L’intérêt du pays et de son peuple

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Entre le juge fédéral d’une petite ville américaine du nord-ouest de l’union et le Président des Etats Unis, la consécration de la justice fut l’œuvre du droit. Entre l’acte de l’un et l’opposition de l’autre, l’argumentaire démagogique ou éventuellement la confusion névrotique entre ‘‘l’intérêt du pays et de celui du Pouvoir’’ ne fut en aucun cas servi comme alibi par l’un ou par l’autre et ne pouvait donc nullement venir s’interposer pour transformer un traitement du droit en un procès d’intention. Un deuxième décret remanié du Président vient de se faire également bloquer par un juge de l’Etat d’Hawaï. Fortement contrarié pour ne pas dire excédé, le président ne mobilise point le FBI ou les marines pour l’intérêt du pays, leitmotiv de sa campagne électorale, il annonce bien sa détermination à recourir même près la cour suprême des USA pour arbitrer le différent. C’est simple, et là est toute la leçon.
Cette confrontation, son issue et ses implications se situent à l’intérieur d’un espace de droit, un environnement de justice qui participe du reste grandement à faire des USA la première puissance militaro-économique du monde.
Indéniablement et assurément, si c’est dans l’Etat de droit que les USA puisent leur force, c’est également et exclusivement dans l’Etat de droit que l’Algérie amorcera son renouveau, son épanouissement, son développement ou ne le fera jamais.
Si le droit est un fait transcrit (constitution, code pénal etc…), il est aussi et surtout sensé être l‘émanation de la société voire dans énormément de ses dispositions relever d’un caractère universel. L’intérêt demeure quant à lui, une perception éminemment particulière, variable du point de vue des uns et des autres, absolument non codifiable. Il ne constituerait somme toute qu’une appréciation propre et particulière, puisée à partir d’une situation ou d’un évènement, par une personne, un groupe, voire un pouvoir politique.
Ceci étant, assumer publiquement et fièrement agir dans l’illégalité, au prétexte de servir l’intérêt du pays et du peuple, prête à penser que l’ensemble du dispositif de droit algérien (notamment la constitution) demeure inapte à préserver l’intérêt de la nation. Dans cette logique ‘‘d’intérêt du pays et de son peuple’’ il est expressément recommandé aux Algériens de migrer vers le salafisme nationaliste, une connotation qui rappelle étrangement les années trente du siècle dernier en Europe pour les conséquences que l’on sait, et dans ce cadre, je ne sais s’il faut rire ou pleurer  de la recommandation du secrétaire général du FLN qui demande à ceux qui ont des preuves au sujet de la corruption qui enveloppe les listes des candidatures aux prochaines législatives de les présenter à la justice. Pour autant, les législatives dans certaines contrées, constituent prioritairement un formalisme d’Etat. Elles sont fondamentalement organisées donc dans le cadre de l’intérêt supérieur de cet Etat. Elles échappent donc dans le cadre de la même logique de ‘‘l’intérêt’’ à la justice. La sottise est pour les sots.
Quarante années plus tard, je venais de percevoir, parce que je le vivais profondément, le monologue de Don Diégo qui d’impuissance se lamentait ‘‘Ô rage, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie, n’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie….etc…’’
D. Elissa

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