DEFINITION DU CROYANT « Deuxième partie »

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PAR TAHAR GAÎD
 
3 – Ceux qui croient au Mystère accomplissent la prière et dépensent de ce que Nous leur avons attribué. Ces pieux attestent ce que l’Envoyé de Dieu leur communique, d‘une part, en matière d’informations sur le Mystère, tels que la résurrection, le Paradis et l’Enfer, et, d’autre part, sur les récits relatifs aussi bien au passé qu’à l’avenir. Ils s’acquittent de la prière canonique avec une crainte courtoise, tout en respectant ses règles et ses conditions. Ils d’éloignent des turpitudes. Ces gens pieux sont aussi ceux qui dépensent, sous forme de zakât, aumône purificatrice et d’aumônes volontaires, une partie de leurs biens et non pas la totalité. C’est que toute subsistance provient de Dieu et non pas d’eux-mêmes.
 
Après que Dieu nous ait montré que le Livre, à savoir le Coran, est une guidance pour les gens pieux, il veut dans ce verset nous faire connaître les attributs de ces personnes et qui sont-ils. La première qualité se définit par : Ceux qui croient au Mystère. Qu’est-ce que le Mystère qui a été placé au premier rang de la guidance et comme protection contre le feu ardent de l’Enfer et contre le terrible Courroux de Dieu, le Très-Haut ?
Le Mystère, c’est tout ce qui les sens ne peuvent pas atteindre. Les choses sensibles que nous voyons et touchons ne se prêtent à aucune controversent quant à leur existence. Ce qui est à la portée de notre vue et de notre toucher n’a pas besoin de preuves pour démontrer leur présence. Ce n’est pas le cas pour les choses invisible qui peuvent être découvert par autre chose. En effet, s’il y a cinq sens : l’ouïe, la vue, le goût, l’odorat qui nous permettre de reconnaître les objets de notre environnement. Mais il y a effectivement d’autres matières qui s’atteindre et se perçoivent en dehors de ces sens.
 
Supposons que nous avons devant nous deux valises. Elles ont la même forme et le même volume Est-ce avec nos sens apparents, nous pouvons connaître quelle est la plus lourde ? La réponse ne peut-être que négative. Pour en savoir plus, Il faut soulever l’une et l’autre. La constatation de leur poids s’est faite à l’aide des muscles des bras. C’est grâce à eux que nous avons remarqué la plus lourde des deux valises. Il s’ensuit que c’est avec des muscles, qui représentent un  autre sens, que nous pesons les choses.
 
Supposons que nous entrons dans un magasin où des étoffes sont disposées sur des étagères. Leur couleur est différente. Deux d’entre elles attirent notre attention : l’une rouge et l’autre bleue. Pour déterminer la plus fine des deux, nous les plaçons entre les doigts. Ce n’est pas avec le toucher que concluons que telle étoffe est plus fine que l’autre. En vérité, c’est le sens de la preuve évidente dont le jugement ne trompe pas et ne fait jamais d’erreur.
 
Lorsque nous ressentons la faim nous tirailler l’estomac. Avec quel sens la saisissons-nous ? Certainement pas avec nos cinq sens apparents. Il en est de même de la soif. Quel est le sens qui nous fait comprendre que notre corps manque d’eau et quel est celui qui, une fois endormi, nous réveille de notre sommeil ? Aucune personne ne peur le dire.
 
Notre âme renferme donc des dons visibles représentés par nos cinq sens. Elle recèle aussi des perceptions connues par leur seul Créateur. C’est pourquoi, lorsque des spécialistes tentent de définit l’âme humaine, nous leur demandons : Que connaissez-vous de l’âme ? Vous ne connaissez que son aspect extérieur et vous ignorez son for, intérieur. Il existe donc des perceptions, nombreuses et variées, que l’homme ignore. Il s’ensuit qu’il est erroné de déclarer que tout ce qui n’est pas perçu par les cinq sens apparents entre dans le cadre du Mystère ou de l’Invisible. C’est dire qu’il y a des dons et des sensations qui agissent sans que nous puissions les identifier.
 
Sur un autre plan, si nous donnons à un étudiant un exercice à résoudre. La solution trouvée ne s’appelle pas, pour autant, un mystère bien qu’elle était absente et que l’étudiant est arrivé à la situer. Ce sont des antécédents et des théorèmes qui l’ont fait aboutir au dénouement du problème. Egalement la météo, qui prévoit le temps du lendemain ou même de plusieurs jours, ne s’appelle pas mystère : elle n’a pas déchiffré l’avenir parce qu’elle est partie d’éléments antécédents qui ont participé à cette aboutissement météorologique etc.
 
