Pour suivre les dédales de cette réflexion et qui demeure donc fondamentalement un questionnement, un petit historique semble être nécessaire. Il faut en effet rappeler que bien avant sa promotion, le nouveau ministre de l’industrie avait marqué son opposition au processus usité pour le montage des véhicules en Algérie. Il prônait en contrepartie la mise en œuvre d’une véritable industrie mécanique. Pour ce faire, et une fois fraichement nommé, le ministre annonçait l’élaboration d’un nouveau cahier des charges à destination des constructeurs automobiles au travers duquel il exigerait une intégration de 30% sur l’ensemble de leurs produits. Ce cahier des spécifications était attendu pratiquement avec la loi de finance complémentaire (PLFC) soit aux environs du mois de juin.
Le projet de LFC vient d’être adopté par le conseil des ministres en attendant les deux chambres pour sa promulgation, mais cependant point de cahier des charges pour le lancement d’une véritable industrie automobile en Algérie. Mieux, nous apprenons qu’il est mis fin au montage des véhicules selon le procédé du reste justement incriminé, pour un retour aux importations sans quota des véhicules neufs à travers les concessionnaires. Ceci est justifié par le fait qu’il faut une préparation (3ans nous dit-on) pour promouvoir une certaine sous-traitance, appoint nécessaire à l’industrie automobile. Dans ce cadre, des mesures pour l’importation de matières premières de composants, sous-ensembles et ensembles viennent d’être adoptées.
Si pour l’industrie électronique et de l’électroménager l’approche préconisée peut être concevable partant que les produits de cette industrie, du moins pour ceux consommés en Algérie, la technologie est relativement basique, il en est tout autrement pour l’industrie automobile. Lorsque Renault et Peugeot se sont installés au Maroc, ils sont arrivés avec armes et bagages, autrement dit suivi par des équipementiers, véritables professionnels, équipés matériellement pour ce faire et armés d’un savoir-faire forgé et aiguisé par l’expérience. (Le chinois Citic Dicastal a investi 350 millions pour la fabrication de jante, Aetocar, Regal, Nanjing, Xiezhong, l’américain Nexteer, l’Italien Sogefir ou le Sud-coréen Hands corporation lui aussi pour la fabrication de jantes en aluminium dont les deux tiers de la production seraient destinés à l’exportation tout comme l’équipementier japonais Yazaki avec quatre usines, sont à pied d’œuvre au royaume. Globalement, il s’est ensuite formé autour du conglomérat automobile un tissu d’une centaine de petites entreprises locales ce qui n’est pas rien, croit-on savoir, qui seraient engagées dans le cadre de la sous-traitance. Les taux d’intégration visés par les deux constructeurs français en relations contractuelles avec l’État sont respectivement de 65 % à l’horizon 2023 pour Renault et 80 % pour Peugeot (60 % actuellement).
Il est donc clair que les équipementiers suivent les constructeurs, lorsque chez nous l’on préconise le contraire mettant la charrue devant les bœufs pour ne rien changer à nos habitudes et donc à nos échecs. Pour autant, il est à se demander qu’elles seraient les véritables motivations qui sous-tendraient le changement de stratégie dans l’approche du gouvernement sur ce dossier et les raisons probantes qui auraient conduit au déferrement du lancement du cahier des charges.
Pour autant, il est vrai que les deux constructeurs français étant solidement installé chez notre voisin de l’ouest ne pourraient, et pour des raisons économiques objectives qu’il n’y a pas lieu de détailler, oser se lancer dans le pari algérien. Du reste, le ministre algérien en charge du dossier estimait et sans les nommer, que l’Algérie ne pourrait compter sur plus de deux constructeurs pour entamer l’aventure de l’industrie automobile. Probablement des asiatiques, une aubaine pour des entrepreneurs qui auraient pu, si le projet était mené à terme en plus exclusivement du local, bénéficier de la proximité algérienne du marché européen et de l’accord d’association qui a toujours fonctionné à sens unique entre l’Algérie et cette même Europe pour grignoter à coup sûr des parts de marché dans le vieux continent.
