis à de fortes pressions de la part de sources multiples, dont l’essentiel est du à la tyrannie féodale des généraux, apprise non dans les maquis mais dans les écoles de troupe de la coloniale et abandonnés sur notre territoire. L’environnement humain souffre déjà d’une grave dégradation des valeurs universelles, ce qui a un brisé les conditions de vie de la société et la réalisation du développement.

L’explosion politique depuis février 2019 s’est produite à une époque d’effondrement économique, d’inflation exponentielle et de détérioration extrême des infrastructures, du logement, exposant les politiques défaillantes et les vulnérabilités sociales. Les masses, sorties dans la rue, se concentrent sur la justice et les droits universels communs des groupes vulnérables. Elle s’ajoute à la crise latente, multidimensionnelle (sociale, écologique et démocratique) d’un monde dominé par l’affairisme financier, joliment appelé Issabas. Répondre à une telle situation sociale nécessite l’élaboration d’un projet alternatif global mais aussi une refondation des organisations politiques de transformation. La situation suppose l’existence d’une capacité politique morale et intellectuelle moderne ; les manifestations de masse ont montré quotidiennement la réalité de cette capacité et son haut degré de qualité politique, que seule la défiance et le rejet croissant des organisations politiques préfabriquées ont caché. Le mouvement populaire, dénommé à juste titre Hirak, est un mouvement pacifique de résistance à l’aberration d’Etat Militaire démocratie de masse, pour les luttes contre les discriminations sociales, communautaristes et de genre.

C’est un mouvement citoyen décentralisé, à distance des partis et de l’Etat, pour construire un pouvoir d’État populaire et développer des alternatives de terrain. Nul besoin de dire « présent » au régime qui veut donner à l’étranger l’illusion de l’existence d’un champ politique. C’est une faute immense signe d’une incapacité politique profonde. Les gens ont compris en masse et n’ont pas besoin d’intermédiaires pour saisir les blocages. La question de la conscience nationale est concrètement tranchée depuis février 2019 ; la souveraineté est en déroute et questionne chaque citoyen et chacun est à la recherche d’un Etat disparu. Les valeurs universelles coulent dans le sang des citoyen.nes depuis 1954, faut-il aller à l’école pour les apprendre ? A-t-on besoin d’élites la pour créer la capacité du peuple qui montre depuis février 2019 la voie ? Comment parler alors de Constitution et pour tromper qui ? Le bien commun de tous et de chacun est connu, sa spiritualité, unanimement affirmée, a besoin de résistance et non d’experts. Les militants, acquis aux valeurs et à la spiritualité bien puissante ont pour finalité de délivrer le peuple de la peur, de le prémunir contre toute intimidation, toute agression et toute subordination.

Ne parlons pas de construction avant que l’étape de résistance de masse ne soit concrétisée avec ses deux vérités : plus d’ « Etat d’exception », « Dawla madania » La Constitution n’est qu’un document qui régit la vie de la société, des individus et des groupes, organise et protège les pouvoirs et le territoire, mais ne peut exister sans dépassement de ces contraintes. Il est honteux d’oser parler de scrutin dans l’ordre institutionnel et électoral de l’Etat Major. Cessons de parler de constitution quand notre existence est niée ; le faire relève de l’aveuglement ou de la profonde hypocrisie. Le peuple, sorti en masse fabrique les institutions, les élites, et non le contraire. Nous avons osé parler d’élite en 1989 par effraction parce que le peuple n’était pas sorti et que les partis étaient dans l’erreur ; aujourd’hui les conditions de la manifestation certaine du peuple sont réunies.

Il incombe aux élites de le comprendre et de travailler à des processus politiques, sociaux et économiques nécessaires pour le gouvernement populaire le peuple et son espace, mettre en place les outils de la société de justice et de liberté. Délirer sur les longues abstractions idéologiques ne sert pas. Imaginer que nous vivons une situation de vide politique et organisationnel relève de la poétique sourde et muette. Oublions en ce moment la langue servile et la société de soumission, du régime fasciste, militariste, féodal, de vie en état d’urgence. L’urgence de paix sociale veut que les gens soient organisés en petits comités de quartier et ils savent le faire et c’est ce qu’il faut dire. On y organise la manière de préparer les poubelles, veilles contre la répression, le nettoyage des lieux de culte, etc. On fait tourner chaque semaine un cahier d’information à lire. Là est le sens du devoir moral. La population, dans son ensemble, partage un sens du devoir moral, un sens de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. Inculqué dans la famille, à l’école, et dont la force est entretenue par des pratiques sociales.