Il est connu que le djinn se distingue par la légèreté de ses mouvements et par sa rapidité. Dieu dit de Satan : « Lui et sa cohorte ne cessent de vous observer alors que vous, vous ne les voyez pas. » (S.7, 27). Le djinn peut voir une chose, se déplaçait d’un endroit à un autre. Il prend alors connaissance d’un fait dont nous n’avons aucune idée.
 
Les savants, forts de leurs sciences, qui ont dévoilé les secrets de l’univers, n’ont pas percé le mystère parce que leurs découvertes étaient basées sur des phénomènes existants préalablement. C’est grâce à ces conclusions antérieures qu’ils sont parvenus à ce résultat.
 
Qu’est-ce que c’est alors que le Mystère ?
 
C’est ce qui n’a pas d’antécédents et qu’aucune science ne peut atteindre. Lisons ce que Dieu a répondu aux anges quand Il a appris tous les noms à Adam et les a soumis aux anges pour les nommer ? : « Et Il apprit à Adam tous les noms, puis les présenta aux anges en leur disant : « Faites-Moi connaître les noms de tous ces êtres, pour prouver que vous êtes plus méritants qu’Adam ! * Et les anges de dire : « Gloire à Toi ! Nous ne savons rien d’autre que ce que Tu nous as enseigné ; Tu es, en vérité, l’Omniscient, le Sage. » * Dieu dit alors : « Ô Adam ! Fais-leur connaître les noms de ces choses ! » Et lorsque Adam en eut instruit les anges, Dieu dit : « Ne vous avais-Je pas avertis que Je connais le secret des Cieux et de la Terre, ainsi que les pensées que vous divulguez et celles que vois gardez en vos for intérieures. » (S.2, 31 à 33)
 
Les djinns aussi ne connaissent pas le mystère, en dépit de leur invisibilité aux humains. Ainsi, Dieu les avait soumis sous les ordres de Salomon. Ils exécutaient ses ordres. Lorsqu’il mourut, les djinns ne savaient pas qu’il avait rendu l’âme jusqu’au moment où les termites avaient rongé la canne sur laquelle il s’appuyait. A la suite de quoi, il tomba à terre. « Et lorsque Nous eûmes décidé sa mort (celle de Salomon), les djinns ne se rendirent compte que grâce aux termites qui avaient rongé la canne qui lui servait d’appui. Et quand il s’écoula, les djinns convinrent s’ils connaissaient le mystère, ils n‘auraient pas continué à exercer aussi longtemps une tâche si avilissante. » (S.34, 14)
 
Il s’ensuit que le Mystère n’est connu que par Dieu. « Car Lui (Dieu) Seul connaît le Mystère dont Il  ne révèle le secret * qu’à ceux qu’Il agrée comme messagers, et qu’il fait précéder et suivi d’un e escorte vigilante. » (S.72, 25 et 26)
 
Les envoyés, sans exception, n’ont également aucune connaissance du Mystère. Ils n‘apprennent que ce que Dieu leur enseigne. Le fait de croire aux anges, aux Livres, aux messagers et au jour dernier relève du domaine de cet Invisible qui s’exclut du domaine de la raison. Bien que Dieu nous fournisse des informations sur les anges  nous ne les voyons pas pour autant. Dès lors que le Très-Haut nous parle de leur existence, nous croyons en eux. Il en est ainsi du jour de la résurrection. C’est parce que nous exerçons nos capacités intellectuelles que nous parvenons à croire qu’il existe un Créateur et un  Dieu qui dirige cet univers. Il s’ensuit que nous avons foi en tout ce qui nous parvient du Tout-Puissant.
 
Nous avons, dans notre corps, une âme qui anime notre vie mais nous ne la percevons pas, ne l’entendons pas, ne la sentons pas et ne la touchons pas. Par quel moyen nous saisissons qu’une âme est en nous-mêmes et que c’est à elle que notre corps doit la vie ? Certes, nous n’ignorons pas son influence. De la même manière que nous savons qu’elle a été créée par Dieu. Comment n’étant pas capable de connaître une création dans notre corps, à savoir l’âme, nous pouvons saisir la Présence de Dieu au moyen de nos sens ?
 