Ceci étant, la conjoncture étant par ailleurs aujourd’hui extrêmement délicate du fait de la confrontation Sino-Américaine sur le champ de bataille de l’économie et de la pandémie du corona. Il y a lieu de noter que lorsque le président US relevait les taux de douanes des produits importés par son pays de Chine et ce bien avant la pandémie du covid 19, il ne visait pas moins qu’à faire quitter du pays du milieu les entreprises US et occidentales et imposer ce faisant une relocalisation à ces entités. Affaiblie économiquement, la Chine aurait été prête à subir ensuite d’autres formes de déstabilisations pour mettre genoux à terre. ‘‘Full spectrum dominance oblige’’.
Dans le même cadre, la firme Renault malade doit –elle mourir ? Le gouvernement français a décidé sa recapitalisation à hauteur de 5 milliards d’euros et somme par son ministre de l’économie, les deux constructeurs français à relocaliser en contrepartie de l’aide public, au moment où la firme malade, envisage plutôt quant à elle à procéder à la fermeture de sites de productions (3 ?) dans l’hexagone. Echec ou limite de la mondialisation mis à part, il y a lieu de convenir que la fragilité aujourd’hui de l’industrie automobile française d’une part et surtout son engagement au Maroc d’autre part ne pourraient lui permettre d’être partante dans l’aventure algérienne.
Les constructeurs français dans la tourmente verraient cependant d’un très mauvais œil une concurrence solide installée aux portes de l’Europe et ne pourraient accepter dans le vécu de leur marasme actuel de perdre leurs parts importantes du marché algérien ce qui mettrait à terme en péril leur survie. Pour la petite histoire, 110 000 véhicules invendus de Renault exposés aux intempéries sur des parkings en France attendent preneurs lorsque l’équipementier français Novares s’est constitué en redressement judiciaire du fait de l’arrêt de quelques 40 de ses usines dans le monde (Etats Unis et Chine entre autres) pour 12 000 emplois dont 1350 en France et 1,4 milliard de chiffre d’affaire.
Ce report du lancement du cahier des charges en question et ce retour à l’importation de véhicules sans quota, (3ans, plus qu’assez pour soigner les deux malades de l’industrie automobile française) au moment où tout est fait pour limiter les importations et préserver les réserves de change dans une conjoncture pétrolière autrement plus préoccupante, est venu nous remémorer l’affaire Alstom et du rôle extrêmement couteux et sans aucune contrepartie joué par l’Algérie dans la survie de cette entreprise. Ne souhaitant pas assister à un remake du procédé, les contribuables que nous sommes sont en droit de comprendre et demeurent en attente des explications de monsieur le ministre pour être rassurés et ceci à travers une conférence de presse dont nous espérons en être ses invités pour aller au fond des choses sans aucun tabou, dans la plénitude de la transparence.
A toutes fins utiles, rappelons qu’en profitant de la déconvenue des bourses mondiales, des fonds d’investissements arabes fond de grosses affaires à travers le monde en rachetant au rabais ou en entrant dans le capital des entreprises malades conjoncturellement du covid 19 en vue de les soigner à la thérapie dûment prouvée des pétrodollars et s’assurer ce faisant d’un redéploiement à l’international d’une part et d’un levier technologique pour la diversification économique locale d’autre part. Pragmatisme personnifié, les gars font vraiment du commerce, ils ne sont ni dans le lait ni dans la semoule ou la pomme de terre, et donc bien loin de l’approche purement financière de la récente LFC algérienne qui au sillage de toutes les précédentes, ne finit pas ce chemin de croix imposé au pays.
Si le retrait par ailleurs de la formule du 51/49 ne serait pas adossée à un plan directeur établi à partir d’une profonde réflexion sur les modalités d’une véritable relance économique dont nous ne voyons point les contours, ce retrait ne ferait qu’accélérer l’assèchement des réserves de change sans aucune plus-value pour le pays.
Par ailleurs ne voulant en aucune façon débattre techniquement du contenu du projet de constitution, partant de notre rejet global des conditions de son élaboration confié à une commission en usurpation du droit des Algériens, la contribuable algérienne que je suis questionne du point de vue politique la commission Laraba en vue de comprendre le pourquoi, le comment et beaucoup plus, l’opportunité de ce gigantesque et inimaginable article 95. Dans le temps (les seventeen), nous n’avons pas été au Biafra et récemment, nous n’avons pas pris part à la coalition engagée contre l’Irak (1991) comme nous ne sommes point, du moins aujourd’hui, engagés au Sahel, alors pourquoi aux premières années de ma vie serais-je amenée à imaginer mes jeunes frères, cousins et amis en particulier et les jeunes Algériens en général en opération en Centre Afrique, au Niger, au Mali, en Lybie etc… Très probablement moins pour des opérations de ‘‘maintien’’ de la paix que pour veiller à la préservation des intérêts des grandes puissances qui continuent à piller à ciel ouvert les peuples locaux sous l’égide de ces ‘‘machins’’ que sont l’ONU, l’UA et la Ligue Arabe.
Connaissant les modalités des élections en Algérie, la soumission de la décision de l’envoi des troupes à la majorité des deux tiers des parlements réunis ne constitue en aucune façon en elle-même une garantie ou un frein à toutes les dérives possibles. Loin s’en faut, surtout en ces moments, et il faut en convenir ou la grande fragilité économique, sociale et donc forcément politique de notre pays étant avérée rend toute souveraineté nationale précaire et notamment dans le contexte des tensions internationales actuelles.
Nous vous invitons messieurs les membres de la commission Laraba à écouter la déclaration du président français, présente sur les réseaux sociaux, et dont nous transcrivons ci-dessous une petite partie, pour vous sensibiliser sur la teneur de notre angoisse et de notre préoccupation sur un projet qui en plus de son illégitimité globale laisse transpirer cette fancealgérie rejetée aujourd’hui par l’ensemble des Algériens et des peuples d’Afrique.
‘‘J’attends d’eux (les dirigeants des pays du Sahel NDLR) qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaitent-ils notre présence ? Ont-ils besoins de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions. Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors même que l’ambiguïté persiste à l’égard du mouvement anti français. Je souhaite que nous puissions organiser une présence internationale plus forte et structurée au Sahel, une nouvelle coalition autour de nous (sic) en lien avec nos partenaires européens….’’
Si le ton est tout simplement impérial, cette intervention a, d’un autre côté, le mérite de nous éclairer sur le refus des populations du Sahel de la présence française qu’ils assimilent à une occupation contre laquelle ils luttent. La présence éventuelle de nos troupes dans ces contrées ou ailleurs sous cet inique et pseudo ordre mondiale serait un détournement des principes et idéaux de nos martyrs et une déconsidération ou hogra à l’égard du réveil de plus en plus visible des consciences des peuples du monde. L’Algérie, anciennement terre d’accueil des révolutionnaires des peuples en lutte pour leur indépendance possède un statut, un capital qu’elle ne cèdera pas.
D.DERHANE
Personnellement, toutes ses affaires gérées par l’état ne me réjouissent pas. C’est encore une façon de détourner de l’argent, de ruiner le pays et surtout de corrompre le peuple. Pour le moment ce peuple n’a pas besoin de gâteries ni de complaisances mais de droits et de libertés. Prenez vos voitures, vos cliques et vos claques et partez.
JE partage completement l’avis de Mr Chebbah L ETAT n a pas pour role d acheter ou de vendre , nous connaissons le sort de ceux qui ont acheté et vendu , la contradiction des interets au sommet a fini par les envoyer a el harrache et ce serait le meme sort pour les autres tant que l environnement de l ’emergence d une vraie economie n est pas mis en oeuvre! le probleme du pays est economique , aucun fou ne peut s aventurer a placer ses bijoux de famille dans un contexte ou la justice depend du systeme politique et la presse n est pas libre et les entreprises publiques economiques ne sont pas autonomes et peuvent etre mobilisées pour poluer la concurrence …il faut songer d aboir a creer les conditions necessaires qui permettent a la societe civile de s organiser et de prendre en main leurs destinées.. les associations et corporations professionnelles ont un role vitale dans la production de solutions du pays il faut les aider a « s’autonomiser » et a jouer leurs roles loin de toutes formes de ‘subordinations a des fins politiques » c est ca le probleme et on ne resoudra rien tant que cette equation n est pas close….
Personne ne semble s ‘offusquer de l absence d un marché financier a meme de « canaliser » et rendre transparents les flux des biens et services du pays…nous n avons meme pas une vraie bourse ou on peut observer et evaluer les fluctuations des 50 ou 60 capitaux marchands de l etat loin et de contribuer a renforcer les politiques de l epargne et du financement du developpement…..aussi nobles soient elles les decisions d importer ou de ne pas importer ne sont pas la solution car le cadre de realisation les expose a un environnement qui les detournera forcement des buts pour lesquels elles sont mises en oeuvre….
lire : le probleme du pays ……………..est politique….