59 ans d’illégitimité et ça continue…

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1993
Ait Benali Boubekeur

Les célébrations de la fête de l’indépendance se succèdent sans que le régime ne tire aucune conclusion de son échec. Bien que le nouveau régime invoque la naissance de la nouvelle Algérie, dans la pratique, il n’y a rien qui a changé à la gestion unilatérale et autoritaire du pays.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la période actuelle ne diffère guère de celle de 1962. Ainsi, malgré la mobilisation du peuple algérien pour la libération du pays, la joie de la souveraineté recouvrée a été de courte de durée. Dès l’ouverture des frontières, les Algériens ont compris que l’armée des frontières n’était pas rentrée pour s’occuper de la protection du territoire, mais elle était porteuse d’un projet politique.

En tout cas, la fin de la crise de l’été 1962, avec la prise du pouvoir par Ben Bella –à vrai dire, il a été porté au pouvoir par l’armée des frontières –, a ouvert une crise encore plus alambiquée. Car, à la question de savoir quel devait être le projet pour l’Algérie, la réponse se résumait à ces quelques mots : le pouvoir revient au plus fort. Du coup, depuis 59 ans, le pouvoir politique ne déroge pas à cette règle. Et là où le bât blesse, c’est que le régime de cette nature traine forcément des casseroles, dont celle inhérente à la légitimité.

Bien qu’il y ait eu des périodes où les chefs étaient populaires, à l’instar de Ben Bella et Boumediene, force est de reconnaître que leur pouvoir souffrait également de l’illégitimité permanente. En fait, pour mesurer le baromètre de la légitimité, il faudrait mesurer la capacité du peuple à contrôler les rênes du pouvoir. Or, en 59 ans d’indépendance, à l’exception de trois rendez-vous électoraux (1er juillet 1962, 12 juin 1990 et 26 décembre 1991), toutes les élections sont contrôlées par le régime en vue d’assurer son hégémonie sur la société.

Pire encore, à chaque fois que les Algériens ont tenté de créer un contre-pouvoir, le régime a réussi à déstabiliser ces dynamiques. Pour des raisons qui appartiennent aux citoyens, le bras de fer ne durait pas si longtemps. Il fallait attendre l’échec cuisant de Bouteflika pour que tout le peuple se mobilise pour le changement de régime.

Hélas, le haut commandement militaire s’est substitué à la volonté populaire en imposant sa feuille de route. Contrairement aux périodes précédentes, le peuple algérien, dans sa grande majorité, ne se laisse pas faire, et ce, malgré un discours officiel édulcoré. Dans le fond, la nouvelle Algérie officielle n’a rien à envier à la pire période de la dictature sous Boumediene. La seule différence qui existe, c’est que le régime actuel, après la contestation populaire, serait sans doute le pire régime si on prenait comme critère le baromètre de la légitimité.

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