Du moment que nous croyons au sommet de tous les mystères, à savoir Dieu, nous devons avoir foi en toutes les informations qu’Il nous donne, combien même nous ne les voyons pas. Dieu a voulu, par miséricorde, nous rapprocher, au moyen de notre raison, de la question du Mystère. A cet effet, Il nous a fourni, de cet univers matériel, des preuves de l’existence des choses. Cependant, avoir la certitude de leur présence dans notre monde ne signifie pas, pour autant, que nous les percevons et les saisissons matériellement parlant. Détenir la preuve d’une chose et la voir de visu relève de deux domaines différents.
 
Les microbes, par exemple, existent dans l’univers et exercent leur fonction depuis le début de la création. Les gens étaient témoins des effets des maladies dans les corps à la suite des températures élevées, conséquentes aux fièvres. Ils ne connaissaient pas les causes des maux qui atteignaient les humains. A la suite des progrès de la science, l’homme a découvert le microscope qui nous révèle une image agrandie de ces microbes. C’est que la capacité visuelle de la vue n’est pas suffisamment grande pour percevoir avec précision toutes les créatures. Avec l’invention du microscope, nous avons pu voir de visu ce qui n’était pas apparent. Ainsi, nous découvrons des choses avec l’avancement des sciences.
 
Ainsi, ce n’est pas parce que la capacité de nos vues ne peut pas intercepter certaines créations divines, que celles-ci ne sont pas incarnées. C’est seulement parce que le moyen de la conception, qu’est la vue, est faible, qu’elles ne sont pas apparentes. L’exemple des microbes en est une preuve. En outre, leur être réel ne date vraiment pas du moment où ils ont été repérés. Ainsi, la démonstration matérielle de la présence visuelle, de ce qui nous était inconnu, ne fait qu’augmenter notre foi en Dieu et aux nouvelles qu’Il nous révèle.
 
Dieu nous a donné suffisamment de signes de l’univers pour déduire que celui-ci possède certainement un Créateur. Ainsi, personne ne peut prétendre qu’il a créé le soleil, la lune, la terre, l’homme, les animaux, les objets inertes … Aucun ne peut alléguer que son immensité n’est que le produit du hasard, d’autant plus que les coïncidences ne sont ni organisés ni agencées. Si tel état le cas, le soleil et la lune, les étoiles et la terre se seraient heurtés et le mouvement de la nuit et du jour serait déréglé.
 
Or, tous les signes de l’univers nous confirment qu’il y a là une Force formidable et extraordinaire qui les a créés, organisés et inventés. Dès lors, quand un prophète vient nous annoncer que c’est Dieu le Créateur de cet univers, nous ne pouvons qu’avoir foi en lui.
 
Après la croyance au mystère, Dieu nous précise que les pieux accomplissent la prière. Or, la salât est le pilier de l’adoration du Très-Haut. Elle perpétue cette dévotion et cette piété dans n’importe quelle position. En effet, l’homme prie debout. Si une incapacité le prive d’adopter cette attitude, il s’en acquitte assis. En cas où la maladie ou un autre empêchement le contraint à s’aliter, il l’accomplit allongée. C’est dire que la salât ne s’interrompe pas ; elle est la perpétuation de l’adoration pendant les cinq moments de la journée.
 
Ensuite, Dieu poursuit la description des attributs pieux en disant Et effectuent des œuvres charitables sur les biens (mimma razaqnâ-hum) que Nous leur avons accordés. Razzaqna dérive de rizq (la subsistance) est compris souvent comme étant seulement des biens. C’est, en réalité tout ce qui profite à l’homme. Ainsi la force physique est une subsistance. La science, la sagesse et l’humilité en sont d’autres. Tout ce qui apporte une activité à la vie est une subsistance. Ainsi, si quelqu’un n’a pas de biens, il peut, par exemple, venir en aide à un malade handicapé. L’homme cultivé, en instruisant, un  illettré, accomplit un acte charitable. Ainsi, le mot « charité » ou « aumône s’étend sur une vaste étendue.
 
4 – Ceux qui croient en ce qu’on a fait descendre sur toi, ce qu’on a fait descendre avant toi et ont la certitude de la vie dernière. Ce sont ceux qui attestent comme vrai ce qui est descendu sur Muhammad (s), de la même manière qu’ils tiennent pour authentique ce qui est descendu sur les prophètes venus avant lui. C’est que les croyants croient en tous les Livres célestes et en tous les envoyés de Dieu, du premier jusqu’au dernier, sans exercer aucune différence entre eux. Ils croient, en plus, avec une ferme certitude, que le jour de la résurrection est une évidence indiscutable et que Dieu, en ce jour, rassemblera inévitablement tous les Hommes, sans aucune exception, pour être jugés et récompensés ou châtiés.
 
Comme nous l’avons indiqué plus haut, la foi en la vie dernière est le fondement de la religion. Quiconque ne croit pas en la résurrection, en la vie future et éternelle et au Jugement, qui s’en suivra avec ses rétributions, pourra faire en vain ce qu’il voudra en ce monde, sans obtenir la récompense de ses bonnes œuvres. En effet, s’il n’y a pas de vie dernière, la vie présente n’aurait aucun sens. La religion n’aurait pas sa raison d’être, du moment que le fondement de la vie réelle repose sur l’existence d’une autre vie meilleure.
 
Le monde éphémère et illusoire, que nous traversons et qui aura inévitablement une fin à L’Heure prévue par le Seigneur des univers et des hommes, est celui des épreuves, parfois pénibles des tentations dangereuses, des souffrances multiples et des examens répétitifs de conscience. Quant à la vie dernière, c’est la demeure d’un bonheur permanent et ininterrompu. C’est pourquoi, tout acte du croyant, si minime soit-il, réalisé en ce monde a pour objectif son équivalent en rétribution, bonne ou mauvaise, dans l’Au-delà.
 
Ainsi, dans ce verset, Dieu nous présente un autre trait de caractère de l’homme pieux : Ils croient à ce qui a été révélé au Sceau des envoyés, en l’occurrence le Coran. Ils croient également aux Livres et aux prophètes antérieurs, tels que la Thora, l’Evangile, en ce qui concerne les Ecritures, Moïse et Jésus, pour les messagers.
 
            Les gens du Livre s’imaginent que leur relation avec Dieu se limite seulement à croire en Lui, à recevoir de Lui des Livres et à suivre des prophètes. Pour ceux, cela suffit. Ce n’est pas le cas de l’Islâm qui s’adresse aux mécréants et aux gens du Livre afin qu’ils croient lui, de sorte, qu’en définitif, il soit une Religion et un Message qui atteignent toute l’humanité.
 
Dieu, dans le Livre qu’Il a fait descendre, a fait connaître au Sceau des envoyés (s) Ses noms et Ses attributs. Après quoi, Il a demandé aux gens du Livre de croire en ce dernier messager. A cet effet, Il les a renseignés sur sa description dans les Ecritures précédentes. C’est dire qu’ils le connaissent comme ils connaissent leurs propres enfants. Leur compréhension de la période de sa mission et de ses traits de caractère est une certitude indiscutable. Les juifs de Médine disaient aux mécréants de cette ville : « Le temps de l’avènement d’un prophète approche. Nous croirons en lui. Et à ce moment, nous vous tuerons comme cela s’était produit pour les peuples de ‘Âd et d’Irâm. »
 
Lorsque la venue du Sceau des envoyés, tant attendu, a été proclamée, ils ont été les premiers à nier sa prophétie et à le combattre, alors que sa description était mentionnée dans la vraie Thora et le vrai Evangile. Il est dit dans le Coran : « Lorsqu’ils reçurent de la part de Dieu un Livre conformant leurs propres Ecritures, et alors qu’auparavant ils n’avaient pas cessé d’implorer l’assistance divine contre les infidèles, ils refusèrent de croire à ce Livre qui pourtant leur avait été prédit. Maudits soient donc les infidèles.» (S.2, 89). En fait, les juifs médinois s‘attendaient à un prophète juif comme eux. C’est pourquoi, quand est venu Muhammad (s), ils l’ont combattu.
 
La mission de Mohammad (s) n’est pas une surprise pour les gens du Livre. Au con-
traire, ils l’ont attendue. Ils ont affirmé qu’ils croiraient en elle comme leur Livre le leur a ordonné. Cependant, ils ont refusé la foi et ont nié sa mission lorsque son temps est  venu.
 
