L’Institut du Monde Arabe, mirage ou réalité ?

1
1825

  Youcef L’Asnami
 
Plus de trois millions d’euros ! C’est l’investissement qu’a récemment consenti l’Institut du Monde Arabe (IMA) de Paris pour la rénovation de ses bâtiments dont l’emblématique façade Sud et ses 240 moucharabiehs qui n’étaient plus fonctionnels depuis des années. Jack Lang, Président de cet Institut a voulu frapper fort pour la célébration des 30 ans de l’IMA ! Et n’aura réussi qu’à moitié ! Les moucharabiehs devraient s’ouvrir et se refermer en fonction de l’intensité de la lumière reçue et donc assurer une régulation thermique ! Ce n’est malheureusement toujours pas le cas pour cause de défaillance du système des cellules photoélectriques chargées de piloter ce dispositif. De ce fait, l’ouverture et la fermeture de leurs diaphragmes sont programmées toutes les heures et non en fonction de l’ensoleillement ! Une bibliothécaire m’a fait la démonstration en direct en actionnant un bouton devant moi qui a pour effet d’ouvrir les moucharabiehs à leur maximum, et de les refermer.
On pourra toujours se consoler par l’équipement des moucharabiehs d’ampoules LED sur toute la façade Sud. Ce qui est a permis ce vendredi soir 29 septembre, un spectacle haut en lumière, en couleurs et en formes qui a ravi la foule nombreuse rassemblée dans la grande cour devant l’IMA.
Par cette opération largement médiatisée, suivie par la gratuité, ce dernier week-end de septembre, de toutes les expositions et activités, le Président de l’IMA pensait peut être faire oublier sa mise en cause personnelle dans la gestion de l’établissement par le magazine Capital en janvier dernier.  Un journaliste de ce magazine lui reprochait des dépenses excessives quant à son train de vie et ses démêlées judiciaires avec le restaurant traiteur libanais NOURA du 9eme étage à qui il n’aurait pas réglé des arriérés de factures. Les démentis de son secrétaire général n’auraient pas été convaincants. Mais dans toute cette histoire, pas un seul Etat arabe ne s’est fait entendre alors que la direction de l’IMA, actuellement assurée par un universitaire saoudien, reste encore un poste réservé aux « arabes ».
Trente ans après son inauguration par François Mitterrand, l’IMA reste dans une situation de grande fragilité financière facilitée par son statut juridique hybride de fondation de droit privé soumise au seul contrôle de la Cour des comptes française.  Cette dernière n’a d’ailleurs pas manqué d’épingler la gestion de l’IMA à plusieurs reprises mettant l’accent principalement sur le choix de la désignation des différents directeurs généraux qui se sont succédés,  choix dictés par des considérations  de « politiques et diplomatiques au sens noble du terme que par des critères privilégiant l’expérience managériale et un souci de gestion. ».
C’est l’Arabie Saoudite et le Qatar qui auraient financé ce projet de rénovation. Une goutte d’eau pour ces richissimes pays dont on a quelques idées sur leurs scandaleuses acquisitions mobilières et immobilières en Europe. Qu’est ce 3 millions d’euros devant les 222 millions d’euros mobilisés par le Qatar pour le transfert de Neymar au PSG ?
En passant devant un groupe de touristes à qui une guide donnait des explications sur la culture du « monde arabe », j’entendis un visiteur poser cette question de bons sens : « Qu’est ce qui caractérise le monde arabe ? ». La réponse du guide m’aurait intéressée. Mais je n’ai pas osé m’y attarder pour l’écouter. Pour une foi que tous les bâtiments de l’IMA étaient accessibles, je voulais en profiter pour visiter tous ses recoins du sous-sol, encore lugubre, au dernier étage avec cette vue imprenable sur la Seine et Notre Dame ! La remontée de la tour de livres, qui relie par ses magnifiques spirales les différents niveaux de la bibliothèque, est en elle-même un vrai spectacle qui offre, à différents niveaux, non seulement des livres en libre-service, mais aussi de splendides vues sur le quartier parisien.
Le financement des travaux de rénovation de l’IMA par ces deux pays du Golf masque une cruelle réalité : la division de ce « mondarabe » composé de 23 pays regroupés dans une Ligue arabe, avec leurs 380 millions d’habitants répartis sur quelques 14 millions de km2 , détenant la moitié des réserves de pétrole et le quart des réserves de gaz du monde. Une Ligue arabe, un autre « machin » qui ne sert à rien si ce n’est à confirmer, jour après jour, une expression que beaucoup d’algériens ont appris à l’Ecole : « Les arabes se sont entendus pour ne jamais s’entendre !».
Et on retrouve ce postulat dans la gestion même de l’IMA, établissement pourtant à vocation culturelle, que les pays arabes ont cessé de subventionner depuis 1999 !
Et c’est donc le gouvernement français seul, via le Quai d’Orsay et non le ministère de la Culture, qui assure le fonctionnement de l’IMA au travers une subvention qui s’élèverait à près de 12 millions d’Euros annuels nécessaires à la rémunération des quelques 120 salariés permanents et l’entretien des bâtiments. Pour l’organisation des différentes manifestations – concerts, expositions,…- à l’IMA, la direction de l’Institut profite du carnet d’adresses fourni de son Président pour en assurer le financement par des mécènes grassement remerciés sur le site de l’IMA où l’on retrouve les groupes Total, Orange, Geant Casino, RATP, Tunis Air Royal Air Maroc… Pas de trace de l’Algérie ! Situation quelque peu ubuesque quand on pense qu’au moment de sa création, un des objectifs assignés par la France et les pays arabes à l’IMA était de «développer la connaissance du monde arabe, d’animer une recherche en profondeur sur sa langue, ses valeurs culturelles et spirituelles.. » .
Dans ce monde arabe qui cumule les paradoxes, il faut sortir quatre fois son passeport pour aller de Rabat au Caire en parcourant les 4600 km qui les séparent. Et peut-être cinq fois si les prévisions de Robin Wright, cette experte américaine en géopolitique se confirmaient : la division de la Libye en trois Etats dont deux aux Nord et un au Sud. On y est presque !
Comme dirait Cheikh Chemssou : « Hasbouna Allâh wa Ni3ma al-Wakîl » !
 

1 COMMENTAIRE

  1. Tous ses gens que vous voyer sur ses photos profite de ma contribution d’impôt pour payer cet institut qui ne sert a rien, qu’est ce que je n’ai a foutre de cet institut et cette kalida toumi pourquoi ne pas rendre une décision d’un mandat d’arrêt a son encontre suite au dilapidation de beaucoup d’argent durant la manif tlemcen capital islamique et avant…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici