L’ALTÉRITÉ est-elle possible? Pourra-t-elle remplacer le mépris et la haine?

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Abdellah Chebbah.

Est-il possible à nos historiens d’écrire un jour l’histoire de notre pays sans falsification idéologique, sans passion et sans mensonge?
Depuis l’indépendance, des politiciens qui se sont faussement construits un passé révolutionnaire mythique pour puiser une légitimité indue, ne cessent d’inciter à l’écriture de l’histoire, une histoire à dormir debout, à laquelle plus personne ne croit car son viol a eu lieu précocement.
Depuis lors, c’est dans un bouillon de culture frelatée qu’a évolué le citoyen Algérien pour devenir l’être névrosé au caractère reptilien, arrogant, dictatorial et intraitable dans ses certitudes.
La certitude est la maladie des cons, dit-on.  Le sait-il au moins?
Même s’il a une ignorance galactique du sujet, il s’implique dans des débats qui dépassent ses compétences cognitives et son degré de connaissances.
Ainsi, il a un avis sur tout, connait presque tout en étant partout.
La politique, l’économie, le social, la religion, l’enfer, le paradis, les mystères du monde invisible sont autant de sujets sur lesquels il déblatère frénétiquement, étalant des arguments inconsistants et décousus dans une ambiance  souvent violente et agressive pour faire taire son interlocuteur.
Crier plus fort ne veut pas dire avoir raison. Notre débatteur, »déblateur » n’est pas de cet avis.
Aucune discussion ne se fait dans le calme et l’apaisement. La nervosité et l’émotion sont toujours de mise. Le caractère reptilien prêt à vous foudroyer pour un mot, une phrase, une opinion, une idée qui ne cadre pas avec sa vision fusse-t- elle désastreusement fausse et dangereuse, vous fustige.
Ainsi, on vous écoute ou on vous lit, non pas pour comprendre, mais pour vous répondre, vous contredire et vous humilier.
Sous d’autres cieux, les enjeux  » sociétaux » de grandes importances sont débattus par des think-  tanks, des académiciens, des penseurs et autres personnes reconnues comme étant les plus qualifiées.
Dernièrement, sans aucune prétention, j’ai publié un article sur le quotidien d’Algérie à propos de  la langue Amazigh. Cela a fait un tollé sur les réseaux sociaux et sur les forums. Le titre de l’article était pourtant très significatif.
Malheureusement le débat que je voulais initier a pris une tournure inadmissible ou l’insulte et l’invective ont été au hit-parade des arguments arguties.
Ceci me donne l’opportunité, en guise de réponse, pour aborder le problème de l’altérité chez l’Algérien, dont a été l’objet de mon article, qui pense être le détenteur unique de la science infuse et de la vérité absolue.
L’altérité est la reconnaissance de l’autre dans sa différenceIl est insensé de vouloir faire reconnaitre ses différences en ignorant celles des autres.
Il y a tout un débat autour de cette thématique. Je voulais que mes compatriotes se focalisent sur ce sujet pour arriver à la conclusion que le mépris et la haine que nous éprouvons l’un pour l’autre vient justement de là.
En ce qui concerne la langue Amazigh, je ne suis pas ferré en la matière pour donner un avis prompt. Je laisse cela aux spécialistes des langues. J’ai par contre des doutes quant à sa faisabilité et sa généralisation immédiate. Les érudits en la matière pourront faire face aux défis et trouver les bonnes réponses.
Le système éducatif est le premier à s’impliquer lourdement dans ce sujet.
Il existe des pays où plusieurs langues sont utilisées. Être servi dans une des langues officielles, est une obligation constitutionnelle et un droit citoyen et pas un privilège, une aumône ou une offrande de petite ou grande importance.
Notre blocage est dans ce déni de droit et ce mépris que nous avons les uns pour les autres. Il faut lutter de toutes nos forces pour bannir la haine, le régionalisme, la « hogra », l’avanie et toutes formes de déconsidération.
La beauté de notre pays est dans sa diversité et non pas dans son uniformité.
Un pays ne peut prospérer que dans la diversité. Le conformisme dans lequel nous avons toujours vécu nous a menés au désastre en tout point de vue. Dieu nous a créé dans la diversité pour nous rencontrer, nous connaitre, nous apprécier, nous aimer et apprendre les uns des autres.
En ces moments précis, les pieds noirs revendiquent une ayala, une hidjra, un retour sur nos terres, 55 ans après leur départ, pour créer un état qui restera éternellement rattaché à la France.
Sommes-nous si sourds, si aveugles, si bornés, si bêtes et si stupides pour ne pas comprendre que le feu est en train de prendre dans notre pays?
Divisons nous, entretuons nous, pendant que de nouveaux maîtres préparent le menu de notre nouvelle servitude et domination qui fera de nous, encore une fois, les esclaves des temps modernes.
Sommes-nous condamnés à être un pays de conquêtes et de colonisations. Cela suffit. Construisons ce pays une fois pour toute dans sa diversité.
 