Ensuite, le Très-Haut a dit parlant toujours de la description des gens pieux : Ils croient ferment en la vie dernière. Un remarque est à faire sur ce dernier terme, à savoir la vie dernière (yawmu-l-âkhirah) : si nous feuilletons la Thora, Livre des juifs, ou si nous lisons le Talmud, nous ne trouvons rien sur cette expression. Les juifs n’ont pris, de leurs Livres, que l’aspect matériel de la question. Or Dieu a insisté sur la foi en la vie dernière parce que les fils d’Israël disent : nous croyons en Dieu, en Ses livres, en Ses prophètes mais ne poursuivent pas jusqu’à. Ils ne disent donc pas : et en la vie dernière parce qu’ils ne sont pas croyants. S’ils n’avaient pas trouvé cet attribut dans le Coran, ils auraient peut-être déclaré que l’Islâm correspondait au contenu de leurs Livres.
 
Cependant Dieu a voulu que la représentation de la foi soit complète. Autrement dit que la foi en Dieu soit le sommet du commencement. Et la foi en la vie dernière soit le sommet de la fin. Celui qui ne croit pas en ce dernier attribut avec ces continuités, à savoir qu’il rencontrera le Seigneur, qu’il croit au Paradis dans lequel le croyant demeurera éternellement, et à l’Enfer dans lequel les mécréants seront châtiés, leur foi est amputée ou insuffisante. Il se rapproche de l’infidèle qui a érigé le monde terrestre comme un but et une fin.
 
             Le croyant est celui qui croit en la vie dernière car sans elle le mécréant redoublerait ses fautes dans ce monde, sans aucune considération pour ce qui va suivre. C’est qu’il prendra de la vie présente tout ce qui lui fera plaisir, sans restriction. Il jouira des commodités terrestres, tandis que le croyant vivra relativement dans des privations. C’est pourquoi la croyance en la vie dernière s’insère dans les autres croyances qui définissent la foi.
 
 L’idée directrice :
 
            L’invocation des croyants et leur espoir d’appartenir aux gens de la guidance afin de suivre la voie qui les conduira au succès dans ce monde et dans l’Au-delà.
 
Les cinq attributs des croyants pieux
 
Ces versets décrivent les croyants pieux en mentionnant cinq de leurs attributs qui se concluent par l’énoncé du rappel de leur bonheur et de leur réussite dans les deux mondes.
 
Ces cinq attributs sont les suivant :
 
1- La foi aux phénomènes invisibles, c’est–à-dire à tout ce qui est caché, à ce que les sens ne peuvent pas saisir comme la Résurrection et le Grand rassemblement avant le Jugement, le Sirât, ce pont jeté au-dessus des abîmes de l’Enfer, l’existence des anges, des djinns et autres manifestations citées dans le Coran.
 
            2 – L’accomplissement de la prière : c’est sa pratique parfaite avec toutes ses règles et ses conditions, sa crainte révérencielle et son éthique. Ibn ‘Abbâs a dit : « avec ses inclinations, ses prosternations, sa lecture du Coran et son khushû’ ». Nous devons observer dans le verset l’un des secrets du Coran : en effet, le Très-Haut dit : « Ils accomplissent la prière » et non pas « Ils prient », pourtant plus simple et plus précis. Cette formulation a pour objet d’attirer notre attention sur cette pratique parce que l’objet ne porte sur la configuration de la salât en elle-même que les gens ont l’habitude de voir.
 
Dieu a voulu montrer la réalité de la salât dont Il veut l’observance, à savoir la salât pieuse, humble et soumise, celle qui exige de l’homme de s’abstenir des mauvaises actions ainsi qu’Il le dit dans d’autres circonstances : « Accomplit la sâlât car la salât préserve des turpitudes et des actes blâmables. » (S.29, 45).
 
C’est celui-là le secret dans l’expression employée toujours par le Coran chaque fois qu’il mentionne la salât. Il en est ainsi de ces versets : « Accomplis ou acquitte-toi de la salât du déclin du soleil jusqu’à la tombée de la nuit. » (S.17, 78)[1] ; « Adore-Moi et accomplis la salât en souvenir de Moi. » (S.20, 15) ; « Certes ceux qui récitent le Livre de Dieu et accomplissent la salât. » (S.35, 29). Que le croyant réfléchisse et médite donc ce secret Coranique car il est aussi cher que précieux.
 