Tout citoyen maîtrise le détail des devoirs et des interdits fortement implantées. Il est inutile sauf à ouvrir la route à la division de donner de conclusion générale de ces réalités qui caractérisent une société fonctionnant de manière assez différente des sociétés occidentales démocratiques ou non où les interactions sociales et l’organisation politique suivent des modalités aussi différentes. Il y a une dynamique citoyenne de politique sociale. La cohésion sociale tient plus de la solidarité spirituelle traditionnelle que d’une idéologisation moderne. Le régime dépense un budget colossal de presse, d’associations, d’élus, de partis, pour éviter la citoyenneté et continue de plus belle. Ce budget est dépensé sur les forces de sécurité les partis et les organisations non gouvernementales. Il s’inscrit dans sa stratégie pour faire face au citoyen.ne.

Les citoyen.nes ont montré leur capacité de mener à bien les missions de bien public bien supérieure à celle des appareils d’Etat. La police politique utilise sa force pour punir ceux qui soutiennent le Hirak jusqu’à ce qu’ils changent de comportement. La solution ne réside pas dans la « normalisation » de la réalité politique du pouvoir militaire. Le cœur du conflit réside dans les conditions difficiles que vivent les citoyens en tant que peule sans réalité de société et leur souffrances sous l’état d’urgence.Le discours sur la constitution :Il porte atteinte à la dignité nationale. Les grossières manœuvres du passé et l’intimidation ne doit pas se poursuivre. Les gens refusent que le pion d’El Mouradia se comporte comme le gouverneur du pays du temps de l’occupation. Les réelles raisons de cette constitution et des élections qui suivent sont de vêtir d’un costume légal les dictateurs nus de l’Etat Major. La tentative s’est déjà soldée par l’échec. Il faut que soit écrit « Machi Askaria ». Le club des généraux en place veulent pour leurs intérêts personnels sordides passer outre l’avis du mouvement populaire massif politique de poids en voulant imposer aux citoyen.nes un Etat de fait accompli, sous peine de menaces de sanctions et de blocus. Le tout sans aucun lien avec la liberté et la justice. Ce club d’ignorants ne fait que revivifier la guerre civile en faisant échouer l’élan de liberté et de justice populaire du Hirak et enfermer le pays dans la crise.

Cette campagne d’élections est un mensonge, et le mouvement populaire le prouvera à la classe politique soumise et à l’étranger qui cherche des faux semblants. Les citoyen.nes n’oublieront jamais le rôle des amis étrangers qui soutiennent le Hirak et la fin de la dictature, ni leur position ferme face aux pressions des pays dominants pour faire échec aux droits du peuple. Les gens saluent les efforts qui ont abouti à détourner les manœuvres criminelles de diviser les citoyen.nes en communautés et pour réintroduire l’idée de terrorisme. Les manœuvres introduites dans la constitution prouvent que le régime prépare une grande attaque. Ces intentions de réactiver les guerres communautaires, linguistiques, économiques et militaires aux frontières relèvent de la stratégie des clans maffieux pour justifier leur présence.

Quand le régime se sent dans l’impasse, ils a recours à de tels actes. Le régime est menteur et le mouvement populaire va le prouver. Sur le plan politique local, la constitution et les élections qui suivront sont le résultat des tractations de l’Etat Major pour se donner précipitamment une virginité et prendre l’initiative appelant à la formation rapide d’un gouvernement « nouveau ». L’Etat Major a la mémoire courte ; il oublie qu’il a construit la même manœuvre en 1992 en inventant de nouveaux faux partis, et que ceci n’a servi qu’à accélérer les catastrophes. Il récidive cette fois, sans les nouveaux partis, définitivement morts, mais en inventant des associations étatiques avec des députés. Le club des généraux féodaux, sans consulter ses propres blocs parlementaires, ni même avec le chef de l’Etat, avance aveuglément vers l’impasse. Il est incapable de savoir qu’il commet la lourde erreur, notamment en tuant les prérogatives de la bureaucratie d’Etat.

