Le défi pacifique face au rythme extrême des arrestations arbitraires.

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Hakim Allouche

D’une semaine à une autre, le modèle répressif du régime algérien se confirme de plus en plus avec une cadence accentuée et effrayante des emprisonnements. Les mesures d’entêtement déployées par les hautes autorités en place font fi aux rappels à l’ordre du Haut conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Le bilan ne cesse de s’alourdir avec la multiplication des arrestations en ayant un rythme frénétique odieux pour atteindre 276 détenu-e-s d’opinion. La cartographie par wilaya actualisée en date du 23 juin 2021 montre que la durée de détention est alarmante dépassant le seuil de 43 ans. Alger reste clairement l’épicentre des arrestations.

En effet, la capitale occupe la première place sur le podium des wilayas réprimées ayant le plus grand nombre des détenus enregistrant 97 détenu-e-s. Par ordre ascendant, on y trouve Sétif (35 détenu-e-s ) et Boumerdes( 22 détenu-e-s). Il y a lieu de noter qu’en espace d’une semaine, le nombre des arrestations de la wilaya Tizi Ouzou a plus que triplé pour atteindre 14 détenus. Cette dernière donnée peut être interprétée qu’il y aurait désormais une volonté de cibler les wilayas où il y a le flambeau de la révolution pacifique qui reste toujours allumé . Il y a certainement une relation de cause à effet entre la répression et l’arrêt des manifestations.

On peut supposer que le mouvement insurrectionnel serait contraint de reculer faisant moins de marche face au plan oppressif afin de maintenir le caractère pacifique de la mobilisation. À très court terme, il peut paraître que l’étranglement autoritaire du mouvement des libertés et des droits donnerait des résultats totalitaires escomptés. Néanmoins, cette démarche est vaine. C’est vraiment suicidaire ! On ne peut croire un instant qu’on peut réduire au silence tout un Peuple déterminé à aller jusqu’au bout avec exemplarité depuis février 2019 à ce jour.

Le boycott massif du dernier scrutin est une confirmation claire d’une rupture totale, exprimée sous une autre forme. Le régime en place aura plus de regrets à se faire en ne donnant aucune chance à cet élan populaire extraordinaire. Que du temps perdu de n’avoir pas su saisir cette opportunité pour se remettre en question et relever le défi commun d’accompagner le changement de système afin d’instaurer un État de droit et démocratique. L’Histoire retiendra que la seule réponse des décideurs est de serrer indéfiniment la cocotte minute socio-politique en l’étouffant avec inconscience et optant pour la bastonnade policière et judiciaire inhumaine.

Aujourd’hui, les marges de la résolution de la crise politique sont malheureusement très réduites en instaurant le climat de terreur. En plus de la problématique politique, la situation devient beaucoup plus complexe à traiter qu’il y a deux ans en arrière. On se retrouve avec un destin d’un pays qui va droit au mur. On ne sait comment par leurs incompétences, les décideurs en place pourraient apporter des solutions extrêmement urgentes aux crises multiples: financière, économique, sociale, sanitaire et autres (la rareté d’eau, la fermeture des frontières,..etc).

Dans cette impasse totale, il faut un sursaut de l’esprit citoyen révolutionnaire qui doit appeler à l’union et agir au plus vite par volonté, compétence, sincérité, loyauté et attachement affectif à notre mère patrie. Les graines d’espoir doivent être semés pour aider celle-ci à lever la tête au ciel, éviter les nuages pré-orageux et s’en sortir saine et sauve. Enfin, respect à tous les infatigables marcheurs marquant avec une résistance admirable ce 123ème vendredi de la révolution comme un défi pacifique face à la répression.

La manifestation coïncide au 23ème anniversaire en mémoire du jour fatidique 25 juin 1998 de lâche assassinat de Matoub Lounes, paix à son âme. Dans ce contexte où les droits humains les plus élémentaires sont bafoués dans notre pays, on cite avec beaucoup d’espoir l’une des convictions de notre rebelle disant: « Mon peuple ira toujours dans le sens de sa libération ». Enfin, c’est avec un pincement au cœur qu’on écoute l’une de ses œuvres immortelles, éditée en 1984, « Monsieur le président, en signe de soutien inconditionnel à nos sœurs et frères détenu-e-s politiques injustement incarcérés en Algérie.

Voici un extrait des paroles de cette chanson: »…. Tkellxem-iyi di temẓi-wXellṣeɣ-awen ayen ur d-uɣeɣTekksem-iyi imawlan-iwTemḥam ayen ak ssarmeɣLmeḥna tnejṛ iɣes-iwUqbel a d-ters lmut-iwAyen yak yejmeε wul-iwS yiles-iw a t-in-ḍummeɣ… » « … Vous avez controuvé ma vie, dérobé ma jeunesse, J’ai payé ce que je n’ai pas acheté. Vous m’avez arraché aux miens, Anéanti toutes mes espérances. Le malheur a irrigué mes os; Avant que la mort sur moi se pose, L’amertume que mon coeur amassa, De ma langue, je la balaierai…. »

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