3 – S’acquitter de la zakât : l’aumône purificatrice est donnée aux pauvres et aux nécessités. Très souvent, le Coran mentionne, en même temps, la salât et la zakât ;  ces deux piliers de l’Islâm sont cités l’un lié à l’autre. C’est que la salât est un Droit de Dieu. Quant à la zakât, c’est un droit dû au serviteur. Il s’ensuit que la foi de l’homme ne peut être complète que s’il y a acquittement du Droit du Seigneur et du droit des créatures humaines.
 
4 – La foi en tous les Livres célestes : ce sont les Livres descendus sur tous les prophètes et les envoyés, sans faire une discrimination entre eux et entre les messagers.
 
5 – Croire au Jour dernier : cette croyance doit être ferme et enracinée dans le cœur. Elle ne doit être affectée par aucun doute ni aucune suspicion.
 
En conclusion : Les pieux sont donc ceux qui croient au Jour de la résurrection, au Jugement dernier et à la vie éternelle de l’Au-delà. Ils sont également ceux qui accomplissent leurs cinq prières quotidiennes. Ils son  généreux puisque ils donnent aux nécessiteux et aux pauvres une partie des biens que Dieu leur accorde. Ils sont ceux qui croient en la mission prophétique de Muhammad (s), tout comme ils croient en celles des autres messagers venus avant lui. Ils sont à la recherche de la Vérité ; ils ne se contentent pas du monde matériel. Ils cherchent partout les signes évidents et cachés d’un Etre supérieur, Source de toute l’existence et Créateur de l’univers. Pour eux l’existence humaine ne finit pas avec la mort, puisqu’ils croient à la vie éternelle. Ils ne passent, pour autant, tout leur temps dans des prières car ils se préoccupent du sort de leurs semblables. Dans cette vision Coranique, la foi et la pratique vont de pair, sachant que l’Islâm est une religion implique la gestion des affaires de la vie individuelle et collective de tous les êtres humains.
 
5 – Ceux-là sont sur une bonne voie (‘alâ hudane) de la part de leur Seigneur. Ceux-là sont les triomphants. Les gens pieux, que nous venons de décrire, sont sur la bonne voie, celle que leur Créateur, Bienfaiteur leur a indiquée. Ils ont accomplis ce que Dieu leur a ordonné de faire et se sont éloignés de ce qu’Il leur a interdit. C’est qu’il n’y a pas de meilleure guidance que celle de l’Omniscient. Ce sont donc eux qui ont triomphé et triompheront de tous les obstacles, dès lors que, munis de toutes les prescriptions divines, ils ont emprunté le chemin de la réussite et du succès et ont évité celui de l’égarement et de la perdition.
 
Les pieux suivent bien la guidée de leur Seigneur. Ce sont eux qui triompheront. Le salut éternel dépend de l’étouffement de tous les vices, pour se préparer à l’élévation spirituelle. Si Dieu a créé le monde pour établit le bonheur de l’homme, celui-ci doit, en retour, s’astreindre à l’adoration de Dieu et à être, pour cela, au nombre des gens pieux.
 
« Ceux-là » s’adresse à ceux qui répondent aux attributs de la piété énoncés ci-dessus dans les deux premiers versets. Ceux-là sont parvenus à la guidance, soit au chemin qui mène à la foi, celle du succès, de la réussite et du salut.
 
L’expression « Ceux-là » est employée  deux fois dans le verset. Cet emploi fait partie de la rhétorique coranique. Cependant le premier attribut (être sur la bonne voie) s’assimile au second (les triomphants) pour montrer que dans l’islâm il n’y a pas deux « foi » mais une  seule à laquelle correspond une même récompense.
 
Si nous considérons les deux répondants (bonne voie et triomphants) que la guidance conduit au but final, nous constatons que Dieu a élevé le guidé (al-muhtadî) au-dessus de la guidance (al-hadyu) pour que nous sachions que cette dernière n’est pas employé pour nous renseigner sur la saveur du mouvement de l’homme pieux dans la vie, mais pour élever le rang qu’il occupe. Il est dit dans le verset : ‘alâ hudane (ils sont sur la bonne voie). Cette expression nous renseigne sur la prééminence (être tiré vers le haut). En plus clair, le bien guidé, en suivant la bonne voie, ne peut pas être sujet à l’humiliation. C’est contraire à l’égarement qui pousse l’homme vers le bas. C’est pourquoi, Dieu dit : « Si l’un de vous est dans la bonne voie, l’autre est totalement dans l’erreur. » (S.34, 24)
 
