UNE ÉLECTION SANS LE PEUPLE ET CONTRE LE PEUPLE.

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Abbes Hamadene

Les élections n’ont de réalité que dans une démocratie, dans un état de droit qui garantit l’exercice effectif des libertés.La parodie électorale du 12 juin 2021 programmée par le pouvoir ne peut avoir, ni crédibilité, ni légitimité. Comment peut-il être autrement lorsque cette parodie électorale se déroule dans un climat répressif extrême où règnent les comportements sadiques, les agissements indignes, le zèle agressif et vindicatif des forces de l’ordre qui ont rompu totalement avec leur rôle premier, qui est la protection des citoyens ?Un climat où règne la violence sous toutes ses formes : violence du mensonge et de la manipulation médiatique, des anathèmes ; violence sociale ; violence judiciaire avec la criminalisation des libertés d’expression et de l’acte politique le plus légal et le plus pacifique ; violences physiques, morales, tortures…Il n’y a aucune légitimité à accorder à une élection organisée par un pouvoir dont tous les actes de son agenda convergent vers un seul objectif : l’autolégitimation par la fraude comme …en 1948 sous l’administration coloniale.

L’ ÉLECTION DE L’ASSEMBLEE ALGERIENNE DE 1948 ?

Après l’adoption d’un nouveau statut de l’Algérie en 1947, l’administration coloniale décide d’organiser l’élection d’une Assemblée algérienne, les 4 et 11 avril 1948. Cette assemblée de 120 membres doit être élue séparément par deux collèges d’électeurs, d’un côté un collège constitué d’un million et demi d « Européens », des juifs (juridiquement assimilés depuis le décret Crémieux de 1870 et quelques musulmans (amis fidèles de la France) et de l’autre côté, huit millions d’« indigènes ». Chaque collège devait élire 60 députés. Nommé au poste de gouverneur général de l’Algérie, le 12 février 1948, Naegelen est chargé d’organiser une « bonne élection » qui se transforme rapidement en une gigantesque opération de trucage sous le signe du sang et de la peur.. En ce jour de vote du 4 avril 1948, rien n’a été négligé. Les avions volent en rase-motte au-dessus des douars, les hélicoptères survolent les villes, des barrages de militaires quadrillent le pays, des gendarmes mobiles sillonnent les routes. A Djelfa, le bureau de vote est confié à un commissaire de police. A Blida, Cherchell, Mostaganem, Khenchela et des dizaines d’autres villes, les urnes arrivent déjà pleines dans les bureaux de vote.A Ain El Hammam (Tizi-ouzou), on a tout simplement oublié de convoquer les électeurs. Mais à l’heure du dépouillement, le taux de participation était de 100% !Le trucage est mal fait, ou plutôt fait avec tant de mépris pour les indigènes que dans certaines circonscriptions, le candidat des colons est élu avec 103% de voix !Cette grosse farce électorale a valu à son organisateur, le Gouverneur Général de l’Algérie Naegelen Edmond, une triste célébrité mondiale encore en vigueur aujourd’hui.

LE 12 JUIN : DESIGNATION D’UNE ASSEMBLÉE DE BÉNI-OUI-OUI

Si le pouvoir veut faire croire à qu’il a gagné une victoire contre le Hirak en cherchant à imposer par la violence une élection à la Naegelen, il se trompe. Qui juge légèrement, se trompe lourdement, dit un proverbe. Cette nouvelle parodie électorale est déjà un échec cuisant pour le pouvoir mafieux, comme l’illustre une campagne pathétique. Une campagne électorale qui se déroule dans une atmosphère de carnaval où des candidats extravagants, les uns plus que les autres ânonnent des discours dont la portée atteint l’apogée du ridicule et de la pitrerie. La composante de la future Assemblée nationale est déjà connue au niveau du «cabinet noir», le suspense sera marginal et de courte durée. Comme depuis toujours, les quotas sont déjà repartis sous le contrôle de la police politique. L’objectif de cette nouvelle farce électorale est de mettre en place une assemblée de béni-oui-oui qui va se contenter d’enregistrer et de valider les grandes décisions prises par les généraux, seuls et vrais détenteurs du pouvoir. Le suffrage universel en Algérie, loin d’être l’expression de la volonté populaire, a toujours était le moyen par lequel le système politique dominé par l’état-major de l’armée se perpétue en s’auto-légitimant. La parenthèse « électorale » va se fermer inéluctablement, le peuple poursuivra le combat pacifique inachevé pour libérer le pays et le peuple et recouvrer sa souveraineté, sans laquelle l’indépendance restera un mot vain et vide de sens.

Devant l’aveuglement suicidaire des « décideurs » et leur acharnement à perpétuer un système défaillant, on sait que seul le peuple a le souci de l’Algérie, c’est à lui d’en prendre soin.

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