 
 

6 Commentaires

  1. Bravo monsieur A. CHEBBAH…Excellent !
    A taaable, le peuple est cuit !
    Comment abrutir un peuple et se le farcir pour le spolier de sa liberté, de ses droits et de ses richesses ?
    Voilà la recette :
    1/ A l’issue d’une révolution victorieuse offrant l’indépendance à un peuple et pour réussir la mise en place d’un état despotique, d’abord prendre soin de corrompre, d’écarter ou d’éliminer les vrais résistants encore vivants qui refusent que les planqués et les collabos, pendant la révolution, prennent le pouvoir.
    2/ Imposer une langue de bois garnie d’herbes de religiosité.
    3/ Falsifier l’histoire avec un zeste de culot.
    4/ Créer un faux mythe, l’imposer et le sacraliser avec des lauriers.
    5/ Mélanger le tout avec un beau et unique droit qui est celui de se taire afin que le peuple soit bien mariné.
    6/ Chauffer à petit feu et disperser le peuple quand il commence à revendiquer.
    7/ Phase importante pour réussir la recette; si le peuple ne prend plus des vessies pour des lanternes, il faudrait le retourner, l’infiltrer et le gaver avec une bonne rasade de religion saupoudrée d’un maximum de manipulations afin que le chaos prenne !
    8/ Laisser mijoter ainsi longtemps pour que le peuple se vide de son sang et de ses révoltes jusqu’à ce qu’il implore grâce à son détriment.
    9/ Après dix ans de cuisson à vif (durée moyenne de répression pour que la pâte de la soumission s’établisse), le peuple est prêt à servir et à obéir en disant merci à celui qui l’a cuisiné.
    10/ Un conseil :
    Afin de satisfaire les perpétuelles gourmandises et convoitises de ceux qui s’enrichissent aux détriments du peuple en le gouvernant de force, garder toujours à portée de main les mêmes ingrédients de la recette et surtout ne jamais éteindre le feu !
    Telle est la cuisine cannibalesque de la maffia-politico-financière d’un pays où la tricherie est établie comme règle et l’honnêteté comme exception !
    Aujourd’hui, on en est à : « Heureux les martyrs qui n’ont rien vu »…
    Quand est ce qu’on pourrait dire « Fiers de nous auraient été nos martyrs ! » ?
    Djamel B dit Sidi râle

  2. C’est comme si l’appartenance a un seul grand éspace ‘Algerie  » nous fait défaut … le  » pensé  » Algerie , Algeriens nous manque terriblement … Dans chaque cerveau est gravé le nom de la  » dechra  » ,  » douar  » ,  » aarch  » ,  » tribut  » mais pas de Pays … l’Algerie pour nombre d’entre nous est un grand éspace ou l’on peut circuler sans visa d’une région a une autre … s’installer , travailler , faire du business sans plus … On ne s’intègre pas a l’ensemble … il ne fait pas partie de nous … on ne fait pas partie de lui … il nous importe peu … si ça  » barde  » , notre  » dechra » sera notre salut … Nos interets ne sont pas définis ou mal définis pour la majorité d’entre eux … Notre  » intelligence  » si intelligente nous joue des tours macabres … Notre détention de la vérité absolue nous rend aveugles et ridicules … On ne peut avoir un Pays prospère doté d’ institutions avec un esprit tribal , la négation de l’autre ,l’uniformité et trop  » d’intelligence  » … Et pourtant on ne manque de rien pour réussir , un vaste territoire , des richesses diverses et multiples , des individualités enviées et surtout une mission civilisationnelle qui fait défaut a bon nombre d’humains et de pays … A mon humble avis , nous avons un déficit « d’interconnectabilité  » , on ne se connais pas ou on se connais  » trop  » , on ne discute pas , on impose nos idées , on se méfie de l’autre , on ne le respecte pas et il nous le rend si bien que tout un chacun campe sur ses positions sans échanges ni recherche d’optimisations … On croit connaitre nos interets mais ce ne sont que des reves d’enfants et soubresauts d’adolescents … On a mal ! il y a urgence de stopper notre autodestruction et cesser de rejeter nos fautes sur l’autre ou bien c’est l’accoutumance au masochisme …

  3. Ce que dit le sujet est vrai mais comment relever le défi? on est parti loin dans l’ignorance! on a vraiment jamais travailler pour une algérie Unie! les ex révolutionnaires tels Boumédienne, amirouche boussouf etc…furent jeune et intellectuellement nuls, même si on disposait des penseurs de grand talon tels Bennabi, bachir el ibrahimi etc.. mais étaient tous mis hors d’état de « nuire » c’est incroyable! des M’zabite Musulmans ?? des kabyles musulmans??? des Chaouis Musulmans??? l’islam combat les sectes, si on est musulmans on est convertit et on a une seule religion, est ce que les mzabites nous prennent pour des non musulmans vu leurs intégration timide? ets ce que les kabyles se voient non musulmans vu leurs retour en arrière en célébrant des fêtes l’âge des pierres? a mon humble conviction nous devions avoir un seul code et faire gaffe aux discours qui nous font perdre du temps.

  4. Monsieur hamoudi, ne vous inquiétez pas trop des mozabites, des chaouis et des kabyles. Soyez un bon musulman et acceptez les autres concitoyens avec leurs différences. Si Dieu voulait créer le monde ou tous les peuples aient la seule et même culture il l’aurait fait. Moralité : Être bon, serviable et pieu dans ses obligations spirituelles sans faire de politique car elle est l’action de chaitan aoudhou bi Allah. A bon entendeur…

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