Ceci ne gène nullement les gens, mais ils dénoncent l’aventure dangereuse que fait courir l’Armée aux gens et à la Nation. Le clan mafieux galonné désigne d’autorité les règles constitutionnelles, les ministres, les députés, les juges, les préfets, les directeurs de société… ignorant la majorité des gens. Cette démarche aveugle constitue un danger pour le pays. Ils veulent imposer des coutumes féodales contraires à la Constitution et au principe de la démocratie réclamé par le mouvement populaire. Nous attachés au choix libre des représentants de prise des décisions et non aux tentatives d’imposer un Etat de fait accompli aux citoyen.nes.C’est ainsi qu’échoue l’initiative promise de l’Etat Major. C’est une perte de temps, d’argent, de bien social, quel que soit son parrain ou son défenseur. Au contraire, cette action pousse à la confrontation entre le peuple en mouvement et les soldats piégés. Le peuple ne peut plus depuis février 2019, par crainte pour la Nation, être absent pour ce qui reste, socialement, économiquement, financièrement, et à tous les niveaux. Les gens ne peuvent pas approuver la corruption systématique sur les biens de l’Etat sous prétexte de rembourser la dette et le déficit. Ils craignent pour les dépôts bancaires des gens, ce qui va advenir… Ils ne veulent plus permettre à quiconque de gérer sans contrôle l’Etat en raison de la délicatesse et de la sensibilité de la situation économique.

La position du Hirak est d’empêcher que le pays ne dégringole du mauvais au pire. Les gens veulent se grouper localement pour que tous les citoyen.nes coopèrent dans l’égalité pour épargner le chaos. Les méthodes qui recourent à l’intimidation n’aboutissent pas. L’Etat Major perd son temps, et de plus en plus ses hommes dans des règlements de compte honteux. C’est en réalité le club des généraux qui menace et terrorise les innocents et non les militants jeunes du Hirak.

L’Etat Major a gouverné durant 60 ans, et il est en grande partie responsable de la crise multiforme advenue au pays. La logique dicte qu’il faut qu’ils remettent les clés aux citoyen.nes libres. Les gens qui sont les responsables de la victoire contre la colonisation n’acceptent pas d’être traités de traîtres, et accusés de tremper dans la corruption en cherchant à se nourrir dans l’informel. Le mouvement populaire est réputé parmi nos amis et nos ennemis pour son attachement à ses promesses et les sacrifices qu’il consent afin de les remplir. Les moralisateurs hypocrites parlent de démocratie. Mais c’est parce que les gens ont en masse choisi la démocratie que les généraux sont soutenus pour dicter aux pauvres arabes et kabyles, les règles du pouvoir civil. En outre, ce n’est pas les gens qui font la guerre à l’Etat, mais ce sont les généraux qui ont agressé le pays et confisqué ses biens. Et puis les gens ne combattent pas les civils, mais ils ont fait taire en 1995 les terroristes, avec qui les chefs militaires ont fait alliance. Les gens ne font pas partie de la classe corrompue… Ils n’acceptent pas que quiconque s’adresse à eux de la sorte. Les gens travaillent pour la paix, sans conditions et de bonne foi pour faciliter la solution, mais céder et vendre le pays est une autre affaire. Les décideurs dans les affaires internes du pays ce sont les citoyen.nes…L’Etat Major n’interfère pas et ne dicte rien…Pendant qu’il est temps, révisez le fond et la forme de votre discours, sans mandat ou tutelle. Le respect et la dignité des personnes sont des normes importantes dans la vie.

Les propos de l’Etat sont une atteinte à la dignité nationale, ce qui est inacceptable. Nous, comme chacun dans le monde, surveillons le déroulement de la campagne électorale. Nous ne pouvons pas rester indifférents, car c’est l’un des enjeux de la survie internationale du régime. Nous appelons au boycott, à de nouvelles manifestations de culture politique, de culture électorale, à distance du régime et de ses partis : nous ignorons ces manœuvres. L’empêchement par cet acte de la guerre civile est d’éviter le danger de la dislocation du pays, pas d’aller voter. L’opération de coupure des liens avec l’Etat du Hirak démontre les possibilités radicalement accrues des gens, leurs capacités à faire valoir les intérêts nationaux partout sur le globe. Elle renforce le prestige du peuple, son influence internationale et neutralise les tentatives des concurrents géopolitiques d’isoler notre pays au plan politique et diplomatique.Les poids lourds du pétrole semblent être prêts pour une confrontation avant la fin de l’année ; ils l’ont commencé en Lybie. Nous avons tous vu à plusieurs reprises où l’impasse sur les recettes peut mener. La dynamique économique internationale a un effet dissuasif sur la demande de brut.

Le plus grand obstacle à l’augmentation de la demande sur les marchés pétroliers réside dans la réduction des échanges commerciaux et l’affaiblissement des économies, sans oublier l’effet domino issu de la fermeture d’entreprises et des pertes d’emplois. La marge de manœuvre disponible pour l’approvisionnement supplémentaire dépend également de la quantité de pétrole réduite produite. La demande de pétrole, au lieu de se redresser, s’inverse à nouveau. L’éclatement d’une guerre civile est plausible compte tenu de l’atmosphère et des indices qui découlent des circonstances actuelles. Le Hirak a surtout exprimé sa colère envers les autorités politiques, pointant notamment la «honte» qu’elles devraient ressentir et leur «trahison collective». Elles jouent un rôle qui torpille la spiritualité, la culture et les valeurs universelles. Il est dangereux que le rôle militaire, sécuritaire et d’espionnage soit exercé sans contrôle par un groupe de galonnés non instruits, aveugles, issus de la colonisation, dégénérés et pour qui la politique n’est qu’une couverture aux crimes. Tout acte de liberté est reconnu par les lois célestes, les constats éthiques et les principes nationaux pour qui la dictature militaire est contestée. La classe politique dans son ensemble est face à ses responsabilités face au Hirak et les comportements très dangereux pour l’unité du pays et son avenir. Nous allons voir venir une constitution contestée, c’est presque certain, ce à quoi les gens frémissent en pensant ce que pourraient être plusieurs années de plus avec les féodaux galonnés.

Qu’en dira-t-on ?

Nous sommes patients comme les « gens de la Caverne » qui cherchaient l’humanité et le droit chemin et se sont séparés du mal. Ne dites jamais je le ferai sûrement demain, sans ajouter: « Si Allah le veut », Nous ne trouvons, en dehors de Lui, aucun refuge. Nous faisons preuve de patience en restant dans la société locale et que nos yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur terre. Vraiment Nous ne laissons pas perdre la récompense de celui qui fait le bien. Le régime du mal et de l’inégalité dit: « Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr, et je ne pense pas que l’Heure viendra. La récolte du régime est déjà détruite. Dieu ne les a jamais pris comme témoins de la création des cieux et de la terre, ni de la création de leurs propres personnes. Ils disputent avec de faux arguments, afin d’infirmer la vérité. Voilà les régimes qui périssent car ils commettent l’injustice. Il faut être patient pour trouver la bonne voie. Les gens n’embrassent pas par toute la connaissance. Nous insistons sur les dangers de cette écriture de la constitution qui confère une immunité totale aux directions militaires et de police sans contre-pouvoir. La formulation de la loi est hypocrite et sujette à des interprétations abusives, ce qui va à l’encontre du principe de la justice qui instaure la précision et la rigueur puisqu’il s’agit d’un texte pouvant priver l’individu de sa liberté, l’un de ses droits les plus fondamentaux. Le danger ultime émanant de cette constitution est la légitimité qu’elle accorde à des pratiques violentes déjà existantes que nous avons longtemps combattues par le passé et qui vont à l’encontre des fondements de notre société démocratique. Le respect des dispositions de la constitution doit prévoir explicitement l’égalité devant la loi sans aucune discrimination, le soutien du peuple et des jeunes du Hirak dans leurs revendications, appuyer le droit de protester contre les pratiques répressives du système de sécurité et de prendre clairement position contre le pouvoir de l’Etat Major.

Vive le mouvement populaire! Vive le Hirak!

Ghazi Hidouci.

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