Nous observons ce qui nous renseigne sur la prééminence dans la guidance et ce  qui annonce la dépravation dans l’égarement. Ainsi, la supériorité et la suprématie résultent  de l’engagement dans la voie droite car c’est elle qui fixe le mouvement de notre vie de sorte à élever notre rang dès lors que nous ne prenons pas notre loi d’un humain mais de celle de Dieu. Ce qui n’est pas le cas dans l’égarement qui équivaut à la dégradation. « La vérité est que ceux qui font le mal au point d’être cernés par leurs péchés de toutes parts, ceux-là auront l’Enfer pour demeure éternelle, * tandis que ceux qui y croient en Dieu et qui font le bien auront le Paradis pour séjour éternel. » (S.2, 8& et 82)
 
Les péchés cernent de toutes parts ceux qui font le mal : C’est-à-dire qu’il ne peut pas leur échapper parce que l’égarement les enveloppe totalement. Aussi longtemps qu’il sera cerné, ils ne trouveront aucune issue de délivrance. Ils ne pourront absolument pas ainsi retrouver la guidance. Lorsque Dieu, le Très-Haut a dit : Ceux-là sont dans la bonne voie de la part de leur Seigneur ; ceux-là sont les triomphants (al-muflihûna), Il a choisi un terme qui a une signification terrestre qui rapproche le sens de l’auditeur.
 
Qu’est-ce que le falâh ? D’une manière générale, ce terme veut-dire le triomphe et al-muflih, c’est le triomphant, le victorieux. D’un point de vue plus précis, le mot est pris du  sens de creuser un sillon pour des semences.  C’est de là que provient le terme al-fallâh (le cultivateur) : c’’est lui qui creuse les sillons et y jette les semences. Si le Seigneur a employé ce terme pour parler de la  vie dernière, c’est pour appuyer un fait par une preuve. Ainsi il explique une question métaphysique (ghaybiyyune) par une autre fondée sur une évidence. Ainsi, lorsque le cultivateur creuse des sillons et sème un produit dans une terre cultivable, celle-ci  produit un rendement considérable. Dieu attire notre attention sur cette question en disant : « Voyez-vous ce que vous labourez ? * Est-ce vous qui faites germer les semences ou est-ce Nous qui les faisons lever ? * Et si Nous le voulions, Nous les dessècherions et vous en seriez  réduits au désespoir *, à crier à la ruine. » (S.56, 63 à 67)
 
Nous comprenons à présent pourquoi Dieu a employé le mot al-muflihûna (les triomphant mais c’est un mot qui provient de « creuser un sillon ») : c’est pour nous donner des exemples matériels, se référant à des choses visibles dans le dessein d’aider nos raisons limitées à comprendre des phénomènes qui relèvent du Mystère. Ainsi, le Tout-Puissant compare la récompense obtenue dans la vie dernière aux semences et aux labours. Le verset devient simple à comprendre : celui qui sème bien, récolte nécessairement beaucoup. Autrement dit celui qui accomplit de bonnes œuvres sera récompensé dans l’Au-delà.
 
 
[1] Allusion aux  cinq prières canoniques que tout musulman doit accomplir.
 

3 Commentaires

  1. De tous les articles et autres contributions mis sur le site LQA il n’y a que ceux de Mr TAHAR GAID qui peuvent nous procurer du plaisir et du bonheur en les lisant.
    Allez-y savoir pourquoi?
    Parce qu’ils(et c’est fort possible)parlent tout bonnement à l’Âme et titillent la fibre sensible de cet être humain,créature dotée d’une intelligence extraordinaire, qui cherche pendant toute sa vie,aussi éphémère soit-elle,le sens philosophique de sa présence dans ce vaste univers,et ce peut être pour s’accomplir pleinement.
    C’est à méditer..
    Merci mille fois SI TAHAR!

  2. Baraka alla fikoum ya cheikh Pour ce sujet Utile Pour moi en tous cas! en ce jour D’achoura certains de nos compatriote f^te cet évènement en famille par l’achat de la fameuse « Kachkcha » cachauète datte amende etc…est ce ce n’est pas une Bidaâ? pareil pour el Mawled el nabawi el charif! Pourquoi notre islam en afrique du nord parfois a été mal compris allant jusuq’à la violence que se passe t-il chez nous…

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