L’EFFONDREMENT

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     Abdellah CHEBBAH                                                                    Juil. 2021

L’Algérie traverse un sale temps.

Après l’avoir ruiné, sucé, terni et affaibli, ce pays est sur le point de s’effondrer. Il ne tient que sur une béquille, celle du mensonge et de la rapine. Rien ne va. L’économie, la santé, l’éducation, le social, le politique…, enfin tout, est déliquescent. Aucun secteur de l’état ne répond convenablement aux inquiétudes du peuple. Bien au contraire, on enfonce encore plus le clou par la répression et le silence. Il est interdit de dire quoique ce soit dans ce malheureux pays. Il faut regarder, se taire, applaudir et laisser faire.

Ce bref tableau est la résultante de soixante ans de gestion politique entre le culte, l’inculte et l’occulte de personnalités de dernière heure sans scrupules.

Six personnes ont semé l’idée d’une révolution. Vingt-deux autres ont décidé de déclencher une guerre et les millions restants ont détruit ce pays, certains par connivence et certains autres par passivité.

Changement de gouvernement, de ministres, de président ou de toute autre personnalité politique ne résoudrait pas le problème Algérien. Le problème ne se résume pas à des personnes mais à un système de gouvernance, de gestion, de mentalité politique archaïque, moyenâgeux qui ne répond pas aux exigences du siècle, entretenu dans une opacité inexplicable.

L’Algérie a besoin de nouvelles figures, jeunes, compétentes, sincères, issues et élues par le peuple, qui sont au diapason de ce siècle. Changer Hadj par Moussa et Moussa par Hadj ne changerait absolution rien. Par contre, changer de mentalité, insuffler un sang nouveau et améliorer le vécu des Algériens donneraient des résultats probants. La tâche est ardue, certes, mais elle est faisable. Il suffit d’une volonté politique saine, honnête, rigoureuse et autoritaire pour redonner espoir et confiance à ce peuple en perdition.

Cela fait 60 ans que l’Algérie se recherche, en reculant. Tôt ou tard cela va mener ce pays à l’effondrement. C’est inévitable. Car rien ne va plus.

Certains pays Africains comme l’Algérie, qui n’ont pas trouvé de pays bâti et prêt à décoller, ont réussi, en l’espace de vingt ans, à mettre leur pays sur les rails d’un renouveau grâce à une volonté de changement et à une vision moderne de gestion qui répond aux aspirations et aux désirs de leurs peuples. Ils ont nettoyé le passé et se sont projetés dans l’avenir.

Il suffirait de presque rien pour redémarrer sur de bonnes bases en ayant en tête un seul objectif, celui de bâtir son pays sur de vraies bases solides. Il faut dégommer tout ce qui s’est mis en entrave. L’argent, la corruption, les passe-droits, le culte de la personne, l’absolu, …Il faut tenter et oser redéfinir le contexte politique en remettant chacun à sa place et chaque institution dans ses quartiers. On ne peut pas interférer dans divers domaines sans en avoir les compétences. Le général dans sa caserne, l’enseignant dans son école ou son université, le médecin dans son cabinet ou à l’hôpital, l’ouvrier dans son chantier, l’ingénieur dans son usine, l’imam dans sa mosquée etc…chacun devrait s’occuper de son domaine. Or ce que nous constatons c’est que tout ce monde a une autre activité connexe de politicien affairiste. Tout le problème gordien de l’Algérie est là. On ne pense qu’à l’argent et pour l’avoir, il faut faire de la politique, même à genoux. 

Le drame de ce pays c’est de constater qu’il n’appartient à personne uniquement à ceux qui tirent profit quitte à ruiner l’ensemble. Cela mène, tôt ou tard, à un effondrement irréversible. 

La caste qui détient le pouvoir doit comprendre une chose, c’est qu’il y aura toujours un peuple, aussi démuni qu’il soit, pour détourner et dénoncer les manigances d’un pouvoir occulte. Et aujourd’hui, avec les réseaux sociaux c’est plus qu’évident.

Avec 95% de non votants aux diverses élections, on comprend que le divorce est consommé et qu’il n’y a plus de point retour.

S’ajoute à cela, le manque de crédibilité et de respect des conventions internationales paraphées.  L’Algérie n’a plus sa place dans le concert des nations. Elle n’est plus écoutée.

Le pouvoir détenu par un ensemble de décideurs n’a plus les moyens de sa politique. Il doit abdiquer à la volonté du peuple qui ne demande qu’à être entendu.

Il est plus que temps de se mettre à table avant l’effondrement réel et imminent.            

L’armée qui est aux commandes en ce moment devrait accompagner le peuple dans la refonte de ce pays. Sans elle, rien ne pourra se concrétiser. Le peuple a besoin de son armée. Il faut laisser le peuple choisir ses représentants, du président jusqu’au maire.

La plaisanterie tragique n’a que trop durée pour continuer à improviser des mises en scènes. C’est le destin d’un pays qui est en jeu, le reste est solvable.

L’Algérie doit revenir sur ces pas, ceux qui ont conduit à son indépendance.

Dieu est clément et miséricordieux.

            Si l’argent et le pouvoir étaient une fin en soi, on aurait vaincu la